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Le président français Emmanuel Macron est en Chine pour son premier voyage officiel en Asie depuis son arrivée au pouvoir. Le déficit commercial constitue un sujet important pour ce voyage.
Selon l’agence statistique de l’Union européenne Eurostat, au cours des neuf premiers mois de 2017, le commerce bilatéral a atteint les 39,19 milliards de dollars (32,83 milliards d’euros), en hausse de 12,1 % en glissement annuel.
Les exportations vers la Chine ont totalisé 15,4 milliards de dollars, enregistrant une augmentation de 22 %. La Chine a représenté pour 4 % des exportations globales françaises, en hausse de 0,6 point de pourcentage. Les importations depuis la Chine ont quant à elle totalisé les 23,8 milliards de dollars, représentant 5,2 % du total des importations françaises et restant stables par rapport à l’année dernière. Le déficit commercial était par ailleurs de 8,4 milliards de dollars, en hausse de 13,5 %. La Chine est le 7e marché d’exportation et le 6e marché d’importation de la France.
En réalité, le commerce entre la Chine et la France est réciproque et le déficit se trouve à un niveau raisonnable. Le secteur des services a enregistré un surplus, mais il reste une grande marge de manœuvre pour développer le commerce et réduire le déficit. Pour atteindre cet objectif, la France va devoir renforcer sa compétitivité.
Après la crise de la dette en Europe, l’économie de l’UE a mis du temps à se relancer. Seule l’Allemagne fut capable de bénéficier un tant soit peu de son commerce extérieur, la Chine ayant réalisé un nombre relativement important d’acquisitions en Allemagne, qui bénéficie de fait d’une balance commerciale favorable avec la Chine. Le commerce sino-allemand a ainsi placé une certaine pression sur la France.
Dans le même temps, la France doit essayer de limiter l’impact du Brexit. Le Royaume-Uni a été un voisin proche, ainsi qu’un marché majeur pour la France, et leurs liens commerciaux bilatéraux sont étroits. Lorsque le Royaume-Uni quittera l’UE, il y aura une période de transition qui apportera son lot d’incertitudes sur le commerce entre les deux pays. Ceux-ci vont devoir entrer une nouvelle fois sur leurs marchés réciproques.
Etant donné cette situation, la France n’a d’autres choix que de développer ses marchés étrangers et d’obtenir davantage d’accords avec la Chine.
Le manque de compétitivité est la principale raison pour le déficit commercial français avec la Chine. Les domaines traditionnels d’exportation, comme les trains à grande vitesse, les automobiles et les appareils de communication, n’ont pas eu de bons résultats sur le marché chinois, les produits français ne parvenant pas à concurrencer les produits allemands ou américains. Par ailleurs, l’initiative récente intitulée « Made in China » a également mis à mal les ventes des produits français en Chine.
Les constructeurs automobiles traditionnels PSA Peugeot Citroën et Renault ont enregistré des performances faibles comparées aux marques allemandes. Les fournisseurs de services de communication, comme Alcatel, ont également été affectés par la popularité d’Apple et de Huawei, perdant progressivement de leur notoriété. Sans parler du fait que les TGV produits en Chine sont devenus des concurrents importants à l’étranger. Siemens et Alstom ont ainsi dû faire équipe pour pouvoir faire concurrence aux trains chinois.
Alors que la France demande à la Chine d’ouvrir davantage son marché, elle n’arrive pas à s’ouvrir elle-même, notamment dans le domaine de la haute technologie. Il ne s’agit pas seulement de la France : d’autres pays de l’UE se méfient fortement des investissements et des acquisitions réalisés par la Chine. Ils suivent tous la même logique, qui est d’espérer pousser la Chine à s’ouvrir davantage, tout en étant très sélectifs lorsqu’il s’agit de leurs propres marchés.
Les structures de transports, les produits mécaniques et électroniques, ainsi que les produits chimiques sont les trois catégories majeures des importations chinoises depuis la France.
La France présente des points forts dans les technologies fondamentales de ces domaines et il faudra du temps à la Chine pour rattraper son retard. Le pays devrait utiliser pleinement cette fenêtre d’opportunités.
Les entreprises françaises devraient se concentrer sur l’innovation technologique et ajuster leurs stratégies à l’étranger pour maintenir leurs avantages. Le secteur de l’aviation civile en Chine présente un vaste potentiel de marché. La Chine achète généralement un grand nombre d’avions de la part d’Airbus ou de Boeing, et acheter davantage d’Airbus permettrait de stimuler le commerce entre les deux pays.
La France a de solides fondations dans le secteur automobile, mais si elle n’utilise la Chine que comme fabricant sans offrir en retour de technologies fondamentales, elle restera inévitablement en retard. En ce qui concerne le secteur de la vente au détail, les entreprises comme Carrefour doivent ajuster leurs stratégies pour s’adapter aux commerces locaux.
Les bénéfices de la coopération sont plus importants que ceux du protectionnisme commercial.
Pour réduire son déficit avec la Chine, la France doit augmenter sa compétitivité, relancer sa propre économie et approfondir la coopération avec la Chine dans le domaine de la haute technologie.
Source:french.china.org.cn |