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Les officiels australiens doivent modifier leur rhétorique hostile pour attirer les investissements chinois

French.china.org.cn | Mis à jour le 14. 06. 2018 | Mots clés : australiens ,investissements chinois

L’Australie devrait réajuster sa position antichinoise et montrer de la sincérité dans sa coopération avec les entreprises de Chine, ont indiqué mercredi des experts, alors que les données montrent des signes de refroidissement dans les liens économiques entre les deux pays.

La situation pourrait avoir des implications pour l’entreprise CK Infrastructure, basée à Hong Kong et spécialisée dans le secteur des investissements et de l’énergie, qui a lancé une opération de rachat à 13 milliards de dollars (11 milliards d’euros) de l’opérateur du réseau de gaz australien APA. 

Le comité de direction d’APA est en train d’évaluer cette offre, mais d’après les analystes du marché, CK Infrastructure pourrait faire face à certaines incertitudes dans l’obtention de l’approbation réglementaire locale de cette offre, étant donné le renforcement des tensions politiques entre les deux pays depuis le mois de décembre dernier.

La détérioration des relations a également déclenché quelques inquiétudes chez les investisseurs chinois sur les perspectives de faire des affaires en Australie. 

« J’ai ressenti les effets de la dégradation des relations sino-australiennes l’année dernière. Désormais, certains de nos fournisseurs locaux ne sont plus prêts à coopérer avec nous, car ils ont formé une perception biaisée basée sur des rapports médiatiques australiens inexacts », explique Mme Shi, une femme d’une trentaine d’année gérant un magasin de vêtements dans l’Etat australien de Nouvelle-Galles du Sud.

Un rapport publié mardi par KPMG et l’université de Sydney montre que les investissements chinois en Australie ont diminué de 11 % en 2017, pour atteindre les 10,3 milliards de dollars. Par ailleurs, les investissements des entreprises d’Etat ont diminué pour la première fois depuis 2004.

L’opinion des investisseurs chinois s’est également modifiée, avec 70 % des personnes interrogées indiquant que « les tensions politiques ont rendu les entreprises chinoises plus prudentes vis-à-vis des investissements en Australie ». Seules 35 % des entreprises interrogées ont indiqué qu’elles se sentaient les bienvenues en Australie, contre 52 % en 2014. 

Une tendance à la baisse

« Tant que la rupture politique entre la Chine et l’Australie persistera, les entreprises chinoises seront méfiantes à l’égard des investissements en Australie, du fait des incertitudes sur les politiques et l’environnement local des affaires », explique Han Feng, professeur et directeur général adjoint de l’Institut national de stratégie internationale de l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC).

Au mois de janvier, le gouvernement australien a durci les règles sur les investissements étrangers dans les infrastructures électriques et les terrains agricoles, évoquant des inquiétudes sur l’influence chinoise grandissante dans la société et les activités australiennes, avait alors indiqué le Financial Times. 

Nick Coyle, le président et directeur exécutif de la Chambre de commerce sino-australienne, affirme cependant que l’Australie continue d’offrir un environnement réglementaire fort et stable pour les capitaux chinois. 

Yu Lei, un chercheur de l’université Sun Yat-sen dans la province méridionale chinoise de Guangdong, met en garde l’Australie sur l’importance de cet enjeu, alors que le pays est dans une période de transition économique et a un besoin urgent d’investissements étrangers.

Depuis 2013, la Chine est la source la plus importante en investissements directs étrangers (IDE) pour l’Australie. Pour l’année financière qui s’est terminée le 30 juin 2017, les IDE chinois dans le pays ont atteint les 38,9 milliards de dollars, selon les données du Bureau australien chargé de vérifier les investissements étrangers. 

« Si les investisseurs chinois se retirent, les canaux de financement pour les projets locaux d’infrastructures seront limités », note le chercheur. 

Le gouvernement australien a demandé à la Chine d’approuver une visite du ministre des Affaires étrangères Julie Bishop, un signe que la partie australienne souhaite améliorer les relations bilatérales. 

Pour Yu Lei, la seule façon de réparer cette relation est que les officiels australiens modifient leur rhétorique hostile à la Chine et développent une « politique extérieure plus indépendante et équilibrée », basée sur les propres intérêts de l’Australie. 

« Il existe de nombreux terrains sur lesquels la Chine et l’Australie pourraient coopérer, car les économies des deux pays sont complémentaires… mais seulement si l’Australie fait preuve d’une réelle sincérité », explique Han Feng. 

D’après Nick Coyle, l’Australie possède des entreprises de haute qualité avec des forces spécifiques dans des domaines compatibles avec la Chine, comme les infrastructures, le tourisme, l’éducation, l’énergie, l’agriculture et l’extraction de minerais.

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Source:french.china.org.cn