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Ding Liguo: Carrefour semble avoir perdu son dynamisme initial

Après la découverte de l'affaire de tricherie sur les prix de Carrefour, le géant français de la vente au détail est en butte à de vives critiques. Bien que cette entreprise française implantée en Chine possède un grand nombre de clients fidèles, Carrefour fait l'objet d'une importante controverse. Afin de présenter les faits selon le point de vue de la compagnie, voici une interview de M. Ding Liguo, l'ancien superviseur général de Carrefour en Chine.

D'après Ding Liguo, Carrefour semble avoir perdu son dynamisme initial. Les désaccords au sein de cette entreprise, comme une maladie, sont en train de ronger sa santé.

Ding Liguo explique que l'affaire du mauvais étiquetage n'est pas une tromperie préméditée envers les clients comme on le pensait. On peut dire que ce problème est lié à la gestion de l'entreprise. D'après lui, les raisons suivantes peuvent motiver l'amplification de cette affaire : premièrement, le département gouvernemental chargé de l'examen de cette affaire est situé à un haut degré hiérarchique, c'est un cas unique. En général, la tricherie sur les étiquettes est prise en charge par le département de l'industrie et du commerce, mais cette fois, c'est la Commission d'État pour le développement et la réforme qui intervient. Deuxièmement, la Chine étant dans une période sensible d'inflation, le prix est l'un des problèmes les plus préoccupants pour la population, ainsi que pour le gouvernement. Troisièmement, les médias, en profitant de cette affaire, ont jeté de l'huile sur le feu et publié sans arrêt des reportages sur ce dossier afin d'amplifier les faits.

Cette affaire reflète le niveau de gestion de l'entreprise

Ding Liguo est aujourd'hui membre exécutif du conseil d'administration et président-directeur général du groupe Royal Cypress. Il est également chroniqueur d'actualité du secteur détaillant. D'après lui, cette affaire concernant le prix sur l'étiquette peut refléter le niveau de gestion de l'entreprise. Le système de chaîne de grandes surfaces est caractérisé par la séparation de l'exploitation et de l'achat. La coopération et la coordination entre les deux branches reflètent justement le niveau de gestion d'une chaîne. Wal-Mart qui adopte une stratégie de haute centralisation et de bas prix veut que ses supermarchés ne restent que des exécuteurs sans leur demander de ventes promotionnelles, tandis que Carrefour, caractérisé par la décentralisation et la vente promotionnelle, montre plus de souplesse envers ses supermarchés. Théoriquement, il est plus possible pour les supermarchés Carrefour de faire un petit jeu sur l'étiquette, afin de réaliser plus de profits bruts. Mais dans la plupart des cas, c'est un problème de gestion. Si l'étiquette change à temps, la tricherie sur le prix n'aura pas lieu.

Les frais d'entrée sur les étalages exacerbent les conflits entre détaillants et fournisseurs

Parallèlement à l'affaire des étiquetages, le prélèvement de frais d'entrée par Carrefour a suscité le mécontentement de divers fournisseurs. Lors de la signature du contrat annuel, dans un contexte de majoration du coût de revient de nombreux produits, l'opposition entre détaillants et fournisseurs s'exacerbe davantage. En fait, le débat sur les frais d'entrée est mené depuis longtemps, et cette année il ne sera pas moins acharné.

Aux yeux de Ding Liguo, on ne peut pas dire que le détaillant « opprime » le fournisseur, et vice versa. C'est l'état de l'offre et de la demande qui est déterminant. Pensez à l'époque de l'économie planifiée, où l'offre ne pouvait pas satisfaire la demande. Dans ce cas, est-ce que le détaillant osait « opprimer » le fournisseur ? D'ailleurs, à condition que le fournisseur soit puissant, il aura voix au chapitre devant le détaillant.

Ding Liguo souligne que faire payer les frais d'entrée n'est pas un cas unique à la Chine, ce phénomène existe dans le monde entier. Bien que la gestion des frais d'entrée soit difficile et qu'il soit aisé d'engendrer des recettes illégales, c'est le détaillant qui doit prévenir et résoudre ce problème, et le département gouvernemental chargé de l'application de la loi doit intervenir.

Quant à la future orientation du secteur, Ding Liguo estime que le commerce au détail deviendra le principal courant des ventes, profitant à une collaboration gagnant-gagnant pour le détaillant et le fournisseur.

La fermeture de supermarchés révèle l'incapacité d'organisation de Carrefour

Par rapport à l'affaire concernant le prix sur l'étiquette et au prélèvement de frais d'entrée, la fermeture de quelques supermarchés Carrefour est inimaginable. D'après Ding Liguo, la fermeture de supermarchés déficitaires est normale, mais on ne sait pas si Carrefour envisage que la fermeture pourrait porter atteinte à son image. Voilà un autre problème de Carrefour – l'entreprise néglige son image publique. Dans son fonctionnement commercial, elle n'accorde pas d'importance à la valeur de son image.

La fermeture de supermarchés de Carrefour a découragé ses employés, freiné son développement, abaissé sa performance et terni son image. Cela reflète l'incompétence de ses cadres supérieurs étrangers dans la gestion de 170 supermarchés. Plus important encore, ces gens-là ont dévié du noyau de la compétitivité imbattable de Carrefour – la connaissance de la culture locale, de l'environnement local, du mode des affaires et de la mentalité des consommateurs.

Renforcer le contrôle et établir un environnement de marché équitable et loyal

D'après Ding Liguo, l'affaire Carrefour coïncide avec un changement de stratégie chez Wal-Mart concernant les relations entre le détaillant et ses fournisseurs, le retrait du marché chinois de Best Buy, la fermeture de magasins Home Depot, la récession de B&Q et la tricherie d'Alibaba. Cela entraîne des interrogations de la part de la communauté internationale. Quel est l'environnement du marché chinois ? Quelle attitude le gouvernement chinois prendra-t-il envers les capitaux étrangers ?

Le fait que la Chine soit devenue la deuxième économie mondiale permet à un grand nombre de marques internationales et à de petites et moyennes entreprises de placer leurs espoirs dans cette oasis de l'économie mondiale. Ce sera pour la Chine une bonne occasion de réaliser une transformation de « la fabrication chinoise » en « marché chinois ».

Ding Liguo estime que la mise en place d'un marché équitable et loyal est une tâche urgente pour le gouvernement chinois, et qu'il s'agit là de conditions préalables pour que la Chine devienne un grand marché mondial. Il faut dire que les problèmes de quelques multinationales comme Carrefour, Best Buy, Home Depot et B&Q ne sont pas imputables au changement de l'environnement politique chinois. Il s'agit du résultat inévitable dû à la méconnaissance de ces multinationales sur les changements de l'environnement commercial chinois et du comportement des clients.

Quant au développement de l'environnement du marché chinois, souligne Ding Liguo, il faut renforcer la surveillance et le contrôle et traiter les capitaux intérieurs et extérieurs de façon égale. C'est seulement ainsi que la Chine pourra devenir un grand marché mondial et changer son mode de développement économique. Le peuple chinois en sera le plus grand bénéficiaire, et la Chine contribuera au développement économique mondial et à la paix dans le monde.

french.china.org.cn     2011/03/30

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