BEIJING, 25 décembre (Xinhua) -
Quand Zhang Gaoli est né dans une famille de paysans pauvres il y a
66 ans, probablement personne n'imaginait qu'il deviendrait un jour
l'une des personnes les plus puissantes de Chine.
Le "garçon pauvre" cependant l'est
devenu quand il a été promu le mois dernier en tant que membre du
noyau dirigeant du parti au pouvoir en Chine.
M. Zhang a été élu membre du Comité
permanent du Bureau politique du Comité central du Parti communiste
chinois (PCC) avec six autres collègues - Xi Jinping, également
nouvellement élu secrétaire général du Comité central du PCC, Li
Keqiang, Zhang Dejiang, Yu Zhengsheng, Liu Yunshan et Wang
Qishan.
L'histoire de Zhang Gaoli, qui a
grimpé étape par étape au sommet de la hiérarchie politique du
pays, est un exemple typique de lutte personnelle dans la sphère
politique chinoise, plus ou moins comme le Vilain Petit Canard de
Hans Christian Andersen.
Les ancêtres de M. Zhang étaient
tous des agriculteurs pauvres du village côtier de Panjing, situé à
Jinjiang dans la province du Fujian (sud-est de la Chine), et son
père est décédé alors qu'il n'avait que trois ans. Vivant avec sa
mère, il faisait des travaux agricoles et allait à la pêche comme
les autres villageois.
Sa mère est parvenue à soutenir sa
scolarité malgré la pauvreté de la famille. Zhang Gaoli, un élève
diligent, est entré à la prestigieuse Université de Xiamen en 1965,
pour étudier les statistiques dans le département d'économie.
Après avoir obtenu son diplôme en
1970, quatre ans après le début de la Révolution culturelle (1966 -
1976), M. Zhang est devenu ouvrier de la compagnie pétrolière de
Maoming au Guangdong. Il a passé plus d'un an à travailler à la
fois comme grutier et chargeur, transportant des sacs de ciment sur
l'épaule presque chaque jour.
Il est plus tard passé par les
postes d'employé de bureau, secrétaire adjoint du Comité de la
Ligue de la jeunesse communiste pour la compagnie pétrolière puis
secrétaire adjoint du Comité du PCC pour la raffinerie de
l'entreprise.
En 1984, il avait fait son chemin
jusqu'au poste de directeur général de la société, tout en servant
comme secrétaire adjoint du Comité du PCC pour la municipalité de
Maoming.
Cet économiste de profession
commença à diriger en 1985 la commission économique de la province
du Guangdong, puis devint vice-gouverneur de la province trois ans
plus tard.
VETERAN DE LA GESTION
ECONOMIQUE
Les résidents de Tianjin ont placé
de grands espoirs en M. Zhang quand il est devenu chef du Parti
pour cette ville portuaire voisine de Beijing en mars en 2007. Ils
espéraient que ce vétéran de la gestion économique, qui avait
accumulé de l'expérience dans des avant-postes de la réforme et de
l'ouverture du pays, dont Shenzhen, pourrait aider leur ville à
retrouver sa gloire passée, en tant que l'un des grands centres
économiques du pays.
Et M. Zhang ne leur a pas fait
défaut.
Malgré la stagnation à la fois de
l'économie mondiale et de l'économie chinoise pendant la période
2007-2011, Tianjin a vu son produit intérieur brut (PIB) progresser
de manière constante avec un taux annuel de 16,5% sur cinq années
consécutives.
Le PIB par habitant de Tianjin a
franchi le cap des 13.000 dollars en 2011, ce qui a placé cette
ville à la tête du palmarès du pays.
Plus de 1.000 entreprises hautement
polluantes et gourmandes en ressources ont été fermées au cours de
ces cinq années, tandis que des industries de hautes technologies
sont devenues graduellement les piliers de l'économie de la ville,
avec entre autres la mise en service de super-ordinateurs et
l'implantation de fabriquants de nouveaux types de fusées porteuses
et d'avions.
La chaîne de montage d'Airbus à
Tianjin a assemblé plus de 100 A320 et est devenue un modèle de la
coopération sino-européenne.
Tianjin est également devenue l'une
des villes organisatrices de la réunion annuelle des nouveaux
Champions du Forum économique mondial, plus connu sous le nom de
Forum de Davos d'été.
