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Le lendemain matin de son arrivée à Beijing, Bianbalamu, après avoir pris soin de bien mettre ses parures et costumes traditionnels de couleurs rose et vert, est partie en voiture avec d’autres membres d’ethnies minoritaires pour se rendre à la place Tian’anmen et assister à la cérémonie du lever du drapeau national.
A 6 heures du matin, la ville de Beijing attend encore les premières lueurs de l’aube. L’hymne national retentit sur la place, le drapeau national se lève doucement, et Bianbalamu n’arrive pas à dissimuler son émotion : « C’est la première fois que je viens voir le lever du drapeau national sur la place Tian’anmen ».
Cette année marquera la deuxième fois que Bianbalamu, directrice adjointe de l’Institut des études sur l’Asie du Sud relevant de l’Académie des Sciences sociales de la région autonome du Tibet, participe aux sessions annuelles de l’APN (Assemblée populaire nationale) et de la CCPPC (Conférence consultative politique du peuple chinois). Selon son expérience de 2018, cette sortie avant l’aube sera probablement le seul moment de détente pendant son séjour à Beijing.
En feuilletant les articles publiés l’année dernière sur les membres du Comité national de la 13e CCPPC originaires des ethnies minoritaires, nous voyons que Bianbalamu, qui a étudié le droit à l’université, a été l’objet de toutes les attentions de la part des médias, car elle répondait aux sujets d’actualité de manière explicite avec des points de vue originaux.
De son retour à l’hôtel, sans avoir le temps de se reposer, Bianbalamu a rapidement remis sa tenue formelle pour accepter une interview de China News Service. Elle a commencé par retracer son parcours scolaire.
En 1992, Bianbalamu, diplômée du lycée, a choisi de faire ses études supérieures à l’Université des Sciences politiques et juridiques du Sud-Ouest, à Chongqing. Elle a quitté Shigatsé, au Tibet, et a commencé à apprendre le droit. Après quatre ans d’études universitaires, elle est retournée au Tibet pour travailler à la Cour populaire de la région autonome. Plus tard, elle a été affectée à l’Académie des Sciences sociales pour faire des recherches sur le droit.
La diffusion des connaissances sur le droit dans les zones habitées par les minorités ethniques est une mission difficile, en particulier dans les régions de haute altitude et peu peuplées du Tibet. Bianbalamu admet en toute franchise que, même encore aujourd’hui, il existe des phénomènes de coexistence du droit moderne et du droit coutumier dans certaines régions reculées du Tibet, à cause des conditions naturelles et économiques.
Depuis le lancement de l’idée de gouvernement du Tibet en vertu de la loi, selon la stratégie établie par le gouvernement central pour la première fois en 2015, le Tibet s’est mis à généraliser la diffusion des connaissances sur la loi à différents niveaux, du gouvernement de la région autonome jusqu’aux collectivités locales de base. Grâce à ses recherches sur le terrain dans des zones pastorales, Bianbalamu a constaté que le mécanisme complémentaire de soutien est bien mis en place et que les collectivités locales de tous les échelons sont dotées de coordonnateurs judiciaires qui traitent les litiges civils en tenant compte de la loi et des us et coutumes régionaux.
En 1999, Bianbalamu, âgée de 24 ans, est partie poursuivre ses études à l’Université d’Oslo, en Norvège, devenant l’une des rares Tibétaines ayant eu la chance d’étudier à l’étranger à la fin des années 1990. Ces deux ans d’études et de séjour à l’étranger ont eu un vif impact sur sa vision du monde, ce qui lui a permis d’envisager les choses sous des angles plus larges.
En 2016, après la création de l’Institut des études sur l’Asie du Sud par l’Académie des Sciences sociales du Tibet, Bianbalamu a de nouveau changé de poste, et a fait face à un travail tout nouveau. Selon elle, le pays poursuit la réforme et l’ouverture et le Tibet devrait suivre cette tendance en accélérant également son ouverture sur l’extérieur. L’année dernière, au cours de la première session du Comité national de la 13e CCPPC, Bianbalamu a formulé une proposition sur la construction du Grand Passage d’Asie du Sud. A la session de cette année, elle soumettra une proposition en cherchant à aller au-delà de sa spécialité juridique, portant sur la construction de l’économie numérique au Tibet, domaine dans lequel aucune recherche n’a pratiquement été faite jusqu’ici.
Certains internautes ont posté des commentaires après la lecture des articles sur Bianbalamu, disant qu’il est pratiquement impossible d’associer son image si moderne avec celle qu’ils se font des Tibétaines. Cependant, Bianbalamu, qui est née et qui a grandi dans le Tibet occidental, en fait peu de cas.
« Je suis l’image d’une Tibétaine la plus ordinaire d’aujourd’hui », avoue-t-elle. Selon elle, les gens gardent une image trop cliché des femmes vivant sur le plateau, ce qui a beaucoup à voir avec la couverture unilatérale des médias. Les étiquettes du « rouge du plateau » et du « moulin à prières » collées sur les Tibétaines sont trop partielles.
L’année 2019 marque le 60e anniversaire de la réforme démocratique au Tibet. « Ces dernières décennies, les Tibétaines ont connu un changement considérable quant à leur position sociale, qui ne peut être mise sur le même plan qu’avant ». Bianbalamu cite un exemple : en tant que directrice de thèse de Master à temps partiel à la faculté de droit de l’Université du Tibet, elle n’a recruté que deux garçons en 2018, tous les autres élèves étant des filles. Avec la hausse du taux et du niveau d’instruction des femmes, le déséquilibre entre hommes et femmes dans de nombreux secteurs au Tibet sera assurément comblé à l’avenir.
Elle a ajouté qu’aujourd’hui, le Tibet maintient des échanges et des contacts plus fréquents avec l’intérieur du pays et le monde, et que la population tibétaine affiche une image plus riche et diversifiée.
Source:french.china.org.cn |