La Chine se concentre sur la stabilisation de la croissance dans un contexte de ralentissement

Une réunion des décideurs politiques chinois devrait faire de la stabilisation de la croissance économique la priorité absolue à l’ordre du jour en 2019, la deuxième plus grande économie du monde étant aujourd’hui confrontée à une pression à la baisse et au protectionnisme commercial.

Les dirigeants chinois qui participent à la Conférence centrale sur les travaux économiques cette année sont également susceptibles de tabler sur la confiance dans la résilience de l'économie, tout en réitérant leur engagement à poursuivre les réformes et l’ouverture au bon rythme, ont estimé des analystes chinois.

La conférence, qui réunit annuellement les plus hauts responsables du programme de politique économique pour l'année à venir, devrait se réunir dans les prochains jours à Beijing.

Les détails de cette réunion à huis clos ne sont pas disponibles pour l’heure, mais plusieurs signes suggèrent que la priorité sera donnée à une croissance économique nationale stable, tout en tenant compte des défis à l'étranger.

Le 13 décembre, une réunion du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, souvent considérée comme le prélude à la conférence, a conclu que la Chine devrait « faire des progrès tout en assurant une croissance stable » et maintenir la croissance à « un niveau raisonnable ».

Compte tenu de la pression à la baisse, « il n'est pas difficile de voir ce que sera la priorité absolue de la Chine l'année prochaine », a déclaré Li Daxiao, économiste en chef chez Yingda Securities à Shenzhen.

« Il est essentiel de maintenir une croissance stable avant de pouvoir régler d'autres problèmes », a déclaré M. Li au Global Times.

Le Bureau politique a identifié la semaine dernière six domaines nécessitant un suivi et un soutien: l'emploi, les finances, le commerce extérieur, les investissements étrangers, les investissements intérieurs et les attentes du marché.

« Je pense qu'il y aura des mesures ciblées de soutien l'année prochaine », a déclaré Liu Xuezhi, économiste à la Bank of Communications.

Pour relancer la croissance, Beijing devrait alléger les impôts des entreprises, apporter son soutien au secteur privé et investir davantage dans les infrastructures et d’autres projets, selon M. Liu.

La Chine pourrait adopter une politique budgétaire « plus active » pour soutenir les investissements et une politique monétaire « neutre à souple » pour garder des liquidités suffisantes au soutien de la croissance, ont déclaré des analystes.

Perspectives sombres

Au troisième trimestre 2018, la croissance a ralenti pour s'établir à 6,5 % en glissement annuel, son rythme le plus lent depuis le premier trimestre 2009, année marquée par la crise financière mondiale, selon les données du Bureau national des statistiques (BNS).

La croissance du PIB devrait atteindre l'objectif de 6,5 % cette année, mais la croissance de la consommation, des investissements en capital fixe et des échanges commerciaux, qui constituent les principaux moteurs de l'économie chinoise, a ralenti cette année.

La croissance des exportations, en particulier, a considérablement ralenti et pourrait faire face à une pression supplémentaire, du fait de l'incertitude qui règne dans la guerre tarifaire opposant la Chine aux États-Unis.

En novembre, les exportations chinoises ont augmenté de 10,2 % en glissement annuel, soit une baisse de 9,8 points par rapport au mois précédent, selon le BNS.

Compte tenu de ces défis, le gouvernement abaissera probablement son objectif de croissance pour 2019 à 6 %, estime M. Liu.

Outils flexibles

Les dirigeants ne se laissent pas aller au pessimisme au sujet du potentiel économique du pays, ni face aux critiques internationales visant les politiques économiques sur l'accès aux marchés et les pratiques commerciales.

Dans un discours prononcé mardi à l'occasion du 40e anniversaire de la réforme et de l'ouverture de la Chine, le président Xi Jinping a déclaré: « Personne n'est en mesure de dicter au peuple chinois ce qui devrait ou ne devrait pas être fait. »

« Nous réformerons de manière résolue ce qui doit et peut être réformé, et nous n’apporterons aucun changement là où il ne doit pas et ne peut y avoir de réforme », a souligné le président.

La confiance des autorités se fonde sur ce que les analystes décrivent comme une économie chinoise toujours résiliente, dotée des outils nécessaires pour soutenir la croissance et faire face aux risques externes.

« Oui, l'économie chinoise ralentit », a déclaré M. Li, « mais c'est toujours l'une des grandes économies à la croissance la plus rapide. »

« Et n'oublions pas que la Chine possède un vaste marché intérieur et des outils très flexibles dans ses politiques fiscales ou monétaires pour résoudre ces problèmes. »

Une croissance de 6 % dépasserait le rythme moyen de l'économie mondiale, qui devrait augmenter de 3,7 % en 2019 selon le FMI. La croissance des États-Unis devrait s’établir à 2,5 %.

M. Liu a conclu qu'il était préférable que la Chine maintienne sa croissance en se concentrant sur son marché intérieur, « afin de garder de plus de flexibilité pour faire face aux risques extérieurs tels que la guerre commerciale avec les États-Unis ».