Le président chinois Xi Jinping a appelé à l’accélération de la recherche, du développement et de la production des moteurs et des turbines à gaz pour les avions afin de permettre à la Chine d’établir un secteur aéronautique puissant. Il a formulé ces propos après l’établissement de la société Aero Engine Corp of China (AECC) à Beijing. Précédemment, tous les moteurs d’avion du pays étaient conçus et fabriqués parAviation Industry Corpof China (AICC).

La création de cette entreprise est une initiative stratégique qui va contribuer à améliorer le secteur de l’aéronautique et donner une impulsion à la modernisation de l’armée chinoise. C’est ce que M. Xi a fait savoir dans une instruction écrite qui a été lue lors de la cérémonie d’établissement de la société à Beijing dimanche matin.

Le Premier ministre Li Keqiang a déclaré dans une instruction écrite que les ingénieurs de la société devaient apprendre de l’expérience des autres pays et se concentrer sur les technologies clés pour les moteurs d’avions.

Baséeà Beijing, la société AECC a été financée par des fonds du Conseil des Affaires d’État, des autorités municipales de Beijing et des entreprises AICC et CACC (Commercial Aircraft Corp of China). Elle possède un capital social de 50 milliards de yuans (7,5 milliards de dollars) et compte 96 mille employés, avec six académies relevant de l’Académie des sciences sociales de Chine et de l’Académie d’ingénierie de Chine. Cao Jianguo, 53 ans, ancien directeur général de China Aerospace Science and Industry Corp, est le président d’AECC. Son directeur général est Li Fangyong, 53 ans, ancien vice–directeur général d’AICC.

Même si elle a réalisé des avancées remarquables dans les secteurs des sciences, des technologies et de la fabrication, les moteurs d’avions sont l’un des rares domaines dans lequel le pays reste loin derrière les leaders, notamment les États-Unis.

Les moteurs d’avions avancées comme les turboréacteurs avec postcombustion, qui propulsent les meilleurs avions de chasse au monde, dont le Lockheed Martin F–22 américain et le Sukhoi Su–35 russe, sont si sophistiqués que seuls les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unis sont capables de les développer et de les produire.

D’après des sources militaires, les plupart des meilleurs appareils des forces aériennes de l’Armée populaire de libération, comme l’avion de chasse J–10 et l’avion de transport Y–20, sont largement dépendants de moteurs importés de Russie, alors que le chasseur furtif de nouvelle génération J–20 a aussi utilisé des moteurs fabriqués en Russie pour ses vols d’essai.

Dans le Plan directeur « Made in China 2025 » publié par le gouvernement central l’an passé, les moteurs d’avions ont été mis sur la liste des 10 secteurs manufacturiers cruciaux d’une importance primordiale pour le pays et qui seront puissamment soutenus par le gouvernement.

Selon des observateurs, grâce aux efforts déployés par les chercheurs chinois au cours de la décennie précédente, un certain nombre de moteurs conçus en Chine, comme le moteur à réaction WS-10 "Taihang", ont été introduits et installés sur certains chasseurs J–10 et J–11. Ils ajoutent qu’il faudra encore du temps pour savoir s’ils sont suffisamment fiables et puissants pour remplacer les moteurs importés.

Yin Zeyong, membre de l’Académie d’ingénierie de Chine et directeur de la Commission des sciences et technologies d’AECC, a déclaré que la création de l’entreprise montre que la Chine est déterminée à mobiliser toutes les ressources nécessaires dans la recherche et le développement de technologies clés pour les moteurs d’avions. « L’établissement d’une entreprise de moteurs d’avions va renforcer la capacité de la Chine dans le domaine de l’aviation et améliorer l’efficacité de la recherche et du développement », explique Wang Ya'nan, rédacteur en chef du magazine Aerospace Knowledge. Et d’ajouter qu’il faut encourager la participation accrue du secteur privé dans ce secteur pour renforcer la concurrence.