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Un employé de banque compte des billets à Huaibei, dans la province de l'Anhui, le 22 juin 2010.
Qui pourrait oublier la lueur dans les yeux des statisticiens de Goldman Sachs en 2000, lorsqu'ils établissaient des corrélations de données entre plusieurs pays qui furent bientôt regroupés dans l'acronyme « BRIC ». Selon eux, le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine montraient un grand potentiel pour la croissance, et étaient destinés à devenir les plus grandes économies. La Chine était en tête du peloton. Ils prédisaient qu'elle dépasserait le Japon en 2015, et les Etats-Unis d'ici 2043. L'Afrique du Sud a été intégrée au groupe en 2010, renommé pour l'occasion BRICS.
Cependant, la force collective des BRICS s'est étiolée, aujourd'hui que les économies en développement montrent des tendances de croissance plus faible sur le long terme. La croissance moyenne des BRICS a chuté de 8 % à 6 %, alors que ces pays avaient il y a quelques années des taux de croissance annuels atteignant 11 %. Quoi qu'il en soit, l'an dernier, la production économique des BRICS combinés correspondait presque à celle des États-Unis.
Les opérateurs du marché dénoncent souvent des « anormalités » lorsqu'ils pensent que les autres peuvent bénéficier d'un avantage déloyal. Voilà exactement ce que les Etats-Unis, et d'autres pays, ont fait en prétendant que la Chine maintenait un yuan sous-évalué par rapport aux autres devises. Ces 10 dernières années, le cours du yuan a chuté de 8 à près de 6 yuans le dollar, mais au moment du « lundi noir » le 24 août, nombreux étaient encore ceux qui accusaient la Chine de commencer une guerre des devises. Il ne faut pas tenir compte de quelques jours de changements rapides comme indicateur unique. Les ajustements estivaux de l'économie mondiale ont lieu de façon sporadique, bien que relativement souvent.
Dans les mois à venir, la Chine pourra plus facilement vendre ses produits à d'autres pays, mais ses importations seront plus coûteuses. Il est aussi possible qu'elle ne souhaite pas acheter autant de matières premières qu'avant en raison de son ralentissement économique. L'indice de croissance du secteur manufacturier de la Chine (indice des directeurs d'achat ou PMI) est passé sous la barre des 50 depuis presque un an, après des pics occasionnels à 55 entre 2004 et 2014. Comme la barre des 50 est considérée comme la ligne entre la croissance et la récession, cela suggère que la Chine pourrait entrer en déclin. Et si la chute est « dure », son impact sera ressenti dans le reste du monde. Il faut aussi ajouter à l'indice PMI affaibli un manque général de nouveaux capitaux d'investissement et des suppressions d'emplois (qui génèrent une perte de la base de connaissances des employés).
Pourtant, je pense que la Chine connaîtra un atterrissage en douceur. Pourquoi ? Tout simplement parce que le pays a étudié son histoire, et décidé il y a plusieurs années qu'il doit gérer sa population beaucoup plus attentivement.
La Chine investit lourdement dans ses régions intérieures et occidentales, qui sont moins développées que les régions côtières. A l'heure actuelle, le développement cohérent de ses artères commerciales routières, de ses voies ferrées et de ses voies fluviales internes, complété par de nouveaux aéroports régionaux, soutient fortement le commerce intérieur. La Chine contrôle sa grande migration des régions rurales vers les villes en construisant environ 200 nouvelles villes dans les régions intérieures et en les connectant aux artères commerciales existantes. Ces deux projets permettront d'éviter une agitation sociale et économique, ce qui n'est pas certain dans d'autres pays. Aucun autre pays des BRICS n'a réalisé les prouesses de la Chine. Un exemple est la création par la Chine de deux banques d'investissement, la Nouvelle banque de développement et la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, pour aider les pays en développement. Le premier projet est destiné aux BRICS, le second à l'Asie en général.
En outre, la Chine a soutenu ses propres voies maritimes et ses ports, afin qu'ils puissent profiter pleinement des canaux de Suez et de Panama nouvellement élargis et relever le commerce mondial quand il recommencera à se développer, en particulier aux Etats-Unis, dans l'Union européenne et au Royaume-Uni. Je ne crois pas être trop optimiste.
