Une maison de trois étages qui s'élevait seule au milieu d'une artère du quartier de banlieue de Songjiang à Shanghai a été démantelée tôt matin lundi après un conflit de 14 ans.

Les anciennes maisons résidentielles qui entouraient ce bâtiment avaient quant à elles été détruites il y a plusieurs années pour élargir la rue Huting Nord à quatre voies.

Les propriétaires du logement, connu sous le nom de « maison-clou », un terme qui, en Chine désigne un bâtiment dont les propriétaires s'opposent aux promoteurs, n'étaient pas parvenus à conclure un accord de compensation avec les autorités chargés du relogement. Et c'est ainsi que les quatre voies, deux dans chaque direction, avaient dû être réduites à deux voies pour contourner la structure.

Selon Zhang Xinguo, le beau-fils de Xu Jun, le propriétaire de la maison âgé de 89 ans, la famille a payé cher dans sa vie quotidienne pour rester là : « C'est bruyant 24 heures sur 24 et particulièrement tard dans la nuit lorsque les camions vont et viennent. Ma belle-mère est morte d'une crise cardiaque il y a trois ans », a déclaré M. Zhang, qui vivait dans la maison avec sa femme, son beau-père, la famille de trois personnes de son fils et une fille mariée.

Outre le bruit, la poussière et les risques liés à la sécurité, il y avait aussi une énorme pression psychologique, a ajouté M. Zhang, ajoutant que la famille a déménagé vendredi dans un appartement loué avant de rejoindre des foyers de déménagement offerts par le gouvernement.

« Je n'ai tiré aucune fierté d'être celui qui vit au milieu de la route », a-t-il dit. « Il y a eu trois accidents de la circulation parce que les conducteurs qui ne connaissaient pas la route n'ont pas pu faire un brusque détour pour éviter le bâtiment », ajoutant que la famille ne voulait pas gêner les gens, mais qu'elle est restée dans la maison depuis 2003 parce qu'elle n'était pas d'accord avec le montant de l'indemnisation qui leur était offerte.

« Dans les années 1950, lorsque les maisons ont été construites, mon beau-père avait deux certificats attestant que la famille possédait deux terrains destinés aux agriculteurs pour construire des habitations. Mais les autorités chargées de la délocalisation ont déclaré que l'un d'eux avait expiré », a précisé M. Zhang.

En fin de compte, les membres de la famille ont estimé qu'ils ne pourraient pas obtenir une indemnisation aussi élevée qu'ils l'auraient souhaité, alors ils ont accepté de déménager le 21 août.

Selon Lu Hui, directeur du bureau de relogement du sous-district de Jiuliting, des représentants ont parlé à la famille en face à face et par téléphone des dizaines de fois pour essayer de les persuader de prendre en compte la sécurité et la commodité des véhicules et des piétons qui passaient par là.

La famille a reçu quatre appartements d'une superficie totale d'environ 400 mètres carrés en compensation. Leur emplacement n'a pas été révélé.