Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue jeudi, les médecins ont annoncé que l'état de Yue Yue avait empiré.

Quand elle veut dire à ses parents qu'elle doit aller à la toilette, crier pour demander de l'aide est sa façon habituelle de faire.

La fillette de 2 ans a également peu de jouets avec lesquels elle peut s'amuser et peu de choses à faire, sauf se promener seule à l'extérieur de la boutique de quincaillerie de ses parents.

Ceux-ci, originaires de la province du Sichuan, exploitent une boutique dans un marché de quincaillerie de Foshan, la même ville où une autre enfant de travailleurs migrants, Yue Yue, a subi de graves blessures la semaine dernière après avoir été écrasée à deux reprises par des véhicules.

« Nous n'avons pas le temps de prendre soin d'elle, parce que nos affaires nous tiennent très occupés », déclare Chen Junming, père de la fillette.

Cette dernière fait partie des nombreux enfants qui sont souvent laissés seuls par leurs parents, des travailleurs migrants dans le Guangdong. Comme les Chen, bon nombre d'entre eux sont venus dans cette province, un carrefour de fabrication, pour exploiter de petites entreprises.

Quand on l'a interrogé sur le fait de laisser un enfant seul, M. Chen a dit : « Nous savons que cela n'est pas bon. »

Depuis qu'il a entendu parler de l'accident de Yue Yue, M. Chen veut que sa fille retourne dans la ville natale de la famille.

« Nous sommes vraiment inquiets, et nous nous demandons si les enfants sont en sécurité dans les rues d'ici, dit-il. Vous devez avoir vu qu'un grand nombre de fourgonnettes et de camions circulent dans les petites rues de ce marché. »

L'année dernière, des enfants de travailleurs migrants sont décédés dans le tiers des 1 000 accidents et plus ayant impliqué des enfants dans le Guangdong. La négligence des parents a été un facteur important ayant contribué à ces événements malheureux, a déclaré Zeng Jinhua, directeur du Centre de développement et de recherche sur l'enfance et la jeunesse du Guangdong.

Le Guangdong abrite environ 37 millions de migrants, ce qui représente le tiers de la population totale de la province et le septième de la population migrante du pays.

En raison de leur manque d'argent, les travailleurs migrants ne peuvent habituellement pas payer des compagnies d'aide-domestique pour prendre soin de leurs enfants, déclare M. Zeng.

« Les parents n'ont pas de temps à passer avec leurs enfants, dit-il, de sorte que ceux-ci jouent ou se promènent seuls. Cela pose de gros dangers pour ces enfants. »

Depuis qu'on a appris que Yue Yue était seule dans une rue de ce marché de quincaillerie et qu'elle a été frappée par deux véhicules, les psychologues ont demandé aux parents migrants d'accorder plus d'attention à la sécurité de leurs enfants.

À Foshan, le marché abrite plus de 2 000 petites entreprises, et la plupart sont exploités par des travailleurs migrants.

« Nous ne parlons pas beaucoup entre nous pendant que nous faisons des affaires ici », confie un propriétaire de magasin du nom de Du. « Voilà pourquoi tant de passants n'ont pas porté assistance à Yue Yue quand elle était étendue dans la rue. »

Selon Zeng Yingru, secrétaire adjoint du Comité de la Ligue de la jeunesse communiste du Guangdong, des services de volontaires seront bientôt offerts afin de protéger les enfants des travailleurs migrants de la province.

Parallèlement, l'état de Yue Yue a empiré. Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue jeudi, Su Lei, directeur de l'unité de soins intensifs de l'Hôpital général du Régiment militaire de Guangzhou de l'Armée populaire de libération, a déclaré que plusieurs de ses organes internes se sont détériorés et que l'hôpital avait averti les parents que son état était critique.

Mercredi matin, son cœur a cessé de battre soudainement, et elle n'a pu être réanimée qu'après avoir subi 40 min de traitement.