Le président chinois Xi Jinping entame lundi une visite d'Etat en Russie, avant de se rendre en Allemagne pour le sommet du G20. Son voyage en Russie, le sixième de sa présidence jusqu’ici, devrait selon les experts renforcer les liens commerciaux bilatéraux.

Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine prononceront une déclaration conjointe sur le compendium de quatre ans (2017-2020) du traité de bon voisinage et de coopération amicale, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères durant sa conférence de presse jeudi dernier.

Des accords portant sur le commerce, l'énergie, l'investissement, les transports, les médias et l'éducation devraient être signés.

« La visite de Xi Jinping en Russie devrait approfondir les liens commerciaux bilatéraux et les améliorer au niveau des relations politiques », estime Li Xin, directeur du Centre d’étude sur la Russie et l’Asie centrale de l’Institut d'études internationales de Shanghai. « Ce traité de quatre ans sera le guide de nos relations bilatérales. »

La visite donnera une impulsion aux efforts visant à réaliser l'objectif commercial de 200 milliards de dollars d’échanges entre la Chine et la Russie à l’horizon 2020.

De nouveaux investisseurs privés devraient s'engager dans les échanges entre la Chine et la Russie pour soutenir les investissements publics dans des projets tels que le gaz naturel, a déclaré M. Li au Global Times.

La Chine est le premier partenaire commercial de la Russie depuis six ans et la Russie est une source majeure d'importations d'énergie et de haute technologie pour la Chine, a souligné l'agence de presse Xinhua. Le commerce bilatéral a augmenté de 33,7 % au cours des cinq premiers mois de l'année pour s'établir à 223 milliards de yuans (32,8 milliards de dollars), a déclaré l'Administration générale des douanes de Chine.

L’e-commerce en Russie

« Le commerce bilatéral devrait s’éloigner des domaines traditionnels comme l'énergie pour passer aux produits de consommation », prédit Li Xin.

Bien que la surcapacité de production en Chine ait entraîné une baisse de la demande de matières premières, il existe un grand potentiel dans la promotion du tourisme, des services, de la haute technologie et des jeux vidéo, selon lui.

« Les entreprises d’e-commerce entre les deux pays sont les plus prometteuses et devraient croître », estime-t-il.

AliExpress, la plate-forme B2C du géant chinois du commerce électronique Alibaba, est présente en Russie depuis 2012 et est devenue l'une des plus grandes plates-formes d’e-commerce dans le pays, avec environ 22,2 millions d'utilisateurs en 2016, a rapporté le journal China Trade Daily.

Une société d’habillement pékinoise qui croît vite sur AliExpress en Russie, a indiqué au Global Times que ses ventes quotidiennes étaient désormais de 30 000 dollars.

« Nos produits les plus populaires en Russie sont les manteaux en duvet, qui sont conçus aux goûts et aux tailles russes », explique Gou Shanchao, directeur des opérations d’e-commerce de l’entreprise, en ajoutant que plus de 3000 transactions ont été faites lors des soldes de la Journée des célibataires le 11 novembre dernier.

Les produits chinois et leurs prix compétitifs sont séduisants pour le marché russe, a déclaré M. Guo au Global Times. « Les entreprises chinoises ont un bel avenir en Russie », selon lui.

La logistique transfrontalière, cependant, a parfois constitué un obstacle. « Nos fournisseurs ont nécessairement des délais de livraison plus longs que les concurrents locaux », indique M. Guo.

Une étude menée par l'Association des sociétés de vente en ligne a révélé qu'environ 90 % des produits achetés à l'étranger provenaient de Chine, selon le journal russe RBTH Daily.

Le nouvel accord entre la Chine et les Etats-Unis qui autorise les exportations américaines de bœuf et de gaz naturel en Chine a suscité une certaine inquiétude en Russie, a déclaré M. Li.

Un accord sur la construction du pipeline « Puissance de la Sibérie 2 » devrait ainsi être signé lors de la visite de Xi Jinping en Russie.

Xi Jinping et Vladimir Poutine vont également faire progresser les liens entre l'initiative des Nouvelles Routes de la soie et l'Union économique eurasiatique, selon Li Xin.

« De nombreux investisseurs chinois se plaignent de la complexité des démarches qui ralentissent leurs projets en Russie, c’est pourquoi une amélioration du climat d'investissement devra être abordée lors de la visite », estime-t-il.

Mardi, le président chinois se rendra en Allemagne pour assister au sommet du G20. « Le sommet du G20 doit résoudre les différends, et l'accord sur le changement climatique sera probablement l'un des enjeux de Xi Jinping », a déclaré au Global Times Ruan Zongze, vice-président exécutif de l'Institut chinois d'études internationales.