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Le Sommet de Johannesburg du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) en décembre 2015 avait marqué un tournant décisif dans les relations entre la Chine et le continent africain. La Chine s’était résolument engagée dans une remise à niveau sans précédent en annonçant le lancement de 10 grands projets de coopération. L’objectif était d’aider les pays africains à surmonter trois problèmes majeurs de développement en termes d’infrastructures, de capitaux et de ressources humaines, mais aussi d’accélérer l'industrialisation et la modernisation de l'agriculture pour un développement autonome et durable. Le président chinois Xi Jinping avait d’ailleurs annoncé la mise en place d’une enveloppe financière de 60 milliards de dollars, avec 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiels, ainsi qu’une série de programmes d’aide.
Moins de trois années plus tard, et à la veille du Sommet du FOCAC de Beijing qui se déroulera les 3 et 4 septembre, le bilan est largement positif et les attentes sont de plus en plus grandes.
Une dynamique qui s’amplifie
La dynamique enclenchée à Johannesburg s’amplifie grâce aux initiatives auxquelles la Chine et l’Afrique participent, notamment l’initiative de « La Ceinture et la Route » et le partenariat des BRICS.
L’initiative de « La Ceinture et la Route », proposée en 2013 par le président Xi Jinping et qui vise à faciliter et accroître les échanges entre la Chine et les pays participants, est une aubaine d’une ampleur inédite pour l’Afrique. Elle porte déjà ses fruits en Ethiopie, au Kenya et en Afrique du Sud, et s’étend rapidement sur le reste du continent, apportant développement et prospérité via la construction d’infrastructures, mais aussi l’accroissement de la coopération et des partenariats tous azimuts.
Le groupe des BRICS (qui regroupe Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) sert aussi de plateforme pour le développement du continent africain. Lors de sa participation au Sommet des BRICS à Johannesburg au mois de juillet, le président chinois avait déjà souligné le rôle que pouvait jouer les BRICS dans la coopération Sud-Sud, notamment entre les économies émergentes et l’Afrique dans le cadre du partenariat « BRICS plus ».
Par ses initiatives et son action, la Chine reste au centre du développement de l’Afrique, comme le prouve sa volonté de contribuer activement à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, un plan pour la transformation structurelle de l’Afrique. La Chine est d’ailleurs le principal partenaire commercial du continent depuis neuf années consécutives. Au cours du premier semestre 2018, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique a atteint 98,8 milliards de dollars, en hausse de 16 % par rapport au premier semestre 2017, selon le ministère chinois du Commerce.
Ainsi, la coopération et le partenariat entre la Chine et l’Afrique se ressentent partout, selon les termes même de Dolana Msimang, ambassadrice d’Afrique du Sud en Chine. Tous les domaines sont en effet concernés pour aider les pays africains à trouver leur propre voie de développement en leur fournissant les bases nécessaires, qu’elles soient matérielles, financières ou humaines. Qian Keming, vice-ministre chinois du Commerce, se réjouit d’ailleurs de ces avancées, précisant lors d’une conférence de presse récente que les 10 projets proposés à Johannesburg en 2015 avaient été entièrement mis en œuvre et que certains avaient même obtenu des résultats au-delà des attentes.
Un élargissement du cadre de coopération stratégique
Si le potentiel est présent et les résultats probants, la situation internationale peut accélérer et amplifier davantage le partenariat sino-africain. Avec la montée du protectionnisme et des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, l’Afrique peut et doit occuper la place qui lui revient dans les échanges internationaux tout en permettant à la Chine de diversifier ses sources d’approvisionnements.
Le repli sur soi des Etats-Unis depuis l’élection de Donald Trump offre aux pays africains des opportunités nouvelles en leur ouvrant des marchés jusqu’à présent difficilement accessibles, leur permettant de renforcer leur compétitivité dans les secteurs traditionnels de la transformation, mais aussi d’explorer de nouveaux secteurs à forte valeur ajoutée.
Pour bénéficier au mieux de tous ces avantages et être mieux armés face à la concurrence internationale, le secteur privé est essentiel. D’abord pour rendre possible un décollage économique durable sur la base d’une économie de marché mondialisée; ensuite, pour favoriser une meilleure allocation des ressources matérielles, technologiques, financières et humaines; et enfin, pour permettre aux pays africains de développer des secteurs d’activité concurrentiels afin de garantir leur autonomie.
Les parcs industriels sont une première étape. Ils sont de plus en plus considérés comme un modèle important pour attirer les investissements et promouvoir l'industrialisation, aidant d’un côté les entreprises privées chinoises à prendre pied sur le continent, et de l’autre, faisant profiter les pays africains du savoir-faire et des technologies chinoises. Au-delà des parcs industriels, la dynamique de coopération doit aller encore plus loin dans le secteur privé. Pour cela, les pays africains et la Chine doivent aussi fournir aux entreprises chinoises les garanties nécessaires pour réduire certains risques et renforcer les dispositifs réglementaires. Des initiatives dans ce domaine sont donc attendues.
Si la coopération et le partenariat traditionnels doivent poursuivre sur la lancée initiée au Sommet du FOCAC de Johannesburg, le Sommet de Beijing promet des surprises et les propositions du président Xi Jinping devraient à la fois cimenter le cadre du partenariat stratégique global Chine-Afrique, mais aussi l’élargir en tenant compte des changements stratégiques et géopolitiques de notre époque.
Par Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)
Source:french.china.org.cn |