Un tibétologue chinois a exprimé mercredi ses doutes concernant le réel abandon du 14e Dalaï-lama de son rôle politique comme il l'a ouvertement annoncé.
"Il est naturel pour un homme de 76 ans de prendre sa retraite, mais je ne comprends pas de quelle position le Dalaï-lama souhaite se retirer ni comment il envisage de le faire", a déclaré le professeur Du Yongbin, du Centre de recherches en Tibétologie de Chine, à un groupe de journalistes lors d'un séminaire organisé par l'Association nationale des Journalistes de Chine.
Le 14e Dalaï-lama a une identité double politique et religieuse, mais il n'occupe pas de position officielle au sein du prétendu "gouvernement tibétain en exil, a-t-il indiqué.
"Et en aucun cas il ne va prendre sa retraite en tant que Dalaï-lama", a-t-il ajouté.
Le Dalaï-lama a annoncé à la mi-mars qu'il allait abandonner son rôle politique au sein du "gouvernement tibétain en exil" et transférer son pouvoir à un "dirigeant élu".
Son annonce a été ignorée en Chine et considérée comme une "astuce" et un "spectacle politique" pour tenter d'attirer l'attention de la communauté internationale et de modeler l'opinion publique.
"Considérant cette annonce, nous pouvons simplement observer que ces dernières années, le Dalaï-lama et ses adeptes ont suivi l'ancienne voie théocratique malgré leurs prétendus efforts pour rendre leur groupe laïque et démocratique", a-t-il analysé.
"Son annonce concernant sa démission peut être considérée comme une tentative d'abandonner son rôle politique, mais je doute que cela puisse être facilement réalisé", a poursuivi le professeur.
Du Yongbin a indiqué qu'il suivrait le développement futur, au lieu de se précipiter à tirer des conclusions.
En réponse à la question sur ce qui pourrait se passer si le Dalaï-lama âgé meurt, il a noté que la question du Tibet ne pouvait pas avoir une solution rapide avec ou sans le 14e Dalaï-lama.
"Pendant très longtemps, toutes les parties concernées se sont efforcées de trouver une solution à la question du Tibet alors que le Dalaï-lama est en vie, mais elles n'ont pas réussi", a-t-il indiqué. "Je ne crois pas qu'elles puissent facilement trouver une solution s'il meurt."
La revendication du Dalaï-lama concernant la création d'un "grand Tibet " est un obstacle majeur, car le peuple chinois, y compris les Tibétains, n'est pas d'accord avec cela, a-t-il souligné. |