[A A] |
Il est possible que l'Union européenne fasse pression sur Beijing pour qu'elle « renforce » ses engagements en matière de changement climatique afin que la Chine puisse faire des progrès considérables dans ses objectifs d'émissions de carbone d'ici à 2025, affirme Jo Leinen, président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec la Chine.
L'appel à une action plus énergique est survenu quelques jours après que la Chine et les États-Unis eurent annoncé de nouvelles limites sur les émissions de CO2 lors de la récente réunion de la Coopération économique Asie-Pacifique qui s'est tenue dans la capitale chinoise. En vertu de l'accord, le président Xi Jinping a déclaré que la Chine ferait tout son possible pour réduire ses émissions de CO2 à partir de 2030.
Le président Barack Obama a promis que les États-Unis vont réduire leurs propres émissions de 26 à 28 % d'ici à 2025 sur la base de 2005.
Mais M. Leinen, qui était également président de la commission du Parlement européen sur l'environnement, a déclaré : « Tant Bruxelles que Beijing doivent renforcer leurs engagements. »
À Bruxelles, certains croient que les émissions de carbone de la Chine pourraient grimper en flèche d'ici à 2025, dit-il.
Dans le cadre de l'accord avec les États-Unis, le président Xi a indiqué qu'aux environs de 2030, 20 % de l'énergie de la Chine proviendrait de sources renouvelables.
Au cours des derniers mois, l'UE a adopté un plan d'action plus vigoureux sur le changement climatique. En octobre, elle a conclu un accord qui contraint juridiquement ses pays membres à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 % sous les niveaux de 1990 d'ici à 2030.
« Tous les pays doivent renforcer leur engagement, et Bruxelles doit faire plus », dit M. Leinen.
Alors que ce dernier exhorte la Chine à adopter un plan plus vigoureux sur le changement climatique, il a aussi déclaré que le pays a été plus franc lors des négociations mondiales sur le climat, et qu'il y a des signes de la part des dirigeants chinois qu'ils vont discuter de l'échéancier de l'entente à Paris.
« Cela va aider beaucoup, parce que l'incertitude concernant l'année de pointe en Chine met l'ensemble du système mondial en doute, dit-il. Il serait donc bon de mettre sur la table l'année de la pointe des émissions. 2030, c'est trop tard, cela doit être plus tôt. »
Selon lui, Bruxelles souhaite voir la Chine atteindre le sommet de ses émissions de CO2 d'ici à 2020, mais un compromis entre 2020 et 2030 pourrait être atteint. Il admet également que l'objectif de 2030, exprimé par l'UE, de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % sous les niveaux de 1990 n'est pas suffisant pour stabiliser le réchauffement climatique.
« Je pense que nous pouvons faire mieux. Il y a une clause de révision dans la décision prise par le Conseil de l'Europe. En 2020, nous pouvons réviser ces objectifs et les améliorer », dit-il.
En plus de revoir ses objectifs de changement climatique, le Parlement européen pourrait exercer une pression accrue sur les pays membres pour fixer des objectifs plus stricts en matière d'énergie renouvelable ainsi que des objectifs d'efficacité, dit-il.
Mais un défi majeur a pesé lourd depuis la récession mondiale de 2008 : inciter les États membres dans des situations économiques difficiles à être plus ambitieux en l'absence d'un accord international contraignant sur l'environnement.
« Si, à Paris, les plus gros émetteurs – les États-Unis et la Chine – ont des ambitions, des buts et des objectifs, je dirais que l'Europe est prête à faire plus, affirme M. Leinen. Unilatéralement, je doute que la volonté politique (dans l'UE) existe pour que nous soyons en avance de tous dans le monde. »
M. Leinen estime que l'UE a besoin que ses ambitions soient en adéquation avec les grandes économies mondiales, lesquelles incluent la Chine et les États-Unis.
L'UE et la Chine coopèrent actuellement dans plusieurs projets de protection du climat, lesquels incluent les transferts de technologie, la production d'électricité, le transport, le chauffage et la climatisation.
« Je pense que cette coopération intensive devrait être plus intense. Et j'espère que le prochain Sommet UE-Chine mettra l'accent sur ces domaines de durabilité, en particulier sur la protection du climat », dit M. Leinen.
Malgré sa transition continue d'un pays en développement à un pays plus développé, la Chine dispose d'une stratégie pour l'avenir, celle d'avoir un pays propre, des industries propres et des villes propres qui profiteront au pays et au monde, dit M. Leinen.
« C'est fort bien accueilli. La Chine est un pays à deux visages : l'ancien et le nouveau, dit-il. Sa responsabilité est toujours plus grande que son propre territoire. »
Il a indiqué que l'UE et la Chine devraient travailler sur un système de plafonnement et d'échange des émissions pour imposer des prix sur les émissions de carbone et créer de la concurrence entre les différents protagonistes du marché afin de réduire davantage les émissions. Il a complimenté le pays pour son plan d'investissement considérable dans les énergies renouvelables et les technologies avancées en matière de piles pour les voitures électriques, mais il veut aussi voir le pays moderniser ses modes de transport, la production d'énergie et la construction urbaine.
« Un grand nombre des villes chinoises construites rapidement au cours des 30 dernières années ne sont pas durables. Elles ressemblent davantage à des copies des villes dans le monde qui, elles aussi, ne sont pas durables », dit-il.
Malgré sa critique de la Chine, M. Leinen convient que l'opinion publique enver le Parlement européen n'est « pas bonne », mais que « nous essayons toujours d'améliorer notre image, notre profil ».
Ce qui rend le Parlement européen unique, c'est sa diversité, dit-il.
« Nous avons des centaines de législateurs, ainsi que 65 partis politiques différents provenant de 28 États membres. Nous sommes donc très diversifiés sur le plan de nos opinions et de nos intérêts, et de l'extérieur, cela semble parfois assez complexe et difficile. »
Bien que certains pays d'Europe visent plus directement la critique envers les questions des droits de l'homme en Chine, d'autres se tournent vers la promotion de la coopération économique.
« Puis, il y a la façon dont vous considérez la Chine. Si vous regardez l'économie, vous avez de l'espoir. Si vous regardez sa politique, vous pouvez voir des problèmes, dit M. Leinen. Mais sous ma direction, je vais prendre soin de notre relation et la développer. »
M. Leinen affirme qu'il va essayer d'améliorer la relation entre l'Europe et la Chine pour parvenir à une compréhension mutuelle commune sur les systèmes politiques et culturels afin de résoudre les problèmes à mesure qu'ils surviennent.
« La relation bilatérale peut être complémentaire en matière de développement économique ainsi que dans les grandes questions allant de la protection du climat, le libre-échange et les politiques d'exploration spatiale jusqu'à la coopération sur les satellites. »
Source: french.china.org.cn |
|
||