Par XIA Yong
PARIS, 25 mars (Xinhua) -- Les médias occidentaux doivent traiter de manière juste et responsable les émeutes au Tibet, sans préjugé ni partialité, a indiqué récemment Pierre Picquart, docteur en géopolitique et sinologue de l'Université de Paris-VIII dans une interview exclusive accordée à Xinhua.
"En cas de trouble lié à la sécurité des biens et des personnes, chaque Etat a la légitimité, le droit, la raison mais aussi le devoir de defendre rapidement la sécurité de la population dans son ensemle", a commenté Dr. Picquart sur l'intervention de l'Etat chinois pour rétablir l'ordre face aux émeutes du Tibet.
Le sinologue français s'est déclaré "très étonné" et "pris à court" par les images d'émeutiers : des innocents attaqués, des personnes âgées violemment tabassées... sans aucune raison. "Il y a eu sans doute une tentative de déstabilisation", a-t-il martelé.
"Aucun Etat ne peut laisser des civils innocents attaqués et des boutiques brûlées, et dans l'intérêt de tous, le retour au calme est nécessaire, de même que la protection des biens et des personnes", a souligné M. Picquart.
"Les exploitations, sans discernement, de ces manifestations au Tibet pourrait faire réapparaître tous les vieux clichés sur la Chine, sans faire la part des choses et sans rappeler les faits d'origine", a analysé le sinologue.
Concernant les émeutes, les médias occidentaux ont majoritairement retenu plus, dans un premier temps, les accusations et les positions du gouvernement exile, plutôt que l'impact des attaques contre les civils, a observé M. Picquart.
D'apres lui, les critiques des médias occidentaux contre l'Etat chinois sont sans preuve.
"Les médias occidentaux ont souvent considéré globalement certes avec intérêt, mais aussi avec doute et suspicion, la communication des divers régimes communistes ou des républiques populaires", a-t-il commenté.
Pas mal des médias occidentaux ne connaissent pas bien la Chine, sans parler le Tibet, selon M. Picquart, qui a proposé aux médias occidentaux de dissocier les problématiques, d'enquêter réellement et d'avoir une réflexion globale sur la société chinoise.
Il s'est prononcé contre le terme "colonisation" utilisé souvent par les médias occidentaux au sujet du Tibet. Cela résulte d'une ignorance de l'histoire du Tibet où régnait la plus grande misère, l'humiliation,la théocratie et le servage, a expliqué Dr. Picquart, qui préfère personnellement "les termes du progres, de la tolérence et de la construction économique, sociale et culture".
"De plus, sur le terrain, depuis ces dernières décennies, on constate en Chine un respect renforcé envers les divers courants spirituels, les pratiques religieuses : Bibles dans les hôtels, lieux de prière respectés, comme dans les lieux sacrés du bouddhisme ou autres, où les Chinois et les autres personnes peuvent exercer leur foi de plus en plus librement".
Selon M. Picquart, la Chine, en s'ouvrant au monde, apprend maintenant à mieux communiquer. "Mais, comme le pays était auparavant pendant longtemps fermé sur elle-même, il lui reste encore un problème de communication et un doute de la part des médias occidentaux", a-t-il indiqué.
Les discours s'avèrent parfois encore dogmatiques et "à sens unique", et les messages reçus sont jugés parfois comme relevant de la propagande ou du slogan, plutôt que de la communication, a-t- il dit.
En ce qui concerne l'idée du boycotte des Jeux Olympiques (JO) de Beijing parue à la Une de la presse occidentale, M. Picquart s'y oppose avec fermeté.
"Ce ne serait pas l'esprit de l'Olympisme et celui du baron Pierre de Coubertin. Les JO sont une grande fête de fraternité. Le boycotte des JO ne fonctionne pas. Il ne peut servir qu'à ceux qui souhaitent des divisions", a-t-il observé.
"Les JO de Beijing représentent pour la Chine et pour tout le peuple chinois une fierté légitime, un enjeu géopolitique majeur et un défi de communication positive sur la nouvelle Chine", a expliqué M. Picquart.
Via les JO unis et rayonnants, la Chine va se présenter au monde entier, montrer une riche tradition millénaire, une modernité incontestable et de nombreuses réformes économiques en cours ou engagées depuis plusieurs années, y compris celles en faveur des pauvres, des libertés individuelles et des éthnies minoritaires, a-t-il dit.
Pierre Picquart a également exprimé son optimisme et sa confiance vis-à-vis de la construction de démocratie en Chine.
"La démocratie et la répartition des richesses vont de pair. Comment parler de démocratie si un peuple vit dans la misère? Aujourd'hui, la Chine a su bâtir une société plus juste et un revenu moyen de plus en plus acceptable pour une grande partie de la population", a-t-il indiqué.
La démocratie chinoise ne sera pas comparable aux modèles occidentaux et demain il y pourrait avoir un modèle démocratique à la chinoise, a-t-il dit.
Pierre Picquart, auteur des livres "L'Empire Chinois" et "La Forme Olympique de la Chine", a souligné notamment que l'on ne devrait pas oublier les côtés très positifs de la nouvelle Chine et de la société chnioise.
"Nul pays n'est parfait, la Chine fait au mieux, comme d'autres nations dans son propre processus d'évolution, et doit gérer encore de nombreux problèmes au regard d'une population supérieure à 1,3 milliards d'habitants, a rappelé M. Picquart, et d'ajouter :
"Ce qui compte, à mes yeux, c'est son évolution et son désir d'ouverture au monde".
Beaucoup de gens critiquent la Chine à tous propos en faisant des amalgames ou ont une vision imcomplète, ce qui montre leur méconnaissance du terrain, a encore rappelé M. Picquart.
"Ces gens-là devront voir de leurs propres yeux comment la Chine est en train de se transformer dans tous les domaines", a conclu M. Picquart, qui reste convaincu que "l'opinion générale changera, comme la Chine change positivement". |