Rodrigo Duterte a appelé à ne pas créer de frictions en mer de Chine méridionale

Le sommet de l'ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-est) de cette année s'est achevé jeudi à Singapour, avec les dirigeants des principaux partenaires de l'association, à savoir la Chine, la Russie et le Japon, qui ont mis en avant la coopération commerciale régionale.

Le Premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré jeudi que la Chine espérait que les négociations sur le Partenariat économique régional global (RCEP) et sur la zone de libre-échange Chine-Japon-Corée du Sud se poursuivraient de manière parallèle et équilibrée.

Il a tenu ces propos à l’occasion du 21e sommet de l'ASEAN+3, organisé en complément du 33e sommet de l'ASEAN tenu à Singapour.

Evoquant la montée du protectionnisme commercial, M. Li a déclaré que la Chine, la Corée du Sud, le Japon et les Etats membres de l'ASEAN devraient travailler ensemble pour maintenir le multilatéralisme et le libre-échange.

M. Li a ajouté que « nous (tous les participants au sommet) devrions créer un environnement juridique stable et libre qui contribuera au développement régional et garantira la stabilité régionale ».

Le Premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong, a déclaré mercredi lors du deuxième sommet sur le RCEP que les négociations en vue de créer un partenariat économique régional avaient bien progressé cette année, ajoutant qu'un accord devrait être finalisé l'année prochaine.

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying a fait savoir jeudi lors d'une conférence de presse que le RCEP profiterait au multilatéralisme et au libre-échange et promouvrait avec vigueur la croissance économique régionale et la mondialisation. Elle a ainsi exhorté les pays impliqués à achever les négociations en 2019.

Le RCEP, un projet d'accord de libre-échange entre les 10 Etats membres de l'ASEAN et six de leurs partenaires (Chine, Japon, Corée du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande et Inde) devrait être l'un des plus importants blocs commerciaux du monde, représentant 45% de la population mondiale, 40% du commerce mondial et 1/3 du PIB mondial, selon l’agence de presse Xinhua.

« La visite de M. Li a permis de consolider les relations bilatérales et multilatérales entre la Chine, Singapour et l'ASEAN », a affirmé jeudi au Global Times Gu Xiaosong, expert en études sur l’Asie du Sud-Est à l'Académie des sciences sociales du Guangxi.

Liu Feng, analyste sur les questions relatives à la mer de Chine méridionale basé à Hainan, a indiqué au Global Times que le sommet de l'ASEAN était d'importance mondiale car l'Asie du Sud-Est jouit d'une situation géographique importante, et la région a récemment enregistré de bonnes performances économiques ainsi que de nouvelles opportunités de développement.

M. Liu a noté que, compte tenu des frictions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, se concentrer sur la coopération régionale constituait un bon rempart contre l'influence américaine.

Selon lui, la Chine et l'ASEAN peuvent s'attendre à une coopération accrue en matière de sécurité régionale, de commerce, de santé, d'éducation et de culture.

Le 34e sommet de l'ASEAN se tiendra en Thaïlande en avril ou mai 2019.

Négociations sur le COC

« Nous avons tenu un échange constructif sur la question de la mer de Chine méridionale », a fait savoir le Premier ministre singapourien lors d'une conférence de presse tenue jeudi à l'issue de la cérémonie de clôture du sommet.

Le Premier ministre chinois Li Keqiang a réaffirmé que la Chine travaillerait avec les membres de l'ASEAN pour conclure les négociations sur le Code de conduite en mer de Chine méridionale (COC, pour Code of conduct) d'ici trois ans.

Selon l'analyste Liu Feng, « la Chine est sincère concernant la question de la mer de Chine méridionale », ajoutant que la Chine a un calendrier et un plan de négociation pour le COC.

« Un calendrier clair apportera de la confiance et de la faisabilité dans les négociations sur le COC, ce qui pourrait jouer un rôle clé pour la stabilité en mer de Chine méridionale », a déclaré Gu Xiaosong.

Le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a également donné des conseils judicieux sur la question de la mer de Chine méridionale. Il a noté que « la question de la mer d Chine méridionale est entre les mains de la Chine. Alors pourquoi voudriez-vous créer des frictions? », a-t-il déclaré jeudi face aux journalistes avant le sommet ASEAN-Etats-Unis.

Des experts chinois ont fait écho à ce point de vue. « La Chine est devenue le plus important protecteur et constructeur en mer de Chine méridionale. (...) Les pays extérieurs à la région devraient cesser d'essayer de provoquer des problèmes », a déclaré jeudi M. Liu au Global Times.