La Chine et la France peuvent devenir des économies idéales de marché

En mai 2017, quelques jours seulement après avoir remporté les élections présidentielles françaises, Emmanuel Macron avait envoyé son représentant spécial Jean-Pierre Raffarin - un vétéran de la politique française - participer au Forum des Nouvelles Routes de la Soie pour la coopération internationale à Beijing, signalant qu’il se rendrait rapidement en Chine. Au début du mois de juillet dernier, il avait également annoncé son intention de se rendre en Chine, lorsqu’il avait rencontré le président Xi Jinping pour le Sommet du G20 à Hambourg en Allemagne.

Six mois se sont écoulés avant son départ pour une visite officielle de trois jours en Chine, qui a débuté lundi. Cela lui a laissé suffisamment de temps pour préparer son premier voyage en Asie en tant que président français.

M. Macron s’est efforcé de développer la coopération avec l’initiative des nouvelles Routes de la soie, qui vise à renforcer la connectivité entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Il a rencontré certains des hauts responsables ayant participé au Forum de Paris sur l’initiative des nouvelles Routes de la soie, qui s’est déroulé en septembre dernier. Récemment, il s’est également engagé à approfondir la coopération avec les participants de cette initiative.

Lundi, le président français s’est rendu à Xi’an dans la province du Shaanxi - le point de départ de l’ancienne Route de la soie - avant d’engager des discussions formelles avec Xi Jinping. Il est à espérer que ses efforts lui permettront de mieux comprendre la Chine, mais également de mener des discussions fructueuses et en profondeur.

M. Macron a également envoyé son propre message à la Chine par le biais de son livre Révolution, dont la traduction chinoise est sortie en Chine pour coïncider avec sa visite. Dans cet ouvrage, il s’engage à lancer des réformes radicales pour remodeler une France résistante au changement mais accablée de défis, ainsi que l’Union européenne. Il appelle également l’Occident à voir la Chine comme une opportunité, plutôt qu’une menace.

A 40 ans, M. Macron fait valoir les réformes au bon moment, alors que la Chine célébrera cette année le 40e anniversaire du lancement de l’ouverture et de la réforme, qui a engendré un développement économique sans précédent et hissé le pays au rang de deuxième économie mondiale.

La Chine s’est engagée à approfondir sa réforme orientée vers le marché, tout en soutenant la mondialisation et en aidant à améliorer le régime de gouvernance mondiale. Ces engagements correspondent parfaitement aux recommandations politiques de M. Macron pour la France et pour l’Union européenne.

Xi Jinping s’est rendu pour la première fois au siège de l’UE à Bruxelles en début d’année 2014, parvenant à un accord selon lequel les deux parties établiraient un partenariat de réformes. C’est la raison pour laquelle, tout en faisant avancer leur agenda de réformes de leurs côtés respectifs, la Chine et la France peuvent travailler ensemble pour renforcer la mondialisation et le libre-échange. Xi Jinping et Emmanuel Macron devraient aborder ces questions au cours de leur rencontre.

Le président français n’est pas le seul à promouvoir la réforme et à approfondir la coopération avec la Chine. Une vidéo filmée par un Français qui, après avoir travaillé plusieurs années en Chine ne parvenait pas à s’ajuster à son retour en France, montre que les citoyens français sont prêts à adopter WeChat (une application de messagerie textuelle et vocale) ainsi que les moyens de paiements mobiles. Cette vidéo largement partagée présente également au public français d’autres applications mobiles, qui sont populaires en Chine.

Tout en prenant en compte les besoins de la population, M. Macron devrait mettre en œuvre de nouvelles réformes en France et au sein de l’UE, notamment parce que la Chine fait des efforts pour améliorer son environnement commercial. Pour attirer davantage d’investissements chinois et stimuler encore son économie, la France devrait éviter d’agir comme les Etats-Unis. Ceux-ci ont usé de raisons soi-disant « de sécurité » pour empêcher les investissements chinois dans leur pays, malgré leur impact bénéfique sur l’économie américaine.

M. Macron est un réformateur, mais il est également soutenu par d’autres dirigeants européens dans le lancement d’un système de « filtrage » des investissements, au nom de la protection des secteurs stratégiques. Le président français ferait bien de réaliser que de telles mesures risquent d’entraver les investissements entrants et de forcer les autres pays à prendre des contre-mesures.

Etant donné l’état de l’économie mondiale et la montée des sentiments contre la mondialisation dans de nombreuses parties du globe, il est crucial que la Chine et la France montrent l’exemple pour les autres pays, en fonctionnant comme de vraies économies de marché qui accueillent la réforme et le libre-échange.