Nous mangions dans un restaurant musulman du district de Dangxiong au Tibet, lorsque deux hommes, un étranger grand et blond et son guide sont entrés. En parlant, ils se sont assis à la table adjacente à la nôtre.
Au Tibet, les étrangers sont encore très remarqués. En raison de la proximité, nous lui avons parlé. Nous avons ainsi appris qu'il venait de Grande-Bretagne et vivait à Beijing depuis deux ans. Il s'agissait de son premier voyage au Tibet, accompagné d'un guide, et ils avaient loué une voiture.
Lorsque nous lui avons demandé s'il aimait le Tibet, il a hoché affirmativement la tête en disant « yes ». « Mais le Tibet est très différent de ce que j'imaginais et de ce qui est présenté dans de nombreux documents. J'avais imaginé que je pourrais voir des choses anciennes, comme des charrettes tirées par des bœufs, un mode de vie primitif. Je vois tant de bâtiments et de rues modernes, et d'habillement à la mode. Je ne m'y attendais vraiment pas », a-t-il déclaré.
« Ce n'est pas bien ? », demandons-nous.
« Ce n'est pas cela. Je ressens seulement un certain regret », a-t-il dit en haussant les épaules.
En réalité, la plus grande surprise pour nous qui avons voyagé à Lhassa est aussi sa modernité. Nous avions des images très différentes de Lhassa et du Tibet, voire des malentendus, en raison du plateau lointain et des différences culturelles. Nous croyions que si le Tibet n'était pas un lieu sauvage, il était probablement toujours en retard. Mais Lhassa devant nous est vraiment surprenante : rues goudronnées, places larges, végétation luxuriante, voitures importées circulant partout... Sans les Tibétains en robe traditionnelle, nous aurions pensé nous être trompés de lieu.
Pourtant, en prêtant attention, on peut constater que de multiples caractéristiques de la culture tibétaine sont bien conservées à Lhassa. Par exemple, les motifs colorés sur les murs des habitations, les bannières aux couleurs vives vues partout, les moulins à prière tournés par les bouddhistes fervents, l'odeur forte du beurre de yack, les moines en robe tibétaine sont toujours présents.
Lhassa se débat entre l'ancien et le moderne, à l'instar de nombreuses villes et cultures du reste du monde. La modernisation influencera plus ou moins la tradition culturelle, tandis que se plonger perpétuellement dans les us et coutumes anciens entraverait la quête d'une vie plus confortable.
« Le Tibet a le droit de se moderniser et le peuple tibétain a également le droit de mener une vie satisfaisante », nous a affirmé un élève tibétain, lorsque nous avons parlé à des lycéens de Lhassa.
Éventuellement, ce que nous pouvons faire, c'est protéger autant que possible les cultures traditionnelles.
J'espère que désormais, les étrangers qui viendront au Tibet ne connaîtront qu'un seul regret : non pas celui de ne pas voir « la société primitive », mais celui de ne pas être venu plus tôt, pour découvrir une région où la modernité et la tradition sont parfaitement en harmonie. |