L'interdiction de fumer dans les lieux publics imposée aux fonctionnaires affronte des obstacles

L'application de l'interdiction de fumer dans les lieux publics ou lors d'activités officielles qui est imposée aux fonctionnaires du Parti et du gouvernement pourrait affronter d'énormes défis, ont déclaré des fonctionnaires et des experts.

Une circulaire publiée dimanche par le gouvernement central interdit aux fonctionnaires du Parti et du gouvernement de fumer dans les lieux tels que les écoles, les hôpitaux, les centres sportifs, les musées et les véhicules de transport public.

Elle leur interdit également de fumer pendant les « activités officielles », y compris les réunions et dîners d'affaires, selon Wang Yukai, professeur à l'Académie chinoise de la gouvernance.

Toutefois, un fonctionnaire de Xuchang, province du Henan, qui n'a fourni que son nom de famille ‒ Zhen ‒ a déclaré qu'il ne sera pas facile de mettre ces interdictions en pratique.

« Quand nous allons en mission visiter des villages, les cadres du village et d'autres villageois nous offrent une cigarette en guise de politesse. Ils vont penser que nous faisons des manières si nous les refusons », dit-il.

« De plus, c'est comme l'alcool, si vous ne fumez pas pendant que tout le monde le fait, cela complique votre travail parce que vous ne serez pas en mesure de vous intégrer, et au fil du temps, vous pourrez vous retrouver exclus. »

M.Zhen a déclaré avoir vu des fonctionnaires qui participaient à des réunions fumer à l'hôtel pendant les pauses.

Citant un fonctionnaire de la province du Hunan qui a gardé l'anonymat, le Beijing Times a écrit que, lors d'une conférence, quand le plus haut fonctionnaire commence à fumer dans une salle, d'autres suivent

Xie Chuntao, professeur de l'École du Parti du Comité central du PCC, a déclaré à l'Agence de presse Xinhua que fumer, qui peut sembler être une affaire privée, peut avoir des effets inattendus lorsque vous le faites en public.

« Si l'un de vos dirigeants fume, vous devez fumer avec lui pour éviter de causer de l'embarras, et l'une des salutations les plus courantes chez les fonctionnaires est d'échanger des cigarettes », a déclaré M. Xie.

Soixante et un pour cent des fonctionnaires chinois de sexe masculin fument, et 52,7 % d'entre eux ont dit n'avoir jamais essayé d'arrêter, selon l'Association chinoise pour la lutte contre le tabagisme.

Suo Chao, gestionnaire de projet de l'association, a dit qu'il avait constaté que des fonctionnaires étaient encouragés à fumer ou contraints de le faire.

« Que devez-vous faire si votre patron vous offre une cigarette? Devez-vous l'accepter ou pas? » dit-il.

Mais selon Yang Gonghuan, vice-présidente de l'association, la circulaire pourrait aider à réduire le taux de tabagisme chez les fonctionnaires et changer la tradition de fumer.

« Les fonctionnaires de la base peuvent choisir de refuser les offres de cigarettes des villageois en les informant de la circulaire et en leur disant que fumer est mauvais pour leur santé. Les choses peuvent changer grâce à des efforts persistants », dit-elle.

« Il y a des décennies, certains dirigeants du gouvernement central fumaient (dans les lieux publics), mais maintenant ils ne le font pas. C'est en raison d'un changement de culture. »

La circulaire traite non seulement du fait de fumer, mais aussi de la corruption possible, a ajouté Mme Yang.

« Le taux élevé de tabagisme parmi les fonctionnaires a un lien avec la corruption, parce que beaucoup de leurs cigarettes ont été offertes en cadeaux », dit-elle, se référant à la circulaire qui interdit l'utilisation de fonds publics pour acheter des cigarettes.

« Les recettes des ventes de vin et celles des restaurants haut de gamme ont considérablement diminué après la publication des politiques du gouvernement. Je crois que cette circulaire sera efficace également. »

Le gouvernement central a fixé comme objectif d'interdire de fumer dans les lieux publics au cours du XIIe Plan quinquennal (2011-15). Mais il n'y a pas encore de loi nationale interdisant de fumer dans les lieux publics.

Mme Yang a suggéré qu'une telle loi est nécessaire pour légaliser les propositions contenues dans la circulaire.

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