Le "tout sauf la Chine" est irréaliste face aux incertitudes mondiales (ANALYSE)
La rhétorique "tout sauf la Chine" prônée par certains médias occidentaux en faveur d'un découplage avec la deuxième économie mondiale méprise les réalités économiques fondamentales, estiment des analystes.
Dans un contexte de chaînes d'approvisionnement perturbées et de volatilité accrue, cette approche risque d'aggraver les incertitudes auxquelles sont déjà confrontées les entreprises internationales. Loin d'être obsolète, l'investissement en Chine reste un choix stratégique pour faire face à l'instabilité mondiale et saisir les opportunités de croissance à venir.
Une relocalisation massive des chaînes hors de Chine se heurterait à des coûts accrus, à des défis logistiques et à de nouvelles vulnérabilités. Fortement intégrée aux chaînes industrielles mondiales, la Chine conserve un écosystème manufacturier sophistiqué, soutenu par des infrastructures solides et une large classe moyenne de plus de 400 millions de consommateurs.
En 2024, la Chine a conservé son rang de premier exportateur mondial pour la huitième année consécutive, tout en franchissant pour la première fois le cap des 1.000 milliards de dollars dans le commerce des services.
Malgré les vents contraires de l'économie mondiale, de nombreux dirigeants étrangers ont multiplié les visites en Chine ce printemps, participant à des forums majeurs, comme ceux de Boao et de Zhongguancun.
Le géant pharmaceutique britannique AstraZeneca a ainsi annoncé la création d'un sixième centre mondial de R&D à Beijing, tandis que treize multinationales, dont l'américain Costco, ont choisi d'établir leur siège régional à Shanghai.
Le découplage aurait également un coût pour les consommateurs, la Chine contribuant à rendre accessibles des produits variés et de qualité à des prix compétitifs.
Les économistes soulignent que la logique du "tout sauf la Chine" repose davantage sur des considérations politiques que sur une logique économique. "Les chaînes d'approvisionnement intégrées sont des opportunités et non des risques", observe Qu Fengjie, chercheuse auprès de la Commission nationale du développement et de la réforme.
Dans un monde incertain, les fondamentaux solides de la Chine, sa stabilité politique et son ouverture continue constituent un repère pour les investisseurs. En 2024, environ 60.000 entreprises à capitaux étrangers ont été créées dans le pays, en hausse de 9,9% sur un an.
Pour Christian Hartel, PDG de Wacker Chemie, la Chine reste un marché immense, attractif et porteur, aujourd'hui comme demain.
Tandis que la Chine s'est hissée au 11e rang mondial de l'indice mondial de l'innovation de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, son avance dans les technologies de pointe, comme l'intelligence artificielle, stimule les investissements étrangers dans les secteurs à forte valeur ajoutée.
"Le vaste marché intérieur chinois, l'amélioration de l'environnement des affaires et les politiques d'ouverture de haut niveau se sont combinés afin de créer un environnement d'investissement stable à long terme pour les entreprises internationales", conclut Michael Bi, associé directeur d'EY Greater China Markets.