Alors que se déroule la journée
mondiale de lutte contre le sida, Xiao Qi (pseudonyme) n'est
toujours pas sûr qu'il remportera un procès contre les autorités de
l'éducation qui auraient rejeté sa demande d'emploi en raison de sa
séropositivité.
En effet, son procès contre le
bureau de l'éducation du district de Jinxian dans la province du
Jiangxi (est), soumis à un tribunal local le 26 novembre, n'a pas
encore été officiellement inscrit au rôle.
Toutefois, le jeune homme est
déterminé à poursuivre cette bataille juridique. "Parce que cela
n'est pas seulement pour moi, mais pour l'ensemble des personnes
vulnérables atteintes par le VIH/sida", affirme-t-il.
Xiao Qi a passé un examen de
qualification pour devenir enseignant en juin et a obtenu de très
bonnes notes. Mais son rêve de devenir enseignant a été brisé après
qu'il a été contrôlé positif au VIH lors de l'examen médical
obligatoire de pré-embauche. Ce résultat a été cité par le bureau
de l'éducation pour le disqualifier.
Par défi, Xiao Qi a donc décidé de
défendre ses droits légitimes par la voie juridique. Pourtant il
n'est pas optimiste, malgré le fait que les règlements
gouvernementaux sur le VIH/sida stipulent que les droits à
l'emploi, à l'éducation et aux soins médicaux des personnes
atteintes du VIH/sida et de leurs membres de famille devaient être
protégés par la loi.
Xiao Qi n'est pas la première
personne en Chine à intenter un procès pour discrimination à
l'embauche liée au sida.
Yu Fangqiang, directeur de
l'organisation de lutte contre la discrimination Tianxiagong
(signifiant en chinois la justice pour tout le monde), a relaté
avoir aidé trois porteurs du VIH qui avaient fait l'objet d'une
discrimination similaire. Cependant, leurs procès ont été soit
perdus, soit simplement rejetés par les tribunaux.
"Après avoir perdu leur procès, ils
ont été obligés de dissimuler leur séropositivité lors de leur
recherche d'emploi suivantes, ou de simplement rester chez eux sans
rien à faire", a fait remarquer M. Yu.
La Chine, avec une population de
plus de 1,3 milliard d'habitants, compte quelque 780.000 personnes
vivant avec le VIH/sida. Le nombre de cas déclarés de VIH/sida
était de 492.191 fin octobre, dont 68.802 nouveaux cas enregistrés
cette année, selon le ministère de la Santé.
Un rapport publié par
I'Organisation internationale du travail et le Centre de prévention
et de contrôle des maladies de Chine indique que les personnes
atteintes du VIH/sida en Chine font face à des discriminations à
l'embauche, telles que le test de dépistage obligatoire, le refus
d'opportunités d'accès à l'emploi, la démission forcée et la
dégradation.
Les personnes atteintes du VIH/sida
luttant contre la discrimination à l'embauche sont confrontées à
une situation plus difficile que les personnes atteintes d'autres
maladies contagieuses, car beaucoup de gens sont enclins à attacher
un jugement moral aux personnes atteintes du VIH, a fait observer
Liao Qinghua, responsable de prévention et de contrôle du sida au
Centre de prévention et de contrôle des maladies de la province du
Jiangxi.
Xiao Yu (pseudonyme), un volontaire
de lutte contre le sida, également séropositif, a raconté qu'il
avait été violemment réprimandé par son ancien patron après lui
avoir dit la vérité par téléphone. Son patron l'avait alors traité
d'"immoral" pour avoir travaillé dans sa société.
Selon les Réglements chinois sur la
prévention et le traitement du VIH/sida publiés en 2006, les droits
légaux des personnes vivant avec le VIH/sida et de leurs proches
doivent être protégés, y compris les droits au mariage, à l'emploi,
aux soins médicaux et à l'éducation.
Cependant, le critère de santé lié
au recrutement des fonctionnaires en Chine stipule que les
séropostifs doivent être disqualifiés. Ce critère a également été
adopté par de nombreux autres employeurs, tels que les écoles, les
établissements publics et les entreprises d'Etat.
Yu Fangqiang a suggéré qu'abolir un
tel critère serait une percée dans la lutte contre la
discrimination à l'embauche liée au sida, justement comme ce qui
s'est passé pour l'hépatite B.
Le 10 février 2010, les ministères
chinois de la Santé, des Ressources humaines et de l'Education ont
publié conjointement une circulaire, exhortant à l'annulation, à
l'échelle nationale, du test de l'hépatite B dans l'examen médical
pour l'inscription scolaire et l'emploi.
Cette mesure intervient après que
les chercheurs d'emploi chinois, dont ceux souhaitant entrer dans
la fonction publique, se soient longtemps plaints contre la
discrimination liée à l'hépatite B.
A la veille de la Journée mondiale
du sida, le vice-président chinois Xi Jinping a rendu visite à un
groupe de personnes vivant avec le VIH/sida dans une clinique de
quartier à Beijing, où il a indiqué que le VIH/sida n'était pas
terrible, mais que ce qui était vraiment effroyable, c'est
l'ignorance sur le VIH/sida et les préjugés contre les sidéens.
"Tous les porteurs du VIH et
malades du sida sont nos frères et soeurs, et la société entière
doit illuminer leur vie avec de l'amour", a-t-il souligné.
Le gouvernement doit agir en chef
de file en éliminant la discrimination liée au sida à travers
divers moyens, par exemple, l'établissement d'un comité sur
l'égalité des chances, a ajouté Yu Fangqiang.
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