Envoyer [A A]

Ouvrez la cage aux rapaces !

French.china.org.cn | Mis à jour le 08. 12. 2016 | Mots clés : cage,rapace,protection

Zhou Lei (à g.) et des élèves libèrent des oiseaux aux Collines parfumées de Beijing le 10 septembre 2016.

Zhang Shuai est une jeune fille pleine de vie, toujours le sourire aux lèvres. Depuis onze ans, elle travaille à la protection des rapaces au sein du Beijing Raptor Rescue Center (BRRC). Elle connaît chacun des oiseaux de proie qu'elle a secourus dans les moindres détails. Le BRRC a pris une place importante dans sa vie. Quand elle n'est pas auprès des animaux, cette passionnée de biologie passe son temps dans le jardin du centre à entretenir les diverses plantes et fleurs.

À vrai dire, tous les membres du BRRC font preuve de cette attitude de respect et d'amour pour la vie. Cette force positive les pousse à se vouer à leur cause de soigneurs ornithologues.

Une cause encore peu connue

Le BRRC est l'un des nombreux programmes de conservation qu'a lancés le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) en Chine. Organisme sans but lucratif, le BRRC est né en décembre 2001 d'une coopération entre l'Université normale de Beijing, l'Administration des réserves naturelles pour la faune sauvage de Beijing et l'IFAW. Installé sur le campus de l'Université normale de Beijing, le centre a pour mission de porter secours aux oiseaux de proie et de leur apporter des soins jusqu'à leur guérison totale. Quelques mois avant son ouverture, le personnel est parti aux États-Unis pour recevoir une formation au California Raptor Center de l'Université de Californie. Par la suite, le BRRC a été honoré du titre de « centre spécial pour le sauvetage des rapaces » par le Bureau de la sylviculture de Beijing.

En quinze ans d'existence, le BRRC a remis sur pied plus de 4 000 oiseaux de proie, dont 55 % sont retournés à l'état sauvage. Le centre répond aux appels des habitants souhaitant signaler des activités de braconnage ou apporter un rapace qu'ils ont retrouvé blessé. Employés et volontaires du centre traitent toujours avec la plus grande attention chacun des spécimens. Comme nous le savons tous, les oiseaux de proie, comme la chouette, l'aigle ou le faucon, sont carnivores. Mais l'urbanisation a bouleversé leur environnement naturel et affecté leur chaîne alimentaire, de telle sorte que leur taux de reproduction a diminué. Étant en plus menacés par le braconnage et la pollution, de nombreuses espèces sont en voie d'extinction.

Pour partager ses connaissances sur les rapaces et leur protection, le BRRC organise diverses activités à destination des écoliers et étudiants, des volontaires et des amoureux des oiseaux : cours, expositions, visites, conférences, observations, remises en liberté des spécimens sauvés, etc. Les membres du centre souhaitent améliorer la qualité de leurs prestations pour s'aligner sur les normes internationales en matière de sauvegarde des oiseaux sauvages et espèrent continuer à accumuler de l'expérience. Mais leur travail n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît.

Actuellement, le BRRC compte cinq employés à plein temps. Zhang Shuai est la plus ancienne membre du personnel, mais à vrai dire, la dernière recrue est arrivée il y a déjà plus de 3 ans. Intégrer des nouvelles recrues n'est pas si facile. Zhang Shuai met son temps libre à profit pour partager son savoir sur la protection de l'environnement via les réseaux sociaux. Elle est devenue un « grand manitou » en la matière sur Sina Weibo. Chaque jour, elle publie des informations sur la conservation des oiseaux, tout en répondant aux questions des internautes. Désormais, son profil est suivi par une foule de fans, très impliqués dans la préservation de la faune sauvage.

Zhang Shuai en train de peser un hibou grand-duc. (PHOTOS : WEI YAO)

L'envol vers la liberté

Dai Chang est également soigneuse chez BRRC. C'est lorsqu'elle était étudiante en médecine vétérinaire à l'Université agricole de Qingdao qu'elle a entendu parler pour la première fois du centre dans les médias. Elle a alors rejoint l'organisme en tant que bénévole. À l'obtention de son diplôme, le BRRC l'a recrutée à temps plein, cela va faire six ans.

Dai Chang nous a expliqué le travail quotidien au centre. Les membres du personnel sont chargés de soumettre les rapaces à un examen de santé et de traiter leurs blessures, puis d'enregistrer toutes les données et commentaires sur le système RaptorMed. Il s'agit d'un logiciel en anglais, créé par le centre américain Carolina Raptor Center, pour compiler des données sur le sauvetage des rapaces : examen et résultats du diagnostic, soins prodigués, prescription et état post-traitement, etc. Et en cas de blessure particulièrement grave, le BRRC demande conseil auprès de ses collègues américains de l'IFAW.

Dai Chang est, elle aussi, une jeune fille souriante, qui communique avec aisance. D'ailleurs, il lui arrive de jouer le rôle de porte-parole lors des campagnes d'informations sur la réhabilitation des oiseaux de proie qu'organise le centre. Le 10 septembre dernier, lors d'une activité de remise en liberté de rapaces aux Collines parfumées de Beijing, c'est elle qui devait expliquer aux groupes d'enfants présents les missions du centre.