Pourquoi la Chine connaîtra un atterrissage en douceur
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Un employé de banque compte des billets à Huaibei, dans la province de l'Anhui, le 22 juin 2010.
Qui pourrait oublier la lueur dans les yeux des statisticiens de Goldman Sachs en 2000, lorsqu'ils établissaient des corrélations de données entre plusieurs pays qui furent bientôt regroupés dans l'acronyme « BRIC ». Selon eux, le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine montraient un grand potentiel pour la croissance, et étaient destinés à devenir les plus grandes économies. La Chine était en tête du peloton. Ils prédisaient qu'elle dépasserait le Japon en 2015, et les Etats-Unis d'ici 2043. L'Afrique du Sud a été intégrée au groupe en 2010, renommé pour l'occasion BRICS.
Cependant, la force collective des BRICS s'est étiolée, aujourd'hui que les économies en développement montrent des tendances de croissance plus faible sur le long terme. La croissance moyenne des BRICS a chuté de 8 % à 6 %, alors que ces pays avaient il y a quelques années des taux de croissance annuels atteignant 11 %. Quoi qu'il en soit, l'an dernier, la production économique des BRICS combinés correspondait presque à celle des États-Unis.
Les opérateurs du marché dénoncent souvent des « anormalités » lorsqu'ils pensent que les autres peuvent bénéficier d'un avantage déloyal. Voilà exactement ce que les Etats-Unis, et d'autres pays, ont fait en prétendant que la Chine maintenait un yuan sous-évalué par rapport aux autres devises. Ces 10 dernières années, le cours du yuan a chuté de 8 à près de 6 yuans le dollar, mais au moment du « lundi noir » le 24 août, nombreux étaient encore ceux qui accusaient la Chine de commencer une guerre des devises. Il ne faut pas tenir compte de quelques jours de changements rapides comme indicateur unique. Les ajustements estivaux de l'économie mondiale ont lieu de façon sporadique, bien que relativement souvent.
Dans les mois à venir, la Chine pourra plus facilement vendre ses produits à d'autres pays, mais ses importations seront plus coûteuses. Il est aussi possible qu'elle ne souhaite pas acheter autant de matières premières qu'avant en raison de son ralentissement économique. L'indice de croissance du secteur manufacturier de la Chine (indice des directeurs d'achat ou PMI) est passé sous la barre des 50 depuis presque un an, après des pics occasionnels à 55 entre 2004 et 2014. Comme la barre des 50 est considérée comme la ligne entre la croissance et la récession, cela suggère que la Chine pourrait entrer en déclin. Et si la chute est « dure », son impact sera ressenti dans le reste du monde. Il faut aussi ajouter à l'indice PMI affaibli un manque général de nouveaux capitaux d'investissement et des suppressions d'emplois (qui génèrent une perte de la base de connaissances des employés).
Pourtant, je pense que la Chine connaîtra un atterrissage en douceur. Pourquoi ? Tout simplement parce que le pays a étudié son histoire, et décidé il y a plusieurs années qu'il doit gérer sa population beaucoup plus attentivement.
La Chine investit lourdement dans ses régions intérieures et occidentales, qui sont moins développées que les régions côtières. A l'heure actuelle, le développement cohérent de ses artères commerciales routières, de ses voies ferrées et de ses voies fluviales internes, complété par de nouveaux aéroports régionaux, soutient fortement le commerce intérieur. La Chine contrôle sa grande migration des régions rurales vers les villes en construisant environ 200 nouvelles villes dans les régions intérieures et en les connectant aux artères commerciales existantes. Ces deux projets permettront d'éviter une agitation sociale et économique, ce qui n'est pas certain dans d'autres pays. Aucun autre pays des BRICS n'a réalisé les prouesses de la Chine. Un exemple est la création par la Chine de deux banques d'investissement, la Nouvelle banque de développement et la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, pour aider les pays en développement. Le premier projet est destiné aux BRICS, le second à l'Asie en général.
En outre, la Chine a soutenu ses propres voies maritimes et ses ports, afin qu'ils puissent profiter pleinement des canaux de Suez et de Panama nouvellement élargis et relever le commerce mondial quand il recommencera à se développer, en particulier aux Etats-Unis, dans l'Union européenne et au Royaume-Uni. Je ne crois pas être trop optimiste.
Source: french.china.org.cn |
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