Baidu, le plus important moteur de recherche chinois, n'a pas réussi à satisfaire les auteurs chinois en supprimant de sa bibliothèque numérique les contenus violant les droits d'auteur.

Parallèlement, les musiciens du pays sont en train de s'organiser pour demander des comptes au géant de l'Internet, qui aurait échoué dans son obligation de protection de leurs droits d'auteur.

Baidu a publié un communiqué expliquant qu'il avait terminé de retirer tous les travaux litigieux de sa bibliothèque en ligne, Baidu Wenku, à 12 h mardi. Selon le Beijing Times, il a également instauré un système de blocage empêchant les utilisateurs de mettre en ligne de nouveaux livres protégés par le droit d'auteur, mais pas les autres catégories de livres.

« Nous apprécions cette démarche de Baidu, mais ce dernier devrait faire de plus amples efforts pour bannir le piratage », a déclaré Zhang Hongbo, directeur général adjoint de la Société des droits d'auteurs pour les œuvres écrites de Chine, une organisation non gouvernementale qui est à l'origine du mouvement de protection des droits d'auteur en Chine.

Selon Zhang, Baidu a seulement supprimé certaines œuvres littéraires de sa librairie et laissé d'autres catégories de livres numériques qui sont également protégés par le droit d'auteur, comme les ouvrages sur les langues étrangères et sur l'informatique.

À midi mercredi, le nombre d'œuvres littéraires disponibles sur Baidu Wenku était passé de 2,8 millions à 1 100. Malgré tout, la librairie propose encore 17 millions de livres numériques portant sur l'éducation, les loisirs, la technologie et d'autres sujets.

Les problèmes récents de Baidu ont commencé le 15 mars, lorsque 50 auteurs chinois ont publié une déclaration accusant Baidu de violer les droits d'auteur par l'intermédiaire de sa bibliothèque numérique. Lancée en novembre 2009, celle-ci permettait initialement aux utilisateurs de mettre en ligne une version électronique de n'importe quel livre sans respect aucun des droits d'auteur.

« Baidu est responsable du piratage numérique même si ce sont les utilisateurs qui mettent les contenus litigieux en ligne », explique Zhang. « Baidu a l'obligation d'établir un système de contrôle pour vérifier les qualifications des utilisateurs qui mettent en ligne les fichiers.

Zhu Guang, vice-président de Baidu, a déclaré au National Business News que Baidu avait l'intention de répondre aux plaintes des auteurs et éditeurs en introduisant de nouvelles technologies mi-avril, et en travaillant plus étroitement avec eux en ce qui concerne la protection des droits d'auteur.

En réponse, Shen Haobo, éditeur et représentant des auteurs, a publié mercredi une déclaration sur son microblog, disant que même si Baidu avait supprimé 2,8 millions d'œuvres littéraires violant les droits d'auteur, il n'a pas supprimé les moyens par lesquels de telles œuvres peuvent être mises en ligne sur son site.

Selon Zhang Hongbo, Baidu laisse les utilisateurs mettre en ligne des travaux protégés, ce qui « revient à encourager le piratage et doit donc être banni. »

Dans un même temps, 10 compositeurs de musique chinois, dont Gai Xiaosong, Yadong, Xiao Ke et Cui Jian ont créé un groupe de défense contre Baidu sur le site de microblog Sina.

À 13 h mercredi, le groupe réunissait 31 membres et d'autres prévoyaient d'adhérer. « Baidu nous a contactés pour négocier et nous prévoyons de tenir une conférence dans le week-end pour élire nos représentants », expliquait le compositeur Gao Xiaosong sur son blog.

Liang Kangni, responsable de la mise en ligne de musique pour Baidu, n'a pas souhaité répondre au message posté par Gao sur son microblog.

Selon le dernier rapport publié par le ministère de la Culture, les revenus générés en Chine par la musique en ligne ont augmenté de 14,4% en 2010, et le piratage est le plus grand obstacle à une croissance plus rapide.