Sessions politiques : La Chine vise une urbanisation plus saine

La promotion de l'urbanisation fait partie des points phares de cette première année d'approfondissement global des réformes, et suscite d'autant plus d'intérêt qu'elle est un élément essentiel pour régler les problèmes liés à l'agriculture, aux campagnes et à leurs habitants, et pour réaliser la montée en gamme de l'économie chinoise. Le public chinois espère que les représentants de l'ANP et les membres de la CCPPC pourront, lors des deux sessions qui s'ouvriront bientôt, avancer des idées et propositions pouvant contribuer au développement d'une urbanisation plus saine mettant l'homme au cœur de la ville.

Depuis la mise en œuvre de la politique de réforme et d'ouverture, la population chinoise est passée de 170 millions en 1978 à 710 millions en 2012, avec un taux d'urbanisation équivalent à la moyenne mondiale. Mais parallèlement, le prix très élevé de l'immobilier dans les grandes villes, les embouteillages et les inégalités d'accès aux services publics sont autant de signes trahissant l'existence de nombreux problèmes accumulés au cours de l'urbanisation du pays.

L'impossibilité pour les travailleurs migrants de s'intégrer véritablement dans les villes constitue l'un des points névralgiques du processus d'urbanisation. Selon les statistiques officielles, le taux d'urbanisation a atteint 52,6 % en Chine fin 2012, mais si l'on ne prend en compte que la population disposant d'un permis de résidence, ouvrant droit aux services publics urbains de base, ce chiffre tombe à 35 %.

Cet écart de plus de 10 points de pourcentage correspond à 126 millions de travailleurs migrants habitant en zones urbaines. La plupart d'entre eux sont dans une situation périlleuse, face à la difficulté de s'intégrer en ville d'une part, et à l'impossibilité de retourner travailler la terre d'autre part.

Si ce problème persiste, la Chine risque de répéter l'erreur du Brésil dans son processus d'urbanisation, qui a engendré l'apparition massive de bidonvilles. De plus, dans une telle situation de précarité, cette partie de la population, même « urbanisée », ne sera jamais égale aux citadins en termes de pouvoir d'achat et de modes de consommation, et sera donc incapable de créer une plus-value pour la montée en gamme de l'économie chinoise.

La croissance démographique trop importante aggrave chaque jour les maladies urbaines telles que la pollution atmosphérique, les embouteillages et les prix trop élevés de l'immobilier. Pour éviter que ces phénomènes ne prennent de l'ampleur, les autorités ont fait savoir explicitement, lors d'une récente conférence sur l'urbanisation, qu'il « ne s'agit pas de faire se multiplier les villes géantes », mais de créer et de développer progressivement, là où cela s'y prête, des agglomérations dans les régions Centre-Ouest et Nord-Est de la Chine.

Cette année, plusieurs villes dont Beijing, Shanghai, Hangzhou et Wuhan ont adopté des mesures rigoureuses visant à contrôler la population migrante, telles que le transfert industriel et la création de centres urbains secondaires.

Mais un fait notable est que ni le contrôle de la population dans les grandes villes, ni la création de nouvelles agglomérations, ne sont des conditions suffisantes pour permettre une urbanisation plus équilibrée. Ce qui pousse les migrants à arriver massivement dans les grandes villes gangrénées par les maladies urbaines, ce sont les ressources publiques propres à ces villes, en matière d'éducation et de soins médicaux, mais également les meilleures possibilités de développement personnel qu'elles offrent.

On attend des deux sessions de 2014 que les délégués apportent une réponse plus rationnelle à la question « Où vont les Chinois ? ». Le plus important, outre la réglementation par des moyens administratifs, est que toutes les villes puissent accéder équitablement aux ressources lors du processus d'urbanisation, afin de favoriser une répartition plus homogène de la population chinoise.

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