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Dans un contexte de signes toujours plus inquiétants sur la montée du protectionnisme mondial, le rôle de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC pour Asia Pacific Economic Cooperation) dans le maintien d’un commerce mondial libre et ouvert va devenir de plus en plus important, a déclaré un expert de la Banque asiatique de développement (ADB) spécialisé dans la coopération commerciale et régionale.
« L’APEC est devenue la référence pour les groupes régionaux cherchant à poursuivre un "régionalisme ouvert" », a déclaré Jayant Menon, économiste en chef de l’ADB, en amont du 25e Sommet de l’APEC, qui doit se dérouler à Da Nang au Vietnam les 10 et 11 novembre prochains.
« A une période de réactions violentes à l’encontre de la mondialisation et de pressions grandissantes en faveur du protectionnisme à travers le monde, des institutions comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’APEC ont un rôle encore plus important à jouer, afin de s’assurer que le système du commerce mondial reste libre et ouvert », a expliqué M. Menon.
Selon lui, ces institutions peuvent « étayer les gains réalisés dans la libéralisation du commerce par leur engagement contre la discrimination ».
Etablie en 1989, l’APEC est un forum regroupant les 21 économies de la région Asie-Pacifique qui soutiennent une croissance équilibrée, inclusive, durable, innovante et sûre, en accélérant l’intégration économique régionale à travers la région Asie-Pacifique. La plupart des membres de l’APEC sont aussi membres de l’ADB.
Dans une étude intitulée Rapport de l’intégration économique asiatique 2017, l’ADB basée à Manille examine les tendances récentes de l’intégration régionale. Elle indique que les liens croissants du commerce et de l’investissement en Asie-Pacifique aident à améliorer la résilience économique de la région face aux incertitudes de l’environnement des politiques économiques et commerciales dans le monde.
Avec l’abandon du Partenariat transpacifique (TPP), M. Menon explique que l’attention s’est désormais tournée vers le Partenariat économique régional global (RCEP pour Regional Comprehensive Economic Partnership), un accord de libre-échange que les dix Etats-membres de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et leurs six partenaires de dialogue espèrent établir au cours des prochaines années.
L’ASEAN regroupe le Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam. Ses six partenaires de dialogues sont l’Australie, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande.
« Le RCEP se concentre sur l’harmonisation des lois et des réglementations à travers la région. Une telle convergence réglementaire permettra de réduire de façon significative les coûts entrepreneuriaux dans la région », indique M. Menon, ajoutant que cet accord créera la plus grande zone au monde de libre-échange.
Une fois le RCEP établi, la prochaine étape pourrait être de l’élargir vers une intégration économique régionale plus grande avec l’Accord de libre-échange en Asie-Pacifique (FTAAP), qui inclurait l’ensemble des 21 économies de l’APEC.
« Le FTAAP est jusqu’à présent l’unique proposition, qui inclut à la fois les Etats-Unis et la Chine », note l’économiste en chef de l’ADB.
Le RCEP devrait être conclu en 2018, mais le secrétaire d’Etat philippin au Commerce, Ramon Lopez, a indiqué la semaine dernière, que les négociations pour finaliser le RCEP pourraient prendre encore deux ans.
M. Menon estime que la Chine a été un partisan majeur du libre-échange multilatéral et selon lui, l’initiative des nouvelles Routes de la soie proposée par la Chine constitue « un programme clé pour augmenter [non seulement] la connectivité au sein de la région, mais également entre la région et le reste du monde ».
« Les coûts commerciaux sont directement liés au niveau de connectivité… et avec la baisse de ces coûts, l’intégration ne peut qu’augmenter », souligne-t-il.
Il met cependant en garde sur le fait que des barrières non-tarifaires pourraient entraver les efforts pour intégrer les économies : « Alors que les droits de douane ont fortement diminué dans la région, diverses barrières non-tarifaires sont apparues dans le même temps. Celles-ci peuvent être plus restrictives que les droits de douane et plus difficiles à résoudre car elles sont opaques », fait-il remarquer.
Alors que le commerce de marchandises a été substantiellement libéralisé, M. Menon estime que « le manque de progrès dans la libéralisation du commerce des services est une entrave à une plus grande intégration au sein de la région Asie-Pacifique, ainsi qu’aux bénéfices pouvant en découler ».
Source:french.china.org.cn |