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Du « printemps des sciences » à l’« âge d’or de l’innovation »

French.china.org.cn | Mis à jour le 17. 12. 2018 | Mots clés : la réforme et l’ouverture
Stand de la Chine au Pavillon national de la CIIE, le 6 novembre 2018


ZHANG YING*

Dans l’élan de la réforme et l’ouverture, les sciences et technologies ont joué en Chine un rôle à la fois pionnier et directeur. Depuis 40 ans, la Chine compose une fabuleuse histoire pleine de rebondissements : aujourd’hui, elle écrit un chapitre qui pourrait s’intituler « L’innovation, 1er moteur du développement » ; elle est passée d’une stratégie de revitalisation du pays, qui s’appuyait sur la science et l’éducation, et de renforcement du pays grâce aux talents, à une stratégie de développement axée sur l’innovation ; son projet est désormais d’édifier une puissance mondiale scientifique et technologique.

Au cours de ces quarante années, la Chine, pourtant partie de loin, a connu un « printemps des sciences » avant d’entrer aujourd’hui dans un « âge d’or de l’innovation ». Les mesures étatiques prises en faveur de l’innovation ont permis l’émergence d’un grand pays scientifique et technologique, et la profusion de belles inventions et découvertes ont bénéficié à tous les citoyens. Cette dynamique d’innovation scientifique et technologique permet d’accélérer la montée en puissance globale du pays et stimule la créativité de l’ensemble de la société. Ainsi, la Chine poursuit sa métamorphose catalysée par l’innovation.

Origine : l’entrée en scène de l’innovation technologique dans le développement

À la fin des années 1970, la communauté internationale traversait sa « troisième vague » de développement, une étape cruciale de son histoire ; de son côté, la Chine sortait tout juste de la Révolution culturelle et affichait beaucoup de retard. En 1978, une conférence scientifique nationale d’une ampleur sans précédent s’est tenue en Chine. Lors de la cérémonie d’ouverture, Deng Xiaoping a déclaré : « Moderniser les sciences et technologies est la clé pour réaliser les quatre modernisations [...] les sciences et technologies sont les forces productives. » Pour la première fois, un parallèle était établi entre la modernisation et l’essor des sciences et technologies. Les sciences et technologies sont ainsi devenues des acteurs clés du développement du pays, et un véritable « printemps des sciences » a vu le jour en Chine.

Peu à peu, l’État a pris des mesures pour faire des sciences et des technologies des forces motrices du processus de modernisation. Il a publié le Plan national pour le développement des sciences et des technologies (1978-1985) (projet), puis le Plan national pour le développement des sciences et des technologies (1986-2002) (projet). En outre, le Programme 863, la Fondation nationale des sciences naturelles de Chine (NSFC), le Programme « Flambeau » et le Programme 973 ont été lancés. Les ressources de l’innovation scientifique et technologique de l’ensemble de la société ont été pleinement mobilisées afin d’amorcer une transition des « technologies de simple application » aux « technologies avancées », de la recherche fondamentale à la R&D expérimentale.

Les réalisations ont été impressionnantes. Outre la multiplication des thèses et des découvertes, des technologies de pointe ont été conçues et des grandes questions d’ordre scientifique ont été traitées. Citons comme exemples : les superordinateurs de la série Yinhe, les commutateurs numériques automatisés, les vols spatiaux habités ou encore la centrale nucléaire de la baie de Daya.

L’écart entre la Chine et les pays avancés a commencé à se réduire. La qualité de vie des Chinois s’est nettement améliorée, grâce à des innovations telles que la téléphonie mobile 3G, le « super riz » hybride et de nouveaux médicaments produits grâce au génie génétique.

Au cours de cette période, une réforme du mécanisme de subventionnement des projets scientifiques et technologiques a chamboulé le milieu. Les scientifiques et techniciens ont été contraints de sortir de leur tour d’ivoire pour rejoindre le principal « champ de bataille », à savoir la construction économique du pays.

C’est à ce moment-là que des entreprises high-tech (Lenovo et Stone, par exemple) ont commencé à pousser comme des champignons à Zhongguancun, quartier de haute technologie et vecteur important de l’intégration scientifique et technologique. Bientôt, d’autres zones similaires ont été aménagées partout dans le pays, principalement à la jonction des villes et des campagnes. Lieux d’innovation et d’esprit d’entreprise où apparaissent de nouvelles méthodes organisationnelles et de nouveaux formats industriels, ces parcs sont rapidement devenus un moteur essentiel du développement urbain et régional.

Le parc de haute technologie de Zhangjiang à Shanghai a été aménagé sur la rive est de la rivière Huangpu, endroit dédaigné par les habitants. Dans le cadre de la stratégie « Focus sur Zhangjiang », des entreprises de nouvelles technologies et de biopharmaceutique s’y sont implantées, bientôt rejointes par des entreprises classées au Fortune 500, des centres de R&D relevant de grandes multinationales et des sièges régionaux... Le parc de Zhangjiang, centré sur Shanghai tout en étant ouvert au monde est rapidement devenu un modèle d’innovation technologique à Shanghai et sur tout le territoire chinois. Aujourd’hui, des miracles similaires à celui de Zhangjiang se produisent dans toute la Chine.

