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Le village de Xixinzhuang : un exemple de redressement rural

French.china.org.cn | Mis à jour le 18. 04. 2018 | Mots clés : Xixinzhuang
Le village de Xixinzhuang

Il s’exprime dans un dialecte du Henan impeccable et affiche un sourire timide. Li Liancheng, secrétaire de la cellule du Parti du village de Xixinzhuang de la province du Henan, est issu d’un milieu paysan, mais il a été élu député à l’APN, et il a beaucoup à dire au sujet du développement économique des campagnes et du redressement rural.

Âgé de 67 ans, Li Liancheng occupe son poste depuis 27 ans. Il a sa propre définition du redressement rural : « Le redressement rural, qu’est-ce que c’est ? À mon avis, c’est quand les villageois ont accès aux mêmes ressources que les citadins. Par exemple, les citadins habitent dans des bâtiments modernes, ils ont accès à de bonnes écoles, à de grands hôpitaux et bénéficient du plein-emploi. Si les villageois avaient accès aux mêmes ressources, le redressement rural serait réalisé. »

Li Liancheng a une bonne connaissance de la stratégie de redressement des régions rurales qui a été développée dans le rapport du XIXe Congrès du PCC et des propositions d’application qui apparaissent dans le Document n°1 publié par le Comité central du PCC et le Conseil des affaires d’État en 2018, une politique qui a été par ailleurs mentionnée dans le rapport d’activité du gouvernement de cette année. Li Liancheng a développé sa propre compréhension de cette politique « Ce sont d’importantes décisions nationales adaptées aux exigences du développement rural ». Pour ce député à l’APN originaire d’un village, le principal défi est de savoir comment appliquer concrètement la stratégie de redressement dans les campagnes. Le développement de son village est un exemple à petite échelle de ce qu’est le redressement rural en Chine.

La Place de la nouvelle époque

De la pauvreté à l’aisance moyenne

Le village de Xixinzhuang se trouve dans le sud du district de Puyang dans la province du Henan. C’était autrefois un petit village reculé et les habitants vivaient de la fabrication du sel.

En 1991, à l’âge de 40 ans, Li Liancheng est élu secrétaire de la cellule du Parti du village, parce qu’il est le seul habitant de son village à avoir fait fortune et il est admiré pour sa capacité de travail et son sens du commerce. « En 1983, avec l’exploitation du champ pétrolier de Zhongyuan, j’ai bien compris que l’État désirait stimuler le développement économique intérieur et extérieur », a indiqué M. Li. Il fit alors construire trois serres plastiques pour la culture maraîchère et employa un technicien dont la rémunération était de 10 000 yuans par an. À cette époque-là, cela représentait une grosse somme d’argent ; dans le village ou même dans l’ensemble du bourg, pas une seule famille ne bénéficiait d’un revenu annuel de 10 000 yuans.

En 1991, le village de Xixinzhuang comptait 172 familles et environ 700 habitants et le revenu annuel par personne était de 600 yuans. Avant de faire fortune, Li Liancheng a dû surmonter beaucoup de difficultés, notamment pour pouvoir se nourrir, accéder à l’éducation ou à l’emploi. Lorsqu’il est élu en 1991, il décide de s’engager à éliminer la pauvreté dans son village.

En tant que dirigeant du village, la première mesure qu’il prend est de développer la culture maraîchère de grande envergure dans les serres plastiques. « Nous n’avions pas beaucoup d’argent ni d’expérience, mais la culture dans les serres plastiques m’avait permis de faire du profit, donc les villageois me faisaient confiance. » Sous la direction de Li Liancheng, le village de Xixinzhuang construit donc 40 serres plastiques en un an qui permettent d’augmenter le revenu annuel par habitant de 600 yuans.

Mais à partir de 1994, la culture maraîchère sous serre plastique génère moins de profit car elle s’est popularisée. Après une discussion avec les autres membres de la cellule du Parti du village (un organisme du Parti communiste chinois dans les villages) et le comité des villageois (une organisation d’autogestion des villageois), Li Liancheng décide d’engager une « transformation économique ».

