Lors de leur prochain sommet, les BRICS devraient discuter de l'utilisation de zones de libre-échange comme première mesure pratique vers l'atteinte de leur objectif, qui est d’accroître le commerce et l'investissement régionaux, ont annoncé jeudi des experts de groupes de réflexion gouvernementaux.

« D’ici la fin de l’année 2020, chaque pays devrait avoir une feuille de route claire pour la promotion du commerce », explique Ye Fujing, directeur de l'Institut pour la recherche économique internationale, un groupe de réflexion relevant de la Commission nationale du développement et de la réforme, l’organe de planification économique de la Chine. « Dans le cadre de cet effort, les BRICS discuteront de l'établissement de zones de libre-échange au cours du prochain sommet. »

Le sommet des BRICS se tiendra à Xiamen, dans la province du Fujian, du dimanche 3 septembre au mardi 5 septembre.

M. Ye précise que l'idée de créer des ZLE parmi ces pays en est encore au stade préliminaire, et qu’il n'y a pas de calendrier spécifique. « Les pays membres peuvent commencer par abaisser leurs barrières commerciales dans le cadre de l'OMC, et accumuler de l'expérience pour établir des zones de libre-échange », suggère-t-il.

Bai Ming, chercheur à l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, un think tank relevant du ministère du Commerce, estime que la mise en œuvre pourrait prendre un certain temps, car il est difficile d’équilibrer les intérêts des BRICS, qui font tous partie d'autres alliances et groupes régionaux.

Par exemple, le Brésil est membre du Mercosur, un marché commun en Amérique latine. Les membres du bloc régional ont éliminé toutes les barrières douanières pouvant défavoriser leurs économies et ont décidé d’appliquer des droits de douane communs aux autres pays.

« Le Brésil doit trouver un consensus avec les autres membres du Mercosur avant de s’engager dans une nouvelle alliance de libre-échange », note M. Bai.

Selon lui, les BRICS pourraient accélérer le processus en invitant les non-membres à discuter de la construction de zones de libre-échange. Ceux-ci peuvent être des partenaires commerciaux des BRICS, qui ont des intérêts similaires à ceux des pays du groupe.

Cette année, la Chine a exprimé l'idée d'étendre les partenariats BRICS et d'élargir le cercle en invitant d'autres pays en développement sous une nouvelle bannière « BRICS Plus ».

Cinq pays non membres, l'Egypte, la Guinée, le Mexique, le Tadjikistan et la Thaïlande, participeront au sommet en tant qu'invités.

Le commerce facilité entre les BRICS est une démarche pratique qui peut être décidée à court terme, à un moment où les frictions commerciales sont courantes parmi les membres, affirme Feng Xingke, secrétaire général adjoint du groupe de réflexion économique sur les BRICS de l'Université Tsinghua.

Bien que les frictions soient normales parmi les économies émergentes et puissent être résolues par l'intermédiaire de l'OMC, elles signifient que les pays ne peuvent transformer des visions de coopération en étapes pratiques que progressivement, selon M. Feng.

« Il n'y a pas de raccourci », souligne-t-il. « Les zones de libre-échange seront un résultat naturel et diminueront les conflits commerciaux tout en rendant les économies régionales plus résilientes. »