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COMMENTAIRE : Le Dialogue de Londres offre l'occasion de repenser les échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine face au paradoxe coopération/concurrence
Le Dialogue de Londres offre une chance stratégique et opportune de repenser la relation commerciale complexe entre les États-Unis et la Chine, qui demeure caractérisée par un paradoxe coopération/concurrence persistant. En tant que deux plus grandes économies mondiales, leurs rivalités commerciales se répercutent sur les marchés mondiaux, les chaînes d'approvisionnement et les institutions multilatérales. Pourtant, sous la surface des discours sur le découplage, les droits de douane et la rivalité technologique se cache une reconnaissance mutuelle du fait que leur interdépendance économique demeure à la fois inévitable et potentiellement stabilisatrice. Le Dialogue de Londres offre une plateforme unique pour des échanges francs sur des questions controversées, telles que les droits de propriété intellectuelle, l'accès au marché, le commerce numérique, les droits de douane et la résilience des chaînes d'approvisionnement, tout en identifiant des domaines d'engagement constructif comme le financement climatique, les technologies vertes et la santé publique.
En dépassant l’idée de concurrence à somme nulle, les deux pays peuvent repenser le commerce comme un outil de prospérité partagée plutôt qu'un levier stratégique. Il est important de noter qu'un dialogue productif à Londres peut également renforcer les normes mondiales par l'intermédiaire de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et établir de nouveaux modèles de conduite commerciale responsable malgré les rivalités géopolitiques. Redéfinir les liens commerciaux via un engagement constructif ne résoudra pas toutes les tensions, mais pourrait contribuer à gérer les risques, à réduire l'incertitude et à promouvoir un ordre économique fondé sur des règles. Il est donc crucial d'aligner la notion de concurrence sur celle de stabilité économique mondiale afin d’obtenir des résultats positifs.
Les États-Unis et la Chine, deux grandes économies, sont profondément interconnectées et interdépendantes. La principale préoccupation des observateurs et des parties prenantes mondiales n'est pas l'inévitabilité des divergences persistantes, mais la capacité du discours stratégique à cultiver une stabilité fonctionnelle au sein d'un système international de plus en plus turbulent. Dans un paysage mondial en constante évolution, les chaînes d'approvisionnement sont précaires, les pressions inflationnistes persistent et la croissance mondiale ralentit. Par conséquent, l'importance du dialogue sino-américain va au-delà des seules relations bilatérales. L'objectif est de restaurer la confiance dans une économie mondiale menacée de fragmentation. La résilience des économies nationales est désormais évaluée non seulement à l'aune des chiffres du PIB, mais aussi à leur robustesse structurelle et à leur adaptabilité politique. Aux États-Unis, les difficultés deviennent de plus en plus apparentes. Le dernier Livre beige de la Réserve fédérale (Fed), synthèse des commentaires sur la conjoncture économique actuelle, souligne que les appréhensions des entreprises face à l'incertitude politique ont atteint leur paroxysme depuis le début de la pandémie. La décision de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de réduire les projections de croissance américaine pour 2025 de 2,2% à 1,6% indique non seulement un déclin cyclique, mais aussi un essoufflement.
De son côté, la Chine a adopté une approche multidimensionnelle pour faire face aux difficultés. Le cadre politique, qui privilégie l'ouverture institutionnelle et la transformation structurelle, a introduit de la certitude dans un environnement mondial par ailleurs instable. Des initiatives telles que le mécanisme d'ajustement dynamique des quotas tarifaires et l'élargissement du champ d'application du Système de paiements interbancaires transfrontaliers, qui permet les transactions et les échanges transfrontaliers en renminbi, ont aidé les entreprises chinoises à atténuer les risques externes. Parallèlement, les réserves stratégiques de la Chine en énergie et en produits alimentaires ont permis de réduire les fluctuations de prix, maintenant l'inflation intérieure à un niveau modéré malgré l'instabilité mondiale. La résilience économique de la Chine repose sur son modèle de croissance hybride. Avec une capacité de production inégalée couvrant 41 grandes catégories et plus de 600 sous-catégories, et avec des ventes au détail ayant dépassé les 4000 milliards de yuans au premier trimestre 2025, la Chine dispose d'une capacité unique à stimuler les échanges locaux et internationaux. Des plateformes telles que les zones pilotes de e-commerce transfrontalier et les accords commerciaux régionaux comme le Partenariat économique régional global (RCEP) ont également renforcé sa capacité d'adaptation.
Il a été reconnu que des chaînes d'approvisionnement durables entre les États-Unis et la Chine dans des secteurs tels que les semi-conducteurs et les technologies vertes pourraient réduire les coûts industriels mondiaux de 15 à 20%. De ce point de vue, les dialogues économiques ne sont pas de simples actes symboliques de bonne volonté, mais une réaction logique à une vulnérabilité mutuelle. Néanmoins, des obstacles persistent. La politique à double voie de Washington, axée sur la concurrence et la collaboration sélective, pourrait perdurer dans un avenir proche. La réduction des exportations américaines de semi-conducteurs vers la Chine en 2024, attribuée aux limitations imposées par le « CHIPS and Science Act », met en évidence une méfiance stratégique persistante. Simultanément, des initiatives telles que le Cadre économique Indo-Pacifique pour la prospérité, mené par les États-Unis et qui exclut la Chine, visent à redéfinir la réglementation commerciale de manière à réduire l'implication chinoise.
Le Dialogue de Londres ouvre la voie à deux moteurs économiques mondiaux pour qu’ils jouent un rôle de stabilisateurs plutôt que de perturbateurs. À une époque où l'incertitude est devenue une caractéristique inhérente du système international, le dialogue économique entre les États-Unis et la Chine est un vecteur essentiel pour rétablir un degré de certitude et de prévisibilité. Le principe fondamental est évident : la concurrence n’exclut pas nécessairement la collaboration, et l’interdépendance, si gérée avec pragmatisme, peut constituer une source de stabilité plutôt qu’un facteur de vulnérabilité. Le Dialogue de Londres montre que, malgré l’incertitude, la collaboration est à la fois possible et essentielle, et offre l’occasion de résoudre les conflits dans une bonne atmosphère. Ce faisant, les deux plus grandes économies pourraient ouvrir la voie à une coexistence stratégique, une collaboration pragmatique et une responsabilité mutuelle dans un ordre international perturbé.
Traduit d’un article en anglais écrit pour french.china.org.cn par Dr Waseem Ishaque, chercheur principal à l’Institut Taihe de Beijing. Les articles d’opinion reflètent les points de vue de leurs auteurs, et ne sont pas nécessairement représentatifs des opinions de french.china.org.cn.
| Source:french.china.org.cn | ![]() |
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