Heureusement, un grand nombre de volontaires prêtent main forte au BRRC, l'aidant dans les tâches de gestion et d'entretien, comme nettoyer les volières ou préparer la mangeaille pour les oiseaux de proie. La plupart sont des étudiants, issus de tous cursus (il figure même, parmi eux, un doctorant en histoire inscrit à l'Université normale de Beijing). À l'heure actuelle, le centre a formé plus de 400 bénévoles, se partageant les corvées quotidiennes.

Le soutien des citoyens est crucial pour aider les employés dans leur travail. Le 17 juin, un habitant de Beijing, M. Xu, a rapporté au centre une jeune crécerelle qu'il avait trouvée la veille à proximité du 4e périphérique ouest de la capitale, car il avait remarqué que le pauvre oiseau n'arrivait plus à s'envoler. Le 27 juin, Mme Jia a découvert un oiseau qui peinait à voler dans la cour de l'hôpital Xiehe de Beijing. Elle a alors contacté le BRRC pour qu'il prodigue des soins au volatile, également une jeune crécerelle.

Entre avril et juillet, période de nidification pour ces espèces d'oiseaux, le centre ne sait plus où donner de la tête. Shang Yugang, directeur du centre, a commenté : « Au cours de cette période, nous accueillons beaucoup de poussins. Par exemple, entre mai et juillet 2016, nous avons reçu 65 jeunes rapaces à secourir. » Les deux crécerelles apportées par M. Xu et Mme Jia, notamment, étaient des jeunes dont la première tentative de vol s'était soldée par une chute. Le 21 août, 8 jeunes crécerelles, dont les deux susmentionnées, ont été relâchées aux Tombeaux des Ming à Beijing. Ce jour-là, des citoyens lambda s'étaient mêlés à l'événement. L'un d'entre eux, M. Zhou Guang, a déclaré : « J'ai tout de suite adoré les rapaces, au premier coup d'œil. J'ai pensé à en adopter un chez moi, mais ce serait bien trop triste d'emprisonner un oiseau dans une cage ! Si l'on aime vraiment les oiseaux, il faut les laisser voler librement dans la nature. »

Bec et ongles contre le braconnage

Une fois que les oiseaux récupérés ont recouvré la santé, le centre choisit un lieu dans la périphérie pékinoise et le moment opportun pour les remettre en liberté. Le 8 septembre, le BRRC a relâché plusieurs rapaces au Parc national forestier de Jiufeng à Beijing, dont un milan noir resté en observation pendant près d'un an. Zhou Lei, employé au BRRC, raconte : « À son arrivée au centre, en octobre 2015, il était très faible : il n'arrivait plus à se tenir sur ses pattes, souffrant de blessures aux tarses et à la poitrine, sans oublier l'état pitoyable dans lequel étaient ses plumes. Nous soupçonnons qu'il a été capturé et élevé en cage en toute illégalité, car il était vraiment nerveux et craintif. À tel point qu'au début, il ne mangeait rien. Mais maintenant, il est totalement rétabli et prêt pour son retour à l'état sauvage. »

Selon les statistiques fournies par le BRRC, à la fin de 2015, le centre comptait à son actif 4 229 oiseaux de proie sauvés. Parmi eux, une grande partie ont été victimes du braconnage et du trafic d'animaux sauvages. Une tendance grandissante devenue aujourd'hui une menace majeure pour les rapaces. « Chaque fois que l'on voit un oiseau de proie monnayé sur un marché, il faut bien se dire que dix ont déjà certainement succombé à leurs blessures pendant la capture, le transport ou la vente », a expliqué Zhou Lei.

C'est lors de la saison migratoire, en automne, que les actes de braconnage sont les plus fréquents. Les médias chinois révèlent, chaque année, une multitude de cas de chasse d'oiseaux illégale. En octobre 2016 par exemple, la chaîne CCTV (Télévision centrale de Chine) a diffusé un reportage qui prenait pour thème des bénévoles pour la protection ornithologique à Tianjin et à Tangshan. En deux expéditions, ces personnes ont déniché et retiré plus de 20 000 m de filets de capture et ont délivré plus de 3 000 oiseaux. Zhang Shuai critique vivement ce commerce illicite sur les réseaux sociaux. Une large majorité des internautes la soutient, mais il reste des individus qui ne comprennent pas l'enjeu. « Ils me disent de me mêler de mes affaires », rapporte-t-elle.

Pour l'avenir, Zhang Shuai espère continuer de faire découvrir et comprendre le travail du BRRC au plus grand nombre. Et plus important encore, elle formule le vœu que les gens admirent de plus en plus d'oiseaux lorsqu'ils lèvent les yeux au ciel.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: french.china.org.cn

Réagir à cet article

Votre commentaire
Pseudonyme
Anonyme
Les dernières réactions (0)

Les articles les plus lus