![]() |
![]() |
|
![]() |
![]() |
[A A] |
Le commerce mondial dans l’incertitude alors que les États-Unis affirment que leurs droits de douane sont « quasiment définitifs »
La dernière vague de droits de douane imposés par Washington à des dizaines de pays devraient rester en vigueur, a déclaré dimanche un responsable américain. Selon des experts, cela risque de créer une incertitude considérable pour l'investissement et le commerce au niveau mondial, avec des effets qui pourraient se répercuter sur l'économie américaine et peser sur la croissance mondiale dans les mois à venir.
Jamieson Greer, représentant américain au Commerce, a affirmé dans une interview diffusée dimanche que les droits de douane étaient « quasiment définitifs » pour plus de 60 partenaires commerciaux, après le décret signé la semaine dernière par le président américain Donald Trump.
Interrogé sur la possibilité pour le président américain de négocier une baisse des droits de douane dans les prochains jours, M. Greer a répondu dans l'émission « Face the Nation » sur CBS : « Je ne pense pas que cela aura lieu dans les prochains jours », ajoutant toutefois que, pour les dizaines de partenaires commerciaux avec lesquels aucun accord n'a été trouvé, « nous nous attendons à ce que les négociations se poursuivent ».
Donald Trump a signé jeudi un décret modifiant encore les taux de droits de douane avec 69 partenaires commerciaux, comprenant des droits de 35% sur de nombreuses marchandises en provenance du Canada, de 50% pour le Brésil, de 25% pour l'Inde et de 39% pour la Suisse, a rapporté Reuters.
Ces dernières mesures américaines pourraient servir à la fois de « forme de pression déguisée » sur les partenaires commerciaux et de « vitrine politique » pour l’opinion publique nationale. Cependant, si ces droits de douane entrent officiellement en vigueur, leurs effets négatifs pourraient rapidement se répercuter sur l'économie réelle américaine, tout en compromettant davantage les perspectives de stabilité du commerce mondial et en exacerbant l'incertitude pour l'investissement et la croissance économique au niveau mondial, ont averti des experts chinois et étrangers.
Des négociations incertaines à venir
Les nouveaux droits de douane n'entreront en vigueur que le 7 août, une période considérée comme courte pour des négociations avec d'autres pays en vue d'une baisse des taux, a rapporté Politico. Mais selon Reuters, M. Greer a suggéré que « ces derniers droits de douane ne devraient pas bouger ».
« Le gouvernement suisse est disposé à revoir son offre aux États-Unis en réponse aux droits de douane élevés prévus », a été cité par Reuters le ministre suisse des Affaires étrangères, Guy Parmelin, alors que des experts ont averti que les droits de douane de 39% annoncés par le président américain pourraient déclencher une récession en Suisse.
Le gouvernement suisse doit tenir une réunion extraordinaire lundi pour discuter des prochaines étapes. M. Parmelin a déclaré que le gouvernement agirait rapidement avant l'imposition des droits de douane le 7 août.
Dans un autre développement, M. Trump et le Premier ministre canadien Mark Carney devraient s'entretenir « au cours des prochains jours », a de son côté fait savoir Dominic LeBlanc, ministre fédéral canadien chargé du commerce entre les États-Unis et le Canada, qui estime qu'« un accord visant à réduire les droits de douane reste une option ».
La Suisse et le Canada avaient déjà exprimé leur opposition à la hausse des droits de douane. Cette taxe, plus élevée que les 31% initialement proposés et que les responsables suisses avaient déjà qualifiés d'« incompréhensible », constitue un coup dur pour la petite nation européenne. Reuters a rapporté le 1er août qu'une association industrielle avait critiqué les tarifs douaniers, soulignant qu'ils « ne reposent sur aucun fondement rationnel et sont arbitraires ».
M. Carney avait précédemment déclaré que son gouvernement était déçu par la décision de M. Trump, et il s'était engagé à agir pour « protéger les emplois canadiens, investir dans la compétitivité industrielle, acheter des produits canadiens et diversifier les marchés d'exportation », selon l'agence de presse Xinhua.
Zhang Monan, directrice adjointe de l'Institut d'études américaines et européennes du Centre chinois pour les échanges économiques internationaux, à Beijing, a noté que les dernières déclarations de M. Greer pourraient refléter la tactique de Washington consistant à exercer une pression déguisée sur ses partenaires commerciaux. En fixant un délai serré pour la mise en œuvre des tarifs douaniers, les États-Unis tentent probablement de forcer les pays qui n'ont pas encore conclu d'accord à revenir à la table des négociations, a expliqué Mme Zhang.
Le régime généralisé de tarifs douaniers élevés est déjà devenu une stratégie fixe des États-Unis, servant uniquement leurs propres intérêts, mais cette série d'actions détruit fondamentalement le cadre tarifaire multilatéral et coordonné autrefois dirigé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a ajouté l’experte.
Park Seung-chan, président de la Fédération Corée-Chine, a déclaré lundi au Global Times que l'urgence des mesures américaines mettait également en évidence leur caractère politique performatif, qui vise à mettre en avant des « victoires commerciales » avant des échéances clés afin de maintenir un soutien politique national.
M. Park a noté que les États-Unis exigeaient bien plus que de simples négociations sur les droits de douane: dans de nombreux cas, ils réclament des engagements d'investissement à grande échelle dans le pays.
Des répercussions mondiales à long terme
Des experts ont prédit que l'impact des droits de douane serait grave non seulement pour l'économie américaine, mais aussi pour le paysage commercial mondial – une tendance déjà reflétée par les récentes données nationales et confirmée par une opposition croissante aux États-Unis et à l'étranger.
Selon les données publiées vendredi par le Bureau of Labor Statistics (BLS, Bureau des statistiques sur le travail), la croissance de l'emploi aux États-Unis a fortement ralenti en juillet, avec seulement 73 000 créations d'emplois non agricoles, soit un chiffre bien inférieur aux 104 000 emplois prévus, a rapporté Xinhua dimanche. Ces embauches plus faibles que prévu ont fait grimper le taux de chômage à 4,2%, contre 4,1% en juin.
Par la suite, le président américain a annoncé vendredi le limogeage de la directrice du BLS, Erika McEntarfer, l’accusant d'avoir falsifié les chiffres de l'emploi sans pour autant fournir de preuve de manipulation des données.
Ce limogeage a suscité des critiques de la part des parties prenantes et des économistes américains, qui estiment que cette mesure pourrait saper la confiance dans les données officielles américaines, a rapporté Reuters.
« Avec le ralentissement de la croissance de l'emploi et des salaires, la consommation devrait être faible. L'investissement ne comble pas le déficit, nous assisterons donc probablement à davantage de faiblesse… », indique l’article de Reuters, citant Dean Baker, cofondateur du Centre de recherche économique et politique.
Zhang Monan a souligné que les répercussions des droits de douane pourraient rapidement se propager à l'ensemble du système économique américain. « Les économies américaine et mondiale pourraient subir un choc important aux troisième et quatrième trimestres de cette année », a-t-elle déclaré, mettant également en garde contre une baisse marquée de la liquidité du commerce mondial et une fragmentation accélérée de la coordination industrielle.
| Source:french.china.org.cn | ![]() |
|
![]() |












