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Chine : un enfant enlevé retrouvé grâce au microblogging
Peng Gaofeng embrasse son fils de six ans dans la station de police de Pizhou, dans la province du Jiangsu. Le jeune garçon avait été enlevé le mars 2008 à Shenzhen.
Peng Gaofeng embrasse son fils de six ans dans la station de police de Pizhou, dans la province du Jiangsu. Le jeune garçon avait été enlevé le mars 2008 à Shenzhen.

Une campagne en ligne sans précédent a permis le 8 février de venir en aide à des parents cherchant leurs enfants kidnappés. Un père a été réuni avec son fils de six ans, disparu il y a trois ans.

Peng Gaofeng, âgé de trente ans et originaire de Shenzhen, dans le sud de la Chine, n'a pu retenir ses larmes quand il a revu son fils mardi après-midi à Pizhou, dans la province orientale du Jiangsu, à plus de 1 000 km de son domicile.

« C'est mon fils, j'en suis absolument sûr. Il peut encore me reconnaître et parler notre patois », a-t-il déclaré tandis qu'il attendait le résultat du test ADN visant à prouver la bonne nouvelle.

Son fils Peng Wenli avait été enlevé à Shenzhen le 25 mars 2008 et sa famille avait fourni tous les efforts pour le retrouver. « C'est un miracle, qui n'aurait pas pu se réaliser sans l'aide des internautes », a souligné le père.

« J'ai ouvert treize blogs sur Internet et mis les photos de mon fils partout en ligne, y compris sur un microblog sur Sina.com (le principal portail internet chinois). Mes efforts sont enfin récompensés ».

Il raconte qu'il a reçu un message anonyme incluant une photo de son fils le 2 février, la veille du Nouvel An chinois, et s'est hâté vers la ville de Pizhou pour le sauver avec la contribution de la police locale.

Son fils est considéré comme le premier enfant perdu réuni avec sa famille grâce à une compagne lancée par les internautes sur les microblogs de Sina.

Yu Jiangrong, professeur de l'Académie des sciences sociales et promoteur de cette campagne, a appelé les internautes à photographier les enfants qui mendient ou qui ressemblent aux portraits des enfants disparus. En mettant en ligne ces photos, les internautes espèrent que les membres des familles concernées pourront retrouver leurs enfants.

Le 8 février, on estimait que plus de 83 000 internautes avaient participé à cette campagne, et on comptait 588 870 entrées relatives sur les microblogs de Sina.

M. Yu affirme être entré en action après avoir reçu la lettre d'un parent désespéré. Il souhaite voir l'élimination de la mendicité illégale des enfants et aider plus de familles à être à nouveau réunies.

La campagne très discutée a pris une ampleur nationale ; elle est officiellement soutenue par le ministère de la Sécurité publique, ainsi que les législateurs et conseillers politiques du pays.

« Nous avons pris connaissance de cette campagne en ligne et nous l'encourageons », souligne Chen Shiqu, directeur du Bureau de lutte contre le trafic d'êtres humains du ministère.

« Chacun est invité à fournir des indices. Je vais insister auprès des départements policiers locaux pour qu'ils enquêtent sur les éléments laissés sur les microblogs ». Mardi matin, M. Chen a également publié une photo de Wu Zhenglian, un homme recherché pour kidnapping, dans l'espoir que les internautes pourront aider à sa capture.

Chi Susheng, député de l'Assemblée populaire nationale (APN) et Han Hong, membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) ont pris contact avec M. Yu et ont exprimé leur intention de soumettre une proposition pour empêcher la mendicité des enfants et punir les actions du trafic d'êtres humains, lors des sessions annuelles de l'APN et de la CCPPC qui auront lieu en mars.

Yang Peng, secrétaire général de la Fondation One, qui siège à Shenzhen, a déclaré que l'organisation « va également lancer un projet spécial pour venir en aide aux enfants forcés à mendier dans la rue », selon le reportage de Xiaoxiang Morning Post.

Zhang Zhiwei, avocat et bénévole auprès de l'organisation non gouvernementale Baby Come Home, estime que « l'expansion rapide de cette campagne montre que le microblog exerce une influence croissante sur la société et peut jouer un rôle d'évolution législative et policière ».

Pourtant, M. Zhang souligne qu'une telle activité en ligne a besoin d'une meilleure coordination avec les départements gouvernementaux et les ONG, car le nombre croissant de photos ne saurait être géré sans classifications, analyses et comparaisons professionnelles.

Certains internautes évoquent les crises potentielles, sur les bénévoles qui prennent des photos et sur les enfants concernés.

Wang Xiaoshan, critique et écrivain célèbre, écrivait lundi sur son microblog que « les trafiquants pourraient se venger sur les personnes qui ont pris des photos et sur les enfants enlevés dont l'information vitale est exposée ».

Wang a proposé que « les internautes ne mettent pas de photos nettes de ces jeunes mendiants ni ne révèlent leur propre identité ».

Même pour M. Peng, qui a enfin trouvé son fils après 1 050 jours, le cauchemar n'est pas encore fini.

« Un voisin m'a dit qu'il voudrait rester ici, je crains qu'il refuse de rentrer avec moi », explique-t-il avec tristesse. « Je souhaite que mon fils reçoive une assistance psychologique pour effacer les souvenirs traumatisants de ces trois dernières années ».

french.china.org.cn     2011/02/09

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