Il choisit de créer une entreprise de papier recyclable, mais il n’est pas au bout de ses peines. « Lorsqu’il a fallu acheter les actions, beaucoup de villageois se sont montrés hésitants. Pour eux, je n’avais pas la capacité de diriger une entreprise, parce que je n’avais même pas terminé l’école primaire. » Finalement, seuls 13 villageois osent investir dans l’entreprise et sur les 270 000 yuans réunis, 60 000 yuans viennent de la poche de Li Liancheng. Il leur fait alors une promesse : « Si nous réussissons à faire du profit, vous recevrez des dividendes ; si nous échouons, je prendrai en charge tous les dégâts. » Un an après la création de l’entreprise, les actionnaires reçoivent chacun 127 000 yuans. En 1996, l’entreprise réalise un profit annuel de 2 millions de yuans. Dans ce contexte, les villageois qui s’étaient montrés hésitants souhaitent désormais tous devenir actionnaires. Mais les 12 autres actionnaires ne sont pas d’accord.

En tant que secrétaire de la cellule du Parti du village, Li Liancheng a toujours à l’esprit sa motivation première : mener tous les villageois vers l’aisance et la richesse. Il essaie donc par tous les moyens de satisfaire les demandes des villageois. C’est une période très dure durant laquelle il s’efforce à tout prix de faire changer d’avis les 12 actionnaires. Il finit par y parvenir en 1997, les familles du village peuvent donc toutes devenir actionnaires de l’entreprise, et le capital passe de quelques centaines de milliers de yuans à quelques millions.

On pourrait résumer ainsi la nouvelle situation : « Toutes les familles du village sont actionnaires, et au moins un membre de chaque famille travaille pour l’entreprise. » Li Liancheng travaille toujours autant, lui et ses associés se montrent à l’affût des nouvelles opportunités commerciales dans de nombreuses villes, entre autres Tianjin, Liaoning et Shanghai qui pourraient permettre de stimuler le développement de l’entreprise. Ils se lancent par ailleurs dans la production de lampes, notamment de lampes à basse consommation, de lampes décoratives, de lampes pour les voitures, de lampes fluorescentes et de lampes décoratives pour Noël. L’entreprise s’est développée à une vitesse fulgurante, et ses produits sont désormais exportés vers 8 pays et régions d’Europe et d’Amérique. Elle est aujourd’hui le plus grand conglomérat industriel de lampes du nord de la province du Henan.

« Après des années, j’ai découvert que notre entreprise était en fait une société par actions, mais à cette époque-là, nous ne connaissions rien au droit des entreprises. » Grâce au développement de plusieurs sociétés par actions et à des appels de fonds, Li Jiancheng a permis à toute la population de son village d’atteindre une certaine aisance. Le revenu annuel par habitant est passé de 600 yuans en 1991 à 30 000 yuans en 2017.

À l’heure actuelle, le village est reconnu en Chine comme étant un village d’aisance moyenne. Avec 16 entreprises, dont 4 sont à capitaux taïwanais, le village réalise une production d’une valeur annuelle d’un milliard de yuans et verse à l’État des taxes à hauteur de 100 millions de yuans. En plus de fournir des emplois aux habitants du village, l’entreprise a offert 10 000 emplois aux habitants des villages environnants, les encourageant à devenir actionnaires. Chaque année, l’entreprise génère quelques millions de yuans qui profitent directement aux villages voisins.

Selon le Document n°1 de l’autorité centrale, le redressement industriel serait la clé du redressement rural. « À travers le développement de différentes industries, le village de Xixinzhuang a en fait déjà réalisé son redressement économique selon la définition nationale », a indiqué M. Li.

