Au Japon et en Australie, Rebiya Kadeer a passé le plus clair de son temps à faire du battage publicitaire de ses pièces séparatistes devant un public étonné par la couverture de certains médias locaux dans les deux pays.
Le 28 juillet, Kadeer est arrivée au Japon, où elle a rencontré les médias locaux et un député au siège du parti au pouvoir. Une semaine après, elle a fait son apparition en Australie, avec un documentaire portant sur sa vie, projeté lors du Festival du film international de Melbourne.
Les visites s'avèrent pourtant des farces. Un bon nombre de Japonais et d'Australiens ont avoué avoir été déçus par la rencontre avec Rebiya Kadeer, qui dirige le Congrès mondial ouïgour (CMO, séparatiste), et le documentaire.
"Elle a affirmé que 10.000 personnes avaient disparu et que 3.000 avaient été tuées (durant les émeutes du 5 juillet à Urumqi). Mais elle n'était pas là au Xinjiang, de telles allégations ne tiennent donc pas debout", dénonce Xu Jingbo, commentateur et écrivain influent au Japon, en évoquant la présence de Kadeer au Club national de presse à Tokyo.
M. Xu affirme avoir remis en cause l'allégation de Kadeer en argumentant que, pour "arrêter ou tuer" autant de personnes, il aurait fallu engager 30.000 agents de police avec des milliers de véhicules, tandis que personne n'a en fait assisté à une telle présence de forces.
Un argument qui a désarçonné Kadeer, qui n'a su quoi répondre lors de son rendez-vous avec le Cercle des journalistes du Japon, révèle M. Xu.
"Les principaux médias japonais n'étaient pas intéressés par ses histoires, et les chiffres qu'elle a donnés n'étaient jamais apparus dans la presse locale comme éléments de foi", observe M. Xu, lors d'un entretien avec Xinhua.
En Australie, Kadeer s'est empressée de faire programmer son documentaire intitulé "Dix conditions de l'amour", bien que la soumission du film ait été effectuée après la date butoir fixée par les organisateurs, selon Richard Moore, directeur du Festival du film de Melbourne.
Dans une interview, un professeur d'université, nommée Catherine, émet des doutes après avoir vu le documentaire, qui retrace la vie de Kadeer.
Elle s'interroge sur ce paradoxe : "Comment une vendeuse de rue, peu éduquée, a-t-elle pu devenir la plus riche femme du Xinjiang si la Chine menait une oppression contre les ethnies minoritaires ?"
En signe de protestation contre la projection de ce documentaire, sept films chinois se sont retirés du festival de Melbourne.
Les gouvernements japonais et australien ont tous deux démenti avoir invité Kadeer. Le ministre australien des Affaires étrangères Stehphen Smith a souligné que son pays "respecte l'intégrité et la souveraineté de la Chine".
Qui a parrainé alors, et dans quelle intention, le spectacle de la chef du CMO, une organisation abritant ceux qui se livrent aux activités visant à séparer le Xinjiang d'avec la Chine et à établir le "Turkestan oriental"?
Ceux qui ont donné le feu vert à Kadeer au Japon et en Australie ont invoqué la "libre expresssion" et les "droits de l'Homme" pour justifier leur invitation, au mépris d'une avalanche de preuves indiquant l'implication de Kadeer et du CMO dans les émeutes sanglantes à Urumqi, qui ont coûté la vie à près de 200 âmes innocentes.
Lale Yuvali, ancienne vice-présidente de l'Association Belgique-Chine, donne son explication vis-à-vis de la motivation des partisans de Kadeer.
La Chine a fait de très grands progrès sur une très courtes période, et est devenue l'une des grandes puissances mondiale. De ce fait là, certains groupements, lobbies ou individus, par crainte de perte de leurs intérêts, veulent barrer le chemin de développement de la Chine, relève Mme Yuvali, lors d'un entretien avec Xinhua à Bruxelles.
M. Xu, qui suit de près depuis longtemps les relations sino-japonaises, montre du doigt certaines forces politiques japonaises désireuses de ternir l'image de la Chine, estimant que certains accords ont été conclus "sous la table" avant que Kadeer ne se voie accorder le visa japonais.
Toutefois, la performance médiocre de Kadeer a fini par la discréditer.
Avec tous ces points d'interrogation, les Japonais seront très suspicieux si Kadeer revient dans ce pays pour raconter ses histoires. "Dans ce sens là, sa visite sera un échec à long terme", souligne M. Xu. |