Il en fallut du temps pour que je pusse enfin mettre pied sur cette vaste terre aux agencements complexes et hautement mythiques. Mes premiers pas dans ce pays se firent en Occident par l'intermédiaire de M. Li, physicien stagiaire à l'université de Lausanne. Il nous offrit un superbe service à thé en porcelaine décoré de papillons qui me fascinèrent longtemps. Le récit de son vécu en Chine populaire nous intrigua beaucoup. Puis en 1986, vinrent une dizaine de comédiens du Théâtre pour enfants de Xi'An dont je préparai la tournée suisse et avec lesquels je travaillai dans les classes lausannoises. Là encore, un enchantement, une technicité et une expressivité hors-paire tant au niveau de la danse qu'au niveau théâtral. Nous en fûmes tous éblouis.

Mais ce ne furent que des années plus tard que je m'embarquai, vers la Chine et ses innombrables et fascinantes diversités. Ainsi, depuis près de cinq ans, je l'ai bientôt parcouru de part en part, ce vaste et merveilleux territoire, de Hong-Kong aux confins du Sichuan et du Gansu au Tibet, de Shanghaî à Pékin en passant par les Wudanshan et Shaolin pour y pratiquer le taî chi, du lac Karakol à Beijing en bivouaquant dans le fascinant désert du Taklamakan, j'ai traversé viles, sites et paysages prestigieux. Et je sais d'avance que je n'en ai pas fini avec la Chine contemporaine.

Ce que j'aime avant tout en elle, c'est sa manière d'intégrer son puissant et riche passé dans une modernité qui sait tout à la fois demeurer particulière et déborder sur le monde entier. La Chine sait être à l'avant-garde tant en peinture, en cinéma qu'en architecture ou en écriture, comme elle l'a été autrefois dans ses découvertes et utilisations de matériaux premiers.

Rosemarie Racine