Les réalisations de Zhang Gaoli à
Tianjin doivent beaucoup à l'expérience qu'il a acquise quand il
travaillait dans les provinces du Guangdong et du Shandong.
En tant que responsable provincial
pour le domaine économique, Zhang Gaoli a passé plus de dix ans
dans le Guangdong tout en cumulant pendant des années le poste de
chef du Parti pour la ville de Shenzhen, vitrine de la réforme de
la Chine, où il a pu voir les nouvelles politiques économiques
transformer cette province et cette ville.
Pendant la crise financière
asiatique à la fin des années 1990, M. Zhang a encouragé
l'amélioration des infrastructures de Shenzhen, telles que
l'expansion de l'aéroport, la construction du métro et
l'élargissement de l'avenue Shennan (sud de Shenzhen), afin de
réduire le fossé de développement entre cette ville champignon et
la métropole voisine de Hong Kong.
Grâce aux efforts de M. Zhang et
des anciens dirigeants de la ville, une statue de Deng Xiaoping a
été inaugurée sur la colline Lianhua en 2000 lors du 20e
anniversaire de l'établissement de la zone économique spéciale,
avec l'approbation du Conseil des Affaires d'Etat.
Après qu'il eut pris ses fonctions
au Shandong et soit devenu successivement gouverneur et chef du
Parti pour cette province, Zhang Gaoli a consacré son attention au
développement du commerce extérieur, des industries de hautes
technologies et de l'économie privée.
En 2006, le PIB du Shandong a
dépassé 2.000 milliards de yuans (256 milliards de dollars), en
deuxième position derrière la province du Guangdong.
UN STYLE
Zhang est réputé parmi les
responsables locaux pour son style de travail terre à terre et ses
exigences strictes.
Il appelait souvent des
responsables de districts et de bourgs dans la nuit pour leur poser
des question sur le bon déroulement du travail.
Des responsables locaux
plaisantaient d'ailleurs souvent, déclarant qu'ils n'avaient peur
ni "des dieux du ciel ni des dieux de la terre, mais seulement des
appels téléphoniques nocturnes du Secrétaire Zhang".
"Faire plus et parler moins", telle
est sa devise.
Dès son arrivée à Tianjin en 2007,
Zhang s'est rendu dans la nouvelle zone de Binhai, une zone pilote
de réforme globale considérée comme étant un nouveau moteur
économique du pays, pour mener une inspection des usines et du
port. Il a également visité des communautés résidentielles et
discuté avec des habitants.
Au cours des années suivantes, il a
effectué presque une fois par mois des tournées d'inspection à
Binhai pour s'aviser des problèmes dans le développement de la zone
et aider à trouver des solutions.
"Servir le peuple, travailler de
manière pragmatique et être intègre" sont les mots que Zhang cite
toujours pour son propre usage et celui de ses collègues.
A Tianjin, il s'est souvent rendu
sur des marchés, dans des jardins et quartiers résidentiels,
accompagné seulement d'une ou deux personnes, afin de se savoir ce
que pensait vraiment le public.
Il pouvait également être vu
prenant le taxi ou jouant aux échecs avec des vieillards sur le
bord d'une route, tout cela afin de recueillir les opinions du
public.
"Moi, je suis né pauvre, c'est
pourquoi je ressens que mon devoir en tant que fonctionnaire est de
travailler de mon mieux, d'être honnête et de servir le peuple de
tout mon coeur", a déclaré en mars M. Zhang à un journaliste en
marge d'une session annuelle de l'instance législative
nationale.
Comme l'a commenté un internaute,
si un responsable se rappelle qu'il était un "enfant pauvre", alors
il comprend les joies et les souffrances des gens du peuple.
Pour les habitants du village natal
de Zhang Gaoli cependant, la personne derrière le grand nom reste
un étranger car il ne retourne que rarement au village de Panjing,
où habite toujours son frère.
En tant que haut dirigeant du pays,
M. Zhang a indiqué qu'il continuerait à accepter la supervision du
peuple.
"Si qui que ce soit vient vous voir
pour vous demander une faveur en mon nom ou au nom des miens, de
mes amis ou de mes subordonnés, alors il faut la lui refuser sans
la moindre hésitation", a déclaré M. Zhang lors d'une réunion
d'adieu devant des responsables à Tianjin.
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