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Wang Xiaohui, rédacteur en chef de China.org.cn et vice-président de l'Institut de traduction de Chine
Il y a 2000 ans, Zhang Qian a été chargé par la dynastie Han de mener une expédition vers les terres de l'Ouest, et a ainsi ouvert un chemin ininterrompu de plusieurs milliers de kilomètres entre l'Orient et l'Occident, la future Route de la soie terrestre. En 2013, le président chinois Xi Jinping a présenté une initiative visant à faire revivre ces anciens circuits commerciaux.
Les Nouvelles Routes de la soie ont été un sujet très discuté durant le sommet du G20 qui vient de se terminer à Hangzhou, et constituaient une partie importante du programme de la Chine à l'égard du G20. Nous pouvons prédire que dans les années à venir, la construction de ces Nouvelles Routes de la soie sera un point important de la stratégie nationale de développement économique, et un moyen efficace pour la Chine de s'intégrer en profondeur dans la communauté internationale.
Zhang Qian, il y a 2000 ans, et Zheng He avec ses expéditions maritimes menées il y a 600 ans, n'auraient jamais imaginé qu'ils allaient ouvrir des routes devenues aujourd'hui les principaux canaux de pétrole et de gaz de la Chine. Selon M. Gong Kai de CNPC, la présence du groupe à l'étranger suit en tout point les anciennes routes de la soie, et la signification stratégique de ces circuits est particulièrement forte.
Protéger la sécurité énergétique de la Chine
La Chine importe actuellement du pétrole et du gaz en provenance d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie du Sud-Est. 80 % de ces ressources passent par le détroit de Malacca. Ce taux suffit à illustrer la dépendance du pays envers le détroit. Le risque persistant de piraterie dans la région, l'instabilité politique et les fréquents incidents terroristes mettent en péril la sécurité du transport du pétrole et du gaz chinois. Avec la mise en œuvre des Nouvelles Routes de la soie, la Chine accélérera son ouverture vers l'Ouest, et pourra ajouter la Russie, l'Asie centrale et l'Asie du Sud à ses circuits commerciaux de pétrole, ce qui lui permettra de grandement améliorer sa sécurité énergétique.
En outre, grâce à la coopération commerciale et culturelle accrue avec les pays situés le long de ces circuits, la Chine pourra se faire mieux connaître de ces pays. Grâce à une coopération approfondie, impliquant plus d'entreprises locales, la Chine créera une situation d'interdépendance qui renforcera aussi la sécurité énergétique.
L'internationalisation des entreprises chinoises
Ces dernières années, les entreprises énergétiques chinoises ont accéléré leur processus d'internationalisation, mais leur capacité à contrôler les projets et à obtenir des ressources de haute qualité reste à améliorer. De nombreux pays développés ont pris plusieurs années d'avance dans ce domaine. Le Japon par exemple a fait connaître ses marques comme Panasonic et Sony en les vendant dans le monde entier pendant de nombreuses années. A cet égard, la Chine a encore beaucoup de travail à faire. La stratégie des Nouvelles Routes de la soie permettra d'approfondir les relations économiques et commerciales avec les pays situés le long des trajets, de renforcer la compréhension mutuelle et les échanges culturels, afin d'améliorer l'environnement d'investissement et d'affaires.
Une rare opportunité pour les infrastructures énergétiques
Les cinq aspects clés de la coopération dans le cadre des Nouvelles Routes de la soie sont la communication politique, la liaison des infrastructures, le libre-échange, la circulation des capitaux, et la communication entre les peuples. Les propositions sur la vision et la coopération faites dans le cadre de cette initiative soulignent clairement la nécessité de renforcer la coopération dans la liaison des infrastructures énergétiques et de préserver ensemble la sécurité des pipelines et d'autres canaux. Par conséquent, les Nouvelles Routes de la soie fournissent les conditions idéales d'internationalisation aux groupes énergétiques chinois.
La construction d'un nouvel ordre énergétique international
L'énergie n'est pas une simple marchandise, et le marché de l'énergie n'est pas un marché comme les autres. L'énergie est liée à de nombreuses questions politiques, financières et de sécurité. La voix de la Chine sur le marché international du pétrole n'est pas suffisamment forte par rapport à sa position dans l'économie mondiale. Les raisons sont complexes ; elles relèvent à la fois de la position historiquement dominante des Etats-Unis et d'autres pays développés sur ce marché, mais aussi de facteurs complexes inhérents au marché du pétrole. Les Nouvelles Routes de la soie permettront la formation d'un nouveau modèle d'approvisionnement énergétique et de demande, qui donnera à la Chine une position plus forte en tant que grand pays producteur et consommateur d'énergie, en matière de tarifs notamment. En outre, l'interopérabilité préconisée dans la coopération énergétique par l'initiative vise à la formation d'un ensemble multilatéral regroupant les producteurs, les transporteurs et les consommateurs pour améliorer leur pouvoir de négociation.
Les risques de la stratégie énergétique des Nouvelles Routes de la soie
La vision des Nouvelles Routes de la soie est positive à juste titre, mais les difficultés et les défis sont encore plus importants et complexes que ceux rencontrés autrefois par Zhang Qian et Zheng He.
L'instabilité géopolitique provoquée par une agitation politique s'est traduite dans certains pays par des changements de régime, un développement économique déséquilibré et une ouverture difficile des marchés. En raison d'énormes différences institutionnelles, ethniques et religieuses, et de facteurs complexes dus à la diversité culturelle, la stratégie de la Chine dans le cadre des Nouvelles Routes de la soie a parfois donné lieu à une incompréhension, voire à une certaine hostilité. Certains ont brandi une théorie de « la menace chinoise » et accusé la Chine de vouloir s'accaparer les ressources énergétiques.
En plus des facteurs externes, la construction de Nouvelles Routes de la soie est confrontée à des difficultés et des défis considérables. Elle nécessite en effet des investissements et des partenariats de long terme. Les résultats ne seront pas visibles dans trois ou quatre ans, mais dans plus d'une génération.
Le soft power à l'œuvre
En 2013, lorsque le président Xi Jinping a proposé l'initiative des Nouvelles Routes de la soie, il a également avancé les concepts de « cinq voies de communication », dont la dernière est la communication entre les peuples. L'objectif des Nouvelles Routes de la soie est aussi de rapprocher les sociétés et les peuples. Sans cet aspect, la réussite du projet serait bien moindre. Pour y parvenir, il faudra travailler sur deux aspects : les entreprises et les médias. Les médias à visée internationale comme China Daily, Radio Chine Internationale et China.org.cn ont ici un grand rôle à jouer.
Les médias doivent dire au monde que les Nouvelles Routes de la soie sont une initiative de la Chine, mais qu'elles appartiennent au monde entier, et qu'elles permettront de construire un chemin d'avenir partagé. Les médias chinois doivent bien parler de l'histoire de la Chine, de l'énergie, des groupes énergétiques chinois et des professionnels qui y travaillent, et bien sûr, du peuple chinois. En évoquant toutes les dimensions, de la politique, de l'économie, du commerce à la culture, les médias formeront un pont de communication entre les peuples pour réaliser une communauté de destin, et pour ouvrir une voie de développement, de prospérité et d'harmonie.
Source: french.china.org.cn |
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