Les progrès de l’initiative Made in China 2025

L’initiative Made in China 2025 a réalisé de nouveaux progrès au cours du premier trimestre, même si la modernisation du secteur manufacturier de Chine affronte des obstacles engendrés par des changements politiques dans les principales économies développées, a déclaré mercredi Chen Yin, un porte-parole du ministère chinois de l’Industrie et des technologies de l’information (MITI).

Le travail sur les zones nationales de démonstration progresse et le pays a enregistré un développement rapide dans les circuits intégrés, les robots industriels, les véhicules à énergies nouvelles (VEN) et les nouveaux matériaux, a-t-il précisé.

Le ministère a aidé à développer des centres de production manufacturière innovante au niveau national, dont cinq ont été établis jusqu’à présent, dédiés aux batteries, à la transformation additive, à l’optoélectronique de l’information, à l’impression et aux écrans flexibles, ainsi qu’à la robotique.

« Par ailleurs, près de 60 centres de ce genre au niveau provincial ont commencé à prendre forme à travers le pays », a souligné Chen Yin.

Cependant, le porte-parole note que le processus de modernisation et de transfert vers une croissance de haute qualité doit faire face à un certain nombre d’obstacles, étant donné les changements de politique économique dans certains pays développés majeurs et les tensions croissantes dans le commerce mondial.

Des progrès rapides

Zhang Yue, un analyste de l’entreprise d’étude de marché IDC, estime que la Chine a enregistré de nouveaux progrès dans l’Internet industriel au cours du premier trimestre.

Le concept d’Internet industriel fut pour la première fois utilisé par le conglomérat américain General Electric (GE), mais après plusieurs années de préparation, certaines entreprises chinoises - comme Sany Heavy Industry - sont de plus en plus mûres à cet égard.

« D’ici à 2020, la Chine devrait voir un grand nombre d’entreprises manufacturières commencer à maîtriser le pouvoir de l’Internet et certains fabricants de machines lourdes ou d’équipements de grande valeur verront leur modèle commercial passer de la vente d’équipements à la vente de services basés sur les données, comme la maintenance prédictive et les services financiers », affirme Zhang Yue.

Pour Rajiv Biswas, économiste en chef pour la région Asie-Pacifique chez IHS Markit, l’initiative Made in China 2025 a jusqu’à présent enregistré un grand succès, générant une croissance rapide de la productivité pour les secteurs des nouvelles technologies et aidant la Chine à devenir un leader mondial dans la production de VEN.

« Face aux leaders mondiaux, certaines multinationales chinoises, comme BYD et CATL, sont prêtes à développer de nouvelles batteries électriques », explique-t-il.

Selon lui, la levée des restrictions sur les investissements étrangers dans les VEN « aidera à créer un marché innovant et concurrentiel pour le développement rapide des technologies des VEN, mais aussi à mettre en place un pôle majeur pour le développement de la technologie des batteries ».

Chen Yin considère cependant qu’il subsiste encore un écart entre les entreprises chinoises et étrangères en matière de conception et de production des puces électroniques. Ce commentaire fait écho à la décision américaine de suspendre l’approvisionnement en puces électroniques du fabricant chinois d’équipements de télécommunications ZTE, qui menace les activités et la survie de cette entreprise.

Pour Zhang Yue, les Etats-Unis pourraient être inquiets de la vitesse des avancées technologiques fondamentales réalisées par la Chine, comme avec l’avion de ligne C919. L’incident avec ZTE souligne l’importance de développer les technologies fondamentales au niveau national.

Cependant, les mesures prises par les pays développés de mettre en place des droits de douane élevés sur les importations intermédiaires clés depuis la Chine, pourraient se révéler être une aubaine pour les fabricants chinois.

« Supposons que ces droits de douane engendrent une hausse rapide des coûts pour les fabricants chinois, les entreprises chinoises devraient alors chercher un moyen de réduire drastiquement leurs coûts, probablement en employant davantage l’automatisation avec les robots industriels ou en renforçant la R&D sur les composants essentiels », argüe Zhang Yue.