Un bouddha vivant du Tibet a comparé lundi l'émancipation des serfs au Tibet il y a 50 ans à l'abolition de l'esclavage aux Etats-Unis en 1862, estimant que les deux faits avaient une signification comparable.

"Il s'agit de deux tournants dans l'histoire des droits de l'Homme", a indiqué Shingtsa Tenzinchodrak, un bouddah vivant de la secte Kagyu, lors d'une rencontre avec le président de la Chambre des communes du Canada, Peter Milliken.

L'Assemblée du peuple de la région autonome du Tibet, législature régionale, a voté un projet de loi le 19 janvier 2009, consistant à faire du 28 mars une Journée de l'émancipation des serfs célébrée chaque année pour marquer la date à laquelle environ un million d'esclaves dans la région ont été libérés il y a 50 ans.

Shingtsa Tenzinchodrak, qui est par ailleurs vice-président du comité permanent de l'Assemblée du peuple de la région autonome du Tibet, a fait savoir que les serfs et les esclaves représentaient environ 95% de la totalité de la population du Tibet avant 1959.

"Ils ne possédaient aucun moyen de production ni ne jouissaient de droits fondamentaux de l'homme", a-t-il poursuvi.

Les serfs étaient considérés comme des biens privés des propriétaires fonciers, des nobles, des monastères et des fonctionnaires du gouvernmenent pour la plupart, selon des documents historiques. Les propriétaires fonciers pouvaient légalement insulter, punir, acheter ou vendre, fouetter et tuer éventuellement leurs serfs.

Le 28 mars 1959, le gouvernement central de Chine a annoncé la dissolution du gouvernement aristocrate local du Tibet en le remplaçant par un comité préparatoire pour établir la Région autonome du Tibet.

Cette démarche signifie la fin du servage et l'abolition du système social hiérarchique caractérisé par la théocratie, dirigé par le Dalaï Lama.

Ceci est intervenu après que le gouvernement central eut déjoué une rébellion armée lancée par Dalaï Lama et ses partisans, dont la plupart étaient des propriétaires de serfs, dans le but de maintenir le servage.

A cette occasion, M. Milliken a émis le voeu que la Chambre des communes du Canada accroisse les échanges avec le Parlement chinois et approfondissent les relations canado-chinoises.

Il a fait remarquer que son pays et la Chine partagaient de larges intérêts communs et que l'actuelle récession économique à l'échelle mondiale rendait plus importante la coopération entre les deux pays.

Shingtsa Tenzinchodrak est en visite au Canada à la tête d'une délégation parlementaire chinoise composée de cinq membres.