Le 13 octobre 2018, la finale du 4e Concours de l’innovation et de l’entrepreneuriat sur « Internet + » ouvert aux étudiants chinois s’est tenue à l’université de Xiamen.


Métamorphose : l’innovation comme clé de la montée en puissance globale du pays

Entre 2000 et 2010, la stratégie chinoise en matière d’innovation scientifique et technologique a évolué en un programme d’actions pour faire face à la crise financière mondiale qui a fait ses preuves.

L’entrée dans un nouveau siècle s’est accompagnée d’un développement fulgurant des sciences et des technologies dans le monde, avec l’émergence de l’économie du savoir, l’utilisation intensive du World Wide Web, l’essor du commerce électronique, la réduction considérable des cycles de fabrication et de commercialisation des réalisations scientifiques et technologiques… De plus en plus, le développement économique est devenu tributaire de l’innovation dans le domaine des hautes technologies.

En 1999, la première Conférence nationale sur l’innovation technologique en Chine nouvelle a été organisée, laquelle a défini « l’innovation et l’industrialisation » comme deux axes stratégiques. L’innovation a été intégrée à la coordination nationale du développement global scientifique et technologique. En 2006, la Chine a tenu sa première Conférence nationale sur l’innovation scientifique et technologique, à l’issue de laquelle a été publié le Programme national à moyen et long terme pour le développement de la science et de la technologie (2006-2020).

La Chine est donc arrivée à une nouvelle étape, dans laquelle le gouvernement oriente le potentiel d’innovation de toute la société en définissant des actions concrètes. Dès lors, améliorer la capacité d’innovation indépendante et construire un pays innovant sont devenus les objectifs centraux de la stratégie de développement national ainsi que les solutions pour soutenir la montée en puissance globale du pays.

Depuis la crise financière internationale survenue en 2008, la stratégie axée sur l’innovation technologique mise en place par la Chine s’est révélée probante. En 2009, le gouvernement chinois a mis en œuvre l’Avis sur la promotion du développement stable et rapide de l’économie par le biais des sciences et technologies qui préconise, entre autres : la mise en œuvre d’un certain nombre de projets scientifiques et technologiques majeurs afin d’accélérer la mise sur le marché de produits compétitifs ; la modernisation industrielle, soutenue par les sciences et la technologie ; l’amélioration des capacités d’innovation indépendante des entreprises grâce à l’innovation technologique ; la formation accélérée de grappes industrielles high-tech en faisant jouer aux parcs nationaux de haute technologie leur rôle à la fois concentrateur et moteur ; la valorisation des compétences exceptionnelles des scientifiques et techniciens.

Le gouvernement chinois a soutenu la recherche, le développement et la diffusion de 45 technologies ainsi que la mise à niveau d’industries clés comme l’acier et la pétrochimie. En octobre 2009, un premier groupe de 28 sociétés autorisées à entrer en bourse ont été cotées à la GEM, ouvrant un nouveau canal de financement à de nombreuses petites et moyennes entreprises technologiques.

Ainsi, en dépit de la crise financière internationale, la Chine a maintenu un taux de croissance économique relativement élevé, devenant un moteur de la reprise économique mondiale.

Au cours de cette période, la Chine a réalisé des progrès scientifiques et technologiques majeurs, dans le champ notamment des nanotechnologies (nanotubes de carbone, par exemple) et de leurs applications, de la biologie structurale des protéines, des missions de forage à visée scientifique, du clonage par transfert de noyau d’une cellule somatique, des vols spatiaux habités, de l’exploration lunaire, de la plongée en sous-marin habité et de la construction de lignes de TGV. En outre, des parcs de haute technologie, des pépinières d’entreprises, des grappes industrielles innovantes ont vu le jour...

Le pays a été profondément transformé. En 2010, moins de 10 millions d’habitants étaient considérés comme pauvres, d’après le seuil de pauvreté chinois. En mettant l’accent sur l’innovation technologique, la Chine est parvenue à changer le cours de son histoire de façon spectaculaire.

Construction et perspectives : vers une nouvelle ère de développement de haute qualité

La crise financière mondiale a annoncé l’arrivée d’une nouvelle ère. Début 2012, sous l’effet de la crise, la reprise économique mondiale a ralenti. Pourtant, au même moment, des avancées notables ont eu lieu dans certains domaines scientifiques et technologiques importants. Ainsi, le monde s’apprêtait à entrer dans une ère où l’innovation scientifique et technologique serait de plus en plus intégrée au développement des industries émergentes et hautement innovantes. La stratégie chinoise en faveur du développement et de l’innovation scientifique et technologique a accéléré l’avènement de cette nouvelle ère.