Attirer des experts

Li Liancheng a déclaré : « Pour mener à bien la stratégie de redressement rural, il nous fallait un pionnier. On dit souvent : si la cellule du Parti est suffisamment active, la population sera assez riche. Et si le secrétaire de la cellule du Parti est suffisamment compétent, cette cellule du Parti sera active. » Pour être un bon pionnier, il faut faire preuve d’intégrité et d’autodiscipline. Le fer forgé doit sa qualité à sa résistance. « En 1991, les paysans du village cultivaient des légumes sous serre. Or, il y avait dans le village deux familles pauvres qui n’avaient pas assez d’argent pour construire une serre. Je leur ai donc donné deux de mes trois serres. Certains villageois ne voulaient pas construire leur maison à côté du canal car les eaux étaient sales, j’ai donc construit ma maison à cet endroit. » C’est grâce à toutes ces petites initiatives que Li Liancheng a gagné le soutien des habitants. Les efforts de Li Liancheng ont également abouti à la création du premier institut de secrétaires du Parti de Chine le 21 mai 2016. L’institut a pour vocation de dispenser des formations aux cadres du Parti afin qu’ils puissent améliorer leurs compétences, et de former de nouvelles personnes, ce qui doit permettre d’optimiser l’organisation de base du Parti. Li Liancheng a ensuite expliqué : « En 2017, cet institut a dispensé des formations à des secrétaires de cellule de villages de 19 provinces. Si les cadres du Parti acquièrent plus de compétences, la stratégie de redressement des régions rurales ne sera pas loin d’aboutir. »

« Dans le processus de revitalisation rurale, il est très important de pouvoir travailler avec des experts, mais comment attirer et garder ces experts ? » Selon Li Liancheng, sans expert, le développement rural ne peut être que superficiel. Dans le village de Xixinzhuang, on ne sous-estime pas l’importance des experts. On a lancé des mesures afin de créer de nouveaux postes pour les experts qui souhaitent retourner dans les villages. « Il faut attirer des spécialistes, mais surtout, il faut que ces gens aient une sensibilité pour la campagne. Un citadin gagne 5 000 yuans par mois ; les employés de l’entreprise de notre village gagnent le même salaire. Nous faisons beaucoup d’efforts pour réduire les écarts de salaires entre la ville et la campagne et créer ainsi un bon environnement de développement personnel », a-t-il ajouté.

La société rurale de moyenne aisance

Au cours des discussions avec les députés de la province du Shandong, grande province agricole, le secrétaire général Xi Jinping a évoqué la stratégie de redressement rural. Il a indiqué que la prospérité des campagnes reflétait la réussite de la construction in extenso d’une société de moyenne aisance ainsi que la qualité de la modernisation socialiste. Il est donc important de mobiliser les paysans car l’objectif de la revitalisation des campagnes est précisément de satisfaire l’aspiration des paysans à une vie meilleure.

« En lisant les paroles de Xi Jinping, j’ai été vraiment touché. Pour moi, les paysans chinois ont huit rêves, et lorsque ces huit rêves seront réalisés, la revitalisation rurale de la Chine sera réalisée et les paysans auront atteint le stade de moyenne aisance. » Ces huit rêves sont : la satisfaction des besoins élémentaires du quotidien, l’éducation dans la proximité, l’accès aux soins médicaux, l’urbanisation des campagnes, la création de lieux culturels dédiés aux habitants des campagnes, la création d’un environnement favorable, l’éradication de la pauvreté et l’enrichissement des habitants des campagnes, la sécurité en Chine. Li Liancheng a donné des propositions pour réaliser ces huit rêves, par exemple : apporter aux paysans une aide financière pour qu’ils puissent acheter des outils agricoles, soutenir les experts qui acceptent de venir enseigner dans les campagnes. « Le rêve des paysans correspond au rêve de la revitalisation rurale, et la réalisation de la revitalisation rurale permettra de satisfaire les demandes des paysans. » Selon Li Liancheng, au cours de ces dernières années, le village de Xixinzhuang a versé 90 millions de yuans pour construire un hôpital du bien-être du peuple pourvu d’équipements médicaux qui sont plus avancés que ceux que l’on trouve à Puyang. Les paysans ont donc accès à un service médical de qualité dans leur village. Un million de yuans ont été investis dans la construction d’une école verte et d’un établissement pour les personnes âgées, deux institutions auxquelles les habitants ont accès gratuitement. Aujourd’hui, le village de Xixinzhuang est un village moderne qui a également su développer le secteur des services ; on y trouve notamment des restaurants, des hôtels, des supermarchés et des espaces verts. Li Liancheng a affirmé : « Notre village est comme une grande ville. »


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Source:La Chine au Présent