![]() |
![]() |
|
![]() |
![]() |
[A A] |
COMMENTAIRE : Le nouveau plan économique de la Chine promet de la stabilité face à un contexte économique mondial turbulent
Le 30 juillet 2025, le Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) s'est réuni pour évaluer les développements économiques récents et élaborer le plan stratégique pour l'avenir économique du pays. Ce plan annonce une transition cruciale vers la consommation intérieure, notamment dans le secteur des services, face à la nécessité de rééquilibrer les conflits commerciaux internationaux et les défis démographiques. Cette réunion revêtait une importance capitale, car 2025 marque la conclusion du 14e Plan quinquennal de la Chine (2021-2025). Elle a également fourni des aperçus préliminaires du 15e Plan quinquennal (2026-2030), qui visera à consolider la transition du pays d'une « usine mondiale » tournée vers l'exportation à une économie plus équilibrée et axée sur l'innovation.
Après le lancement de la réforme et de l'ouverture en 1978, l'essor économique de la Chine a été propulsé par une intégration profonde aux chaînes d'approvisionnement mondiales, notamment avec son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Aucune grande économie n'a été aussi dépendante du commerce ; à son pic, le total des importations et des exportations atteignait près de 64% du PIB de la Chine. Cependant, ce modèle subit actuellement certaines pressions. La montée des tensions géopolitiques, avec notamment les sanctions technologiques américaines et les initiatives européennes de « réduction des risques », a révélé les vulnérabilités de l'excédent commercial chinois centré sur le secteur manufacturier.
Le 14e Plan quinquennal (2021-2025), actuellement dans sa phase finale, s'appuie sur des décennies de développement et de réformes impulsés par l'État. Il met l'accent sur l'innovation, une croissance supérieure et l'autosuffisance nationale, tout en étant ouvert à l'intégration économique mondiale. Le plan définit des objectifs explicites en matière de modernisation industrielle, de durabilité environnementale, d'économie numérique et de développement régional, illustrant l'aspiration de la Chine à naviguer et à influencer le paysage économique mondial changeant avec autonomie et assurance.
Le 14e Plan quinquennal traduit la réaction de la Chine face à un paysage mondial plus complexe et imprévisible. Il privilégie un développement de qualité plutôt qu'une croissance rapide, visant un taux de croissance annuel du PIB d'environ 5% et une forte concentration sur l'autosuffisance en recherche et technologie. Face à la montée du protectionnisme mondial et aux vulnérabilités des chaînes d'approvisionnement, la stratégie chinoise de « double circulation », qui stimule la consommation intérieure tout en préservant l'ouverture mondiale, vise à protéger l'économie des perturbations extérieures. Le plan fixe des objectifs ambitieux d'augmentation des dépenses en recherche et développement (R&D), de promotion de secteurs stratégiques tels que les semi-conducteurs, l'aérospatiale, les véhicules à énergies nouvelles et l'informatique quantique, et de renforcement de la souveraineté technique. Il comprend également des engagements visant à atteindre un pic d'émissions de carbone d'ici 2030 et la neutralité carbone d'ici 2060, témoignant de l'implication proactive de la Chine dans la politique climatique mondiale. Cette transition vers un développement durable et numérique confère au cadre économique chinois une importance non seulement nationale, mais aussi un impact mondial.
La Chine est particulièrement bien armée pour faire face à la démondialisation. Elle est la seule nation à englober toutes les classifications industrielles du système de catégorisation des Nations Unies, et elle bénéficie d'un marché local substantiel de 1,4 milliard de consommateurs. Par ailleurs, Beijing est engagée à adopter une approche plus approfondie et inclusive de la mondialisation. Malgré un contexte mondial imprévisible, elle reconnaît son obligation de maintenir l'intégration mondiale, une tâche qui commence par le rééquilibrage de sa propre économie. Le concept de « double circulation », mis en œuvre en 2020, incarne cette transition, visant à réduire la dépendance aux marchés étrangers tout en stimulant la demande intérieure.
La transformation de la Chine vers une économie axée sur les services repose sur d'importantes réformes structurelles, dont beaucoup ont été anticipées dans les récentes directives du Bureau politique. Des services haut de gamme ne peuvent prospérer sans fondements essentiels, et le 15e Plan quinquennal devrait s'attaquer directement à ces difficultés. L'augmentation des dépenses des ménages nécessite une augmentation des salaires ainsi que des filets de sécurité sociale solides. La demande de services haut de gamme, tels que les soins de santé privés ou la fintech, n'apparaît que lorsque les ménages ressentent une sécurité financière. Des initiatives récentes, telles que les subventions pour la garde d'enfants et les ajustements de pension pour les personnes âgées, suggèrent que ce rééquilibrage a déjà commencé.
Les services nécessitent souvent des investissements initiaux importants en R&D ; néanmoins, une fois mis en place, ils peuvent être fournis à un coût marginal minimal. Ces secteurs ont besoin de marchés cohérents et compétitifs pour prospérer. La directive du Bureau politique visant à établir un « marché national unifié » tout en limitant la « concurrence désordonnée » témoigne d'une initiative visant à promouvoir un climat plus propice à l'innovation dans le secteur des services.
Les secteurs à forte valeur ajoutée, tels que l'éducation basée sur l'intelligence artificielle (IA), la santé de précision et la finance durable, nécessitent des compétences et une connectivité améliorées. Des investissements importants dans les programmes scientifiques, technologiques, d'ingénierie et de mathématiques, ainsi que dans les infrastructures numériques avancées comme les réseaux 5G, faciliteront la télémédecine, l'apprentissage à distance et la R&D basée sur le cloud, accompagnés de mesures incitatives renforcées pour attirer les talents internationaux en Chine.
Des initiatives pilotes dans les zones franches, l'évaluation des flux de données transfrontaliers, la déréglementation financière et l'augmentation de la participation étrangère dans des secteurs tels que le cloud computing permettront de tirer parti de l'expérience internationale tout en garantissant une supervision réglementaire.
Le nouveau cadre économique chinois, ancré dans l'actuel 14e Plan quinquennal, témoigne d'un engagement en faveur de la réforme, de la modernisation et de la prévoyance stratégique face à un contexte d'énormes défis économiques mondiaux. Ce plan démontre la capacité de la Chine à gérer les restructurations internes et les défis extérieurs en alliant continuité historique et innovation adaptative. L'accent mis sur la souveraineté technique, la croissance durable, la collaboration régionale et la participation mondiale renforce non seulement les fondements économiques de la Chine, mais assure également la stabilité essentielle d'une économie mondiale fragmentée. La planification stratégique à long terme de la Chine apporte ainsi une stabilité économique indispensable dans un paysage mondial de plus en plus incertain.
Traduit d’un article en anglais écrit pour french.china.org.cn par Dr Waseem Ishaque, chercheur principal à l’Institut Taihe de Beijing. Les articles d’opinion reflètent les points de vue de leurs auteurs, et ne sont pas nécessairement représentatifs des opinions de french.china.org.cn.
| Source:french.china.org.cn | ![]() |
|
![]() |