À l’automne 2012, le XVIIIe Congrès du Parti communiste chinois (PCC) a proposé la mise en œuvre d’une stratégie de développement axée sur l’innovation à l’échelle du pays, plaçant pour la première fois l’innovation, en particulier scientifique et technologique, au cœur du développement de la Chine. À cette occasion, la Chine a annoncé au monde son ambition de convertir son modèle de croissance nationale en un modèle de croissance tirée par l’innovation.

Pour ce faire, la Chine a accéléré la coordination des mécanismes de développement et d’innovation technologiques, notamment en approfondissant la réforme et en renforçant la conception globale. Après cinq ans de réflexions théoriques et d’essais pratiques, en 2017, le secrétaire général Xi Jinping a déclaré lors du XIXe Congrès du PCC que l’innovation était le premier moteur du développement. Depuis, la Chine accélère l’application de la stratégie de développement axée sur l’innovation : elle promeut l’innovation scientifique et technologique pour favoriser la construction d’un système économique moderne et réaliser un développement de haute qualité. La Chine est aujourd’hui un pays prospère affichant un développement de haute qualité porté par l’innovation.

« L’innovation est le premier moteur du développement. » S’inscrivant dans la continuité du constat selon lequel « les sciences et technologies sont les principales forces productives », ce nouveau concept constitue une solution et une sagesse chinoises et contribue au monde entier.

Une série de réformes liées à ce concept stratégique ont été avancées : réforme du système scientifique et technologique, réforme de la gestion des programmes scientifiques et technologiques ou encore réforme du financement des projets de recherche scientifique. Par ailleurs, un programme relatif à la stratégie de développement national axé sur l’innovation a été publié et mis en œuvre. Ce texte prévoit de suivre une stratégie en trois étapes à l’horizon 2050 : poursuivre les initiatives visant à remplacer les anciens facteurs de croissance par les nouveaux, résoudre les problèmes posés par le développement, progresser dans la construction d’un pays innovant et d’une puissance scientifique et technologique mondiale.

Dans ce nouvel « âge d’or de l’innovation », la capacité globale de la Chine à innover dans les domaines scientifiques et technologiques s’est considérablement améliorée. Elle est devenue le deuxième pays investisseur et le deuxième pays producteur en matière de R&D, se positionnant ainsi parmi les chefs de file de l’innovation. La Chine est à une nouvelle étape historique, où abondent les innovations scientifiques et technologiques majeures, notamment : le radiotélescope Tianyan, les vaisseaux spatiaux Shenzhou, le satellite de communication quantique Mozi, le système de navigation par satellites Beidou... En outre, la population a connu une nette amélioration de ses conditions de vie grâce à des prouesses scientifiques telles que l’appareil IRM à bobine supraconductrice 3T, le tout premier vaccin génétiquement modifié contre le virus Ébola ou encore, les nouveaux médicaments antitumoraux à base de lapatinid.

Parallèlement, Beijing et Shanghai hâtent la construction de centres d’innovation scientifique et technologique de rayonnement mondial. Dans la Ceinture économique du fleuve Yangtsé, la modernisation et le développement innovant s’accélèrent. Les zones nationales pilotes en matière d’innovation indépendante et les parcs de haute technologie sont devenus les principaux moteurs du développement régional innovant et de la modernisation industrielle. Le quartier Zhongguancun de Beijing et la zone expérimentale du Big Data dans la province du Guizhou ont entrepris une coopération approfondie. En bref, l’innovation transforme le visage du développement régional.

De surcroît, l’innovation technologique a pour effet d’amplifier l’entrepreneuriat. Fin 2017, le pays comptabilisait plus de 5 500 espaces de création et plus de 4 000 incubateurs d’entreprises technologiques. Les nouvelles technologies et industries contribuent de plus en plus à la croissance, au point qu’une configuration économique innovante commence à prendre forme.

Actuellement, la Chine connaît une vague sans précédent de retour de ses étudiants partis à l’étranger. Avec les initiatives d’innovation technologique dans le cadre de « la Ceinture et la Route », les partenariats scientifiques et technologiques ou encore les projets scientifiques internationaux, la Chine tisse activement un réseau d’innovation intégré d’ampleur mondiale.

D’après un sondage mené auprès de jeunes originaires de 20 pays différents, le TGV, les achats en ligne, Alipay et les vélos en libre-service sont vus par les étrangers comme « les quatre inventions majeures » apparues récemment en Chine. La Chine continue de composer son histoire, avec l’innovation comme fil directeur.

En conclusion, l’innovation participe au renouveau de la nation chinoise. Dans ce contexte, le monde regarde de plus en plus vers l’Orient et cela deviendrait presque une habitude… 

*ZHANG YING est chercheuse au ministère chinois des Sciences et des Technologies, docteur en droit et chercheuse postdoctorale en sciences économiques.

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Source:La Chine au Présent