La Chine vise l’espace lointain avec un moteur de fusée de 500 t

La construction d’un moteur de fusée de 500 tonnes à propergol liquide touche à sa fin.

La Chine devrait achever d’ici la fin de l’année la construction et le travail d’installation d’un prototype de moteur de fusée de 500 tonnes utilisant du propergol liquide. Le pays progresse ainsi dans son programme de voyages interstellaires habités.

La Chine s’efforce actuellement de résoudre les problèmes sur les technologies clés de trois types de moteurs à propergol liquide pour ses lanceurs lourds: un moteur de 500 t alimenté par de l’oxygène liquide et du kérosène; et des moteurs de 200 t et de 25 t utilisant de l’oxygène et de l’hydrogène liquide comme carburant. Le pays a également achevé les essais thermiques sur les modules de base, avec quelques sous-modèles pour les moteurs.

C’est Liu Zhirang, directeur de l’Institut de recherche n°6 de la Société de sciences et technologies aérospatiales de Chine (CASC) et représentant à la XIIIe Assemblée populaire nationale (APN), qui a fait cette remarque dimanche dernier.

Ces trois types de moteurs seront utilisés aux différents niveaux des propulseurs des lanceurs lourds chinois. Leurs performances sont conçues pour atteindre des niveaux parmi les plus avancées au monde, a indiqué M. Liu, ajoutant que l’assemblage et le travail d’installation du prototype du moteur de 500 t seraient achevés d’ici la fin de l’année.

Le passage d’un état de prototype à la livraison finale du moteur prend normalement au moins cinq ans, ce qui est en adéquation avec le calendrier du lancement de la fusée Longue Marche 9, a expliqué Song Zhongping, expert militaire et commentateur à la télévision.

Passer d’un moteur de 120 t à un moteur de 500 t ne constitue pas un simple élargissement, mais nécessite de résoudre des difficultés technologiques ayant une croissance exponentielle. Avec l’augmentation de la puissance du propulseur, d’importants défis apparaissent, comme par exemple les questions liées à la conception physique, à la résistance thermique et aux technologies des conducteurs.

Le Longue Marche 9 est actuellement le lanceur le plus lourd de Chine. Il sera envoyé dans l’espace d’ici 2030, selon le Comité des sciences et technologies de l’Académie chinoise de technologie des lanceurs (CALT).

La capacité de transport du Longue Marche 9 dépassera les 100 t avec un diamètre d’environ 10 m.

D’après Song Zhongping, à en juger des efforts investis par la Chine dans la recherche et la conception de véhicules ayant des capacités avancées de lancement de chargements lourds, le pays envisage indubitablement les voyages interstellaires et les programmes d’exploration de l’espace lointain, comme les alunissages habités et les stations spatiales de grande capacité. Le spécialiste note également que de tels lanceurs lourds sont particulièrement adaptés à ces missions et peuvent les réaliser de façon plus efficace.

Les lanceurs lourds de la Chine, la série des Longue Marche, ont accompli avec succès sept missions en 2018, avec notamment le lancement le 12 février de la fusée Longue Marche3B depuis le Centre de lancement satellite de Xichang dans la province du Sichuan.

En 2018, il y aura 36 lancements de la série Longue Marche, avec 14 missions effectuées par les fusées Longue Marche3A et six par les fusées Longue Marche2C.

La fusée Longue Marche11, la seule de cette famille à utiliser du propergol solide, devrait également être lancée cette année depuis la mer, indiquait vendredi dernier la China Central Television (CCTV).