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Chine : le gaokao va-t-il changer le destin de millions de jeunes?

French.china.org.cn | Mis à jour le 08. 06. 2017 | Mots clés : gaokao

Des parents et des habitants saluent le départ des lycéens et leur souhaitent bonne chance pour le Gaokao, le concours national d'entrée à l'université, dans le bourg de Maotanchang, à Lu'an, dans la province chinoise de l'Anhui (est), le 5 juin 2017. Cette année, un total de 9,4 millions de candidats passeront mercredi et jeudi le Gaokao. Environ 3,72 millions d'entre eux seront admis dans les universités. (Xinhua/Guo Chen)

 

Le 7 juin est le premier jour du "gaokao", concours national d'entrée à l'université. Il y a deux jours, les internautes chinois ont suivi sur leur ordinateur ou smartphone une scène spectaculaire au lycée de Maotanchang, la "plus grande usine asiatique formant des candidats au gaokao". Des dizaines de milliers de parents sont venus saluer leurs enfants pour leur souhaiter bonne chance, au moment du départ vers les centres d'examen.

Les rues du petit bourg de Maotanchang, administré par la province orientale de l'Anhui, comptaient des milliers de parents qui ressentaient de l'espoir et de l'inquiétude. Ils suivaient du regard les bus transportant les candidats. Ce phénomène se répète chaque année à la veille du gaokao, un tournant dans le destin d'un individu en Chine.

Cette année, un total de 9,4 millions de candidats à l'échelle nationale passeront mercredi et jeudi le gaokao, incluant les épreuves de chinois, de mathématiques et de langue étrangère. Environ 3,72 millions d'entre eux seront admis dans les universités.

Bien que ce concours national soit confronté actuellement aux défis de la réforme de l'éducation et critiqué de temps en temps pour ses règles rigides de sélection des candidats qualifiés, il a représenté la plus grande réforme pour restaurer le système éducatif détruit pendant la Révolution culturelle (1966-1976) et a changé le sort d'une génération de jeunes intellectuels.

En 1977, Deng Xiaoping, qui a repris ses fonctions comme dirigeant du Comité central du Parti communiste chinois et du pays, a décidé de rétablir le système du concours national d'entrée à l'université. Et les candidats au gaokao en 1977 et 1978 sont devenus aujourd'hui en Chine des piliers solides dans de nombreux domaines.

LE GAOKAO : NOSTALGIE DE LA JEUNESSE

De nombreux adultes chinois ont leurs propres souvenirs du gaokao, liés à sa jeunesse. Cette année, une application ludique sur smartphone permet d'insérer sa propre photo sur un "document officiel" datant de 1977 donnant accès à la salle d'examen du gaokao. Et cette application est devenue très à la mode sur Internet. Les utilisateurs ont embelli et rajeuni leurs photos pour se rappeler les années passées.

Jack Ma, président du Groupe Alibaba, empire du e-commerce chinois, avait choisi pendant l'été 1982, après le gaokao, l'Université de Pékin en choix No 1. Malheureusement, il n'a obtenu qu'un seul point à l'épreuve de mathématiques. Après avoir reçu une lettre lui refusant l'admission, il a voulu trouver un travail temporaire dans un hôtel, mais il a été éliminé face à son cousin, plus beau que lui.

En revanche, le jeune de la province du Shanxi (nord), Li Yanhong, PDG actuel du Groupe Baidu, géant chinois des moteurs de recherche, a eu de la chance. Il a été admis en 1987 à l'Université de Pékin pour suivre le cursus de l'information des livres, aujourd'hui appelé "gestion de l'information". Passionné, à un âge très jeune, par l'opéra local, il a failli être membre du groupe de l'Opéra de Jin, à Yangquan, ville du Shanxi. L'exemple de sa soeur, qui a réussi à passer le gaokao la première année du rétablissement de l'examen, l'a beaucoup encouragé. Il a finalement décidé que l'université était plus intéressante que l'opéra.

La liste est longue, et de nombreux personnages chinois ont laissé leur empreinte sur le gaokao, tels que Ma Huateng, président du Groupe Tencent, et Lei Jun, patron de l'empire des produits électroniques Xiaomi.

Le gaokao a changé non seulement le destin de ces "jeunes", mais aussi le destin de la Chine, où les talents représentent les ressources les plus recherchées dans le cadre de la réforme et l'ouverture.

AU CARREFOUR DE LA REFORME

Avec le temps, le revers de la médaille du gaokao a commencé à avoir un impact. Trop se centrer sur les résultats des examens et pratiquer un enseignement rigide autour du gaokao sont souvent critiqués par la société chinoise.

En 2014, le Conseil des Affaires d'Etat, gouvernement central, a publié une ligne directrice sur la réforme du système d'admission à l'université par le biais du concours national.

C'est en 2017 que ce document gouvernemental a été mis en place, d'abord à Shanghai et au Zhejiang (est), deux sites pilotes. Le nouveau "gaokao" est considéré comme le changement le plus important depuis le rétablissement de ce système, il y a 40 ans.

La réforme se focalise sur quatre questions. La première est de briser le phénomène selon lequel un seul examen décide du destin d'un jeune. Les résultats du gaokao comprendront un concours national, les notes des épreuves principales (trois matières à choisir par les candidats deux fois par an) au cours des années de lycée, ainsi que l'évaluation des compétences globales.

Le candidat nommé Wang, lycéen du Zhejiang, a choisi l'histoire, la chimie et la politique comme ses trois matières à passer. "J'ai eu de bons résultats dans ces matières, quand j'étais en deuxième année de lycée. J'ai repassé ces trois épreuves la troisième année, juste pour savoir si je pouvais m'améliorer", a-t-il confié.

La deuxième question est d'ajouter un plus grand choix dans les épreuves pour les candidats, selon un mode "3 plus 3" (les trois épreuves obligatoires du concours national et trois épreuves dont le choix est libre).

La troisième s'attaque aux règles d'admission de l'université. Ding Hongguang, assistant du président de l'Université Fudan (Shanghai), a expliqué qu'un candidat pouvait choisir une université en sélectionnant plusieurs matières, pour augmenter ses chances d'admission dans cette université spécifique, ou qu'un candidat, qui s'intéresse plutôt à une spécialité, pouvait faire le choix de plusieurs universités, mais avec la même matière.

Concernant la quatrième question, beaucoup d'enseignants de l'éducation supérieure pensent que la qualité globale d'un élève (niveau de connaissance, intérêts, personnalité et compétence d'apprentissage) deviendra aussi un critère important pour la réforme du gaokao. A ce sujet, la possibilité d'introduire une évaluation complexe est en cours de réflexion.

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Source: Agence de presse Xinhua

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