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Beijing justifie les expulsions de locataires comme mesure de sécurité

French.china.org.cn | Mis à jour le 25. 11. 2017 | Mots clés : Beijing,incendie

Un homme du village de Xingjian, dans le district de Daxing (sud de Beijing), quitte sa maison de location en emportant ses effets personnels, vendredi.  

 

Beijing a justifié sa campagne d'expulsion de locataires dans toute la ville, alors qu'elle s'efforce d'éliminer les risques pour la sécurité après l'incendie qui a éclaté la semaine dernière dans sa banlieue, coûtant la vie à 19 personnes.

 

Un commentaire publié en première page de l'édition de vendredi du Beijing Daily, le porte-parole du comité municipal du Parti, dément que le gouvernement de la ville cible sa « population bas de gamme », une référence aux travailleurs migrants.

 

Les expulsions ont suscité de vastes critiques, nombre de personnes disant que les travailleurs migrants ne devraient pas être tenus pour responsables de l'incendie et que les expulsions forcées alors que règnent actuellement des températures en-dessous de zéro degré sont cruelles.

 

A l'inverse, le commentaire, qui a souligné que « la vie et la sécurité sont toujours la ligne rouge du développement d'une ville », affirme que la perception selon laquelle la campagne de lutte contre les dangers vise à « rejeter la population bas de gamme » est un malentendu.

 

A Beijing, a indiqué le commentaire, les bâtiments illégaux ainsi que les lieux utilisés simultanément pour le logement, le stockage et la production figurent parmi les endroits où les incidents de sécurité sont fréquents.

 

La campagne actuelle vise les bâtiments illégaux et les risques pour la sécurité, a précisé le journal, ajoutant que « l'heure est venue de prendre des mesures concrètes et sévères, et que ceux qui doivent faire l'objet de mesures de sanction, de suspension, de saisie ou d'arrestation doivent être traités en conséquence ».

 

La police a ainsi arrêté 18 personnes soupçonnées d'être impliquées dans l'incendie qui a fait 19 morts, dont 8 mineurs, dans un immeuble du village de Xingjian, dans le district de Daxing, le 18 novembre dernier.

 

Selon He Rui, chef adjoint du district de Daxing, qui s'est exprimé lundi lors d'un point de presse, les plus de 400 personnes qui vivaient dans l'immeuble ont été relogées.

 

Depuis, la municipalité de Beijing mis en place un contrôle de sécurité de 40 jours à l'échelle de la ville, les gouvernements des districts fixant des délais stricts pour le départ des locataires des bâtiments illégaux.

 

Des choix difficiles

La plupart des magasins et des maisons du village de Xingjian étaient fermés vendredi et les ordures s'entassaient dans les rues, les locataires disant par ailleurs que vendredi était le dernier jour où ils pouvaient rester, et que l'eau et l'électricité seraient coupées s'ils ne déménageaient pas.

 

Selon un propriétaire d'une usine de fabrication de vêtements, ils ont été réveillés vendredi matin et on leur a dit de partir avant la nuit. Plus de 40 de ses employés, a-t-il précisé, suivront l'usine à Langfang, dans la province du Hebei.

 

De son côté, une femme d'âge moyen d'un village près de Xingjian a déclaré que presque toutes les maisons louées dans son village étaient vides et que certaines personnes qui n'ont pas pu trouver un autre logement à la dernière minute dormaient dans les rues.

 

Les météorologues ont annoncé que la température la plus basse à Beijing cette nuit serait d'environ -4 ° C.

 

Dans le même temps, les rues étaient parsemées de déménageurs de meubles, alors que des fouilleurs de poubelles pénétraient dans les magasins et les maisons ouvertes pour y ramasser les objets laissés sur place.

 

Les Pékinois du village ont également été affectés par la campagne, un résident âgé déclarant ainsi que la vie sera très incommode après le départ des travailleurs migrants, car il devra désormais se rendre au centre-ville chaque semaine pour faire ses courses.

 

Les réactions en ligne 

La campagne a été largement critiquée, certains lui reprochant de cibler ceux qui sont qualifiés de « population bas de gamme », la plupart étant des travailleurs migrants vivant dans des conditions difficiles, ayant été expulsés à la hâte de leurs appartements dans des températures en dessous zéro.

 

En plus de juger offensant le terme de « population bas de gamme », de nombreux internautes ont également souligné que le gouvernement devrait exiger que les entreprises offrent des logements sûrs à leurs employés.

 

La mise en œuvre de la politique avait déjà suscité des critiques dès 2010, quand un commentaire publié dans le Quotidien du Peuple avait alors affirmé que chasser les travailleurs « bas de gamme » était une idée vaniteuse qui rendrait la vie dans la ville beaucoup plus incommode.

 

« L'urbanisation rapide et la modernisation de Beijing seraient impossibles sans les efforts de la population "bas de gamme" et, une fois qu'elle aura disparu, la compétitivité de la ville chutera brusquement », a par ailleurs expliqué un article en ligne largement diffusé intitulé « Quelle est la faute de la "population bas de gamme" ? ».

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Source:french.china.org.cn