Des experts chinois en journalisme et communications ont exprimé récemment leur déception née des reportages de certains médias occidentaux donnant une vision déformée des émeutes à Lhasa, et les ont appelés à replacer ces reportages dans leurs véritables contextes.
"Ils doivent apporter des corrections et rendre compte plus objectivement", a déclaré Guan Shijie, professeur de la Faculté du Journalisme et des Communications de l'Université de Pékin.
Ces derniers jours, des internautes chinois ont critiqué certains médias occidentaux pour avoir déformé les faits en couvrant les émeutes à Lhasa, capitale de la Région autonome du Tibet (sud-ouest de la Chine).
Guan a indiqué avoir remarqué une photo sur le site internet de BILD, le plus grand journal allemand, montrant la police népalaise dispersant à coups de bâtons des manifestants tibétains; cependant, le journal a affirmé que cela se passait au Tibet.
Il a ajouté que le grand titre à côté de la photo -- "Devons- nous boycotter ensemble les Jeux olympiques 2008 en Chine ?" -- révélait l'intention du journal.
"Certains médias occidentaux répandent sans hésitation des rumeurs visant à saboter les Jeux olympiques de Beijing", a-t-il indiqué. Enfin, la presse occidentale, sur le long terme, veut profiter des émeutes qui ternissent l'image de la Chine afin de servir ses propres intérêts politiques, a poursuivi cet expert.
Il a ajouté que les reportages partiaux ont violé l'éthique médiatique globale et ont gravement nui à la réputation de la Chine au sein de la communauté internationale, car il est devenu difficile d'effacer les premières impressions des lecteurs.
Il a appelé ces médias à faire des corrections et à assumer leur responsabilité sur ce qu'ils ont présenté aux lecteurs. "La liberté de la presse ne peut entraver la liberté et la dignité d'un autre peuple", a-t-il souligné.
Zhang Kai, professeur de l'Université des Communications de Chine, a déclaré qu'elle était attentive aux reportages chinois et étrangers depuis les émeutes du 14 mars à Lhasa, et a constaté des reportages partiaux et même fabriqués.
La BBC a diffusé une photo sur son site montrant des officiers de la police armée chinoise aidant une équipe médicale à transporter un blessé dans une ambulance.
La légende qui l'accompagne indique qu"'il y a une forte présence militaire à Lhasa", négligeant les signes évidents " Premiers secours" et "Croix-Rouge" figurant sur l'ambulance.
"En tant que chercheur en médias, j'étais furieuse de leur reportage", a indiqué Zhang.
Le journal allemand Berliner Morgenpost a mis une photo sur son site montrant la police à Lhasa portant secours à un jeune homme attaqué par des émeutiers. Mais la légende parle d'"insurgé emmené par la police".
La télévision américaine Fox TV a publié une légende sur son site internet affirmant que les militaires chinois avaient emmené des manifestants dans un véhicule, mais les uniformes montrés étaient en fait ceux de policiers indiens.
Dans ces affaires, des journaux et télévisions ont manifestement choisi de la documentation en fonction de leurs idées préconçues. Quand ils ne peuvent pas trouver de matériel " approprié", ils utilisent autre chose à la place, a dit Zhang.
"Ils ont violé le principe journalistique fondamental de 'vérité'", a-t-elle indiqué.
Selon des statistiques officielles, au moins 18 civils et un policier ont été tués dans les émeutes à Lhasa, qui ont fait également 624 blessés. Les pertes ont été estimées à plus de 244 millions de yuans (34 millions de dollars). |