Le Palais impérial de Shenyang, le meilleur endroit pour retracer les débuts de la dynastie Qing

À la sortie du Palais impérial de Shenyang, on voit deux portiques commémoratifs, et une haute tour moderne se dégage derrière l’arche. En quelques pas, on passe des profondeurs du palais des Qing aux lumières de la ville moderne éclairant une foule animée, deux moments historiques sous un même ciel, séparés par une enceinte rouge.

« Avez-vous vu la série télévisée Le Palais Yanxi? Il faut suivre l’exemple de l’impératrice Xiaoyichun ». Cette série qui reprend la vie des dames de Cour durant le règne de l’empereur Qianlong, grand succès de l’année, est sur toutes les lèvres.

Les péripéties de l’époque des Qing sont en vogue depuis le tournant du siècle. De nombreux films et programmes télévisés leur sont consacrés. Certains disent que tout est parti du livre Yi ge wangchao de beiying (Les dessous d’une dynastie) de Yu Qiuyu, qui a suscité un fort intérêt pour cette période grâce à sa perspective et son style uniques.

La dynastie Qing, la dernière grande dynastie féodale de la Chine unifiée est née en 1636 en choisissant le nom impérial de « Grande pureté » (Daqing). Elle a régné 276 ans d’une époque marquée par de grandes vicissitudes.

Ce long règne évoque bien sûr la Cité interdite de Beijing, mais on aurait tort d’oublier le lieu où tout a commencé: le Palais impérial de Shenyang, lieu de naissance de la dynastie.

Un poème de l’empereur Jiaqing (1796-1820) évoque le palais en ces termes: « Au commencement se trouvaient dix pavillons. Les huit bannières nobles mandchoues se sont réunies sous la bannière jaune. »

En 1625, le premier empereur de la dynastie, Nurhachi, décide d’établir sa capitale à Shenyang. À sa mort l’année suivante, son fils Huang-Taiji monte sur le trône, baptise la dynastie Qing et fait ériger le palais. Lorsque la dynastie s’installe à Beijing en 1644, Shenyang devient capitale secondaire.

La structure architecturale du palais n'a pas changé. Situé en plein cœur de la ville, le palais est aujourd’hui entouré de hauts bâtiments. C’est l’un des deux grands palais restants en Chine. Il couvre une superficie de plus de 60 000 mètres carrés et compte plus de 100 pavillons, dont plus de 500 pièces sont bien conservées. Selon les locaux, la disposition des pièces, notamment les résidences des concubines impériales, n’a absolument pas changé. Le style architectural du palais présente de fortes caractéristiques manchoues et le style typique du nord-est de la Chine.

Durant un voyage à Shenyang, il ne faut pas manquer de voir le palais au crépuscule, disparaissant peu à peu avec les derniers rayons de soleil.

Peut-être pour des raisons de protection, les pavillons ne sont pas éclairés. Les bâtiments resplendissants de la journée prennent des formes fantomatiques. Sous le ciel nocturne de la ville, l’empreinte profonde et mystérieuse du palais reste pourtant bien visible.

Le lieu du commencement de la dynastie Qing ne saurait dévoiler tous ses secrets en un instant. De la haute tour du Phénix, les histoires longtemps tues semblent sur le point d’être racontées à tout moment. Certains disent que la hauteur de ce bâtiment dans le quartier de résidence des femmes du palais reflétait le statut de celles-ci. En réalité, cela vient des habitudes des Jürchen, les ancêtres des Mandchous, qui étaient habitués à la vie dans les montagnes et aux stratégies de défense pendant les périodes de guerre. Ces structures servaient de tours de guet au sein des habitations, un schéma architectural unique dans l’histoire des palais chinois. Avec ses trois étages, la tour était le plus haut bâtiment de la ville, et c'était également le lieu où les gens de pouvoir se réunissaient à l’occasion de banquets.