Le rôle de l'Asie comme moteur de la croissance mondiale mis en avant lors du FBA

Les experts s'accordent à dire que la région a renforcé son engagement en faveur de l'ouverture et de la stabilité

Les économies asiatiques, avec une croissance du PIB réel prévue à 4,5% en 2025, continueront de jouer un rôle crucial dans la stabilité et la croissance économiques mondiales, selon un rapport publié mardi lors de la conférence annuelle 2025 du Forum de Boao pour l'Asie (FBA).

Ce forum intervient peu après le Forum sur le développement de la Chine 2025, qui s'est clôturé lundi et a réuni de hauts responsables gouvernementaux ainsi que des chefs d'entreprise du monde entier. Des experts ont déclaré que le message clé de ces forums était on ne peut plus clair : l'Asie, sous l'impulsion de la Chine, renforce son engagement en faveur de l'ouverture et de la stabilité, contrastant fortement avec l'isolement économique croissant engendré par les sanctions et les droits de douane arbitraires des États-Unis.

Le « Rapport annuel de 2025 sur les perspectives économiques et les progrès de l'intégration en Asie », publié mardi, prévoit que la part du PIB des économies asiatiques dans l'économie mondiale passera de 36,1% en 2024 à 36,4% en 2025. En termes de parité de pouvoir d'achat (PPA, une mesure comparant la productivité économique et le niveau de vie entre les pays), la part de l'Asie dans l'économie mondiale devrait passer de 48,1% à 48,6% cette année.

Le rapport indique que des économies comme la Chine, l'Inde, le Vietnam, les Philippines, la Mongolie, le Cambodge et l'Indonésie devraient maintenir un taux de croissance supérieur à 5% cette année.

Zhang Yuyan, économiste de renom et académicien à l'Académie chinoise des sciences sociales, a déclaré : « De telles performances économiques signifient que l'Asie, moteur essentiel de l'économie mondiale, devrait bénéficier de la stabilisation économique mondiale en 2025 et jouer un rôle crucial dans cette stabilité ».

Le rapport indique également que malgré les incertitudes économiques – avec notamment les changements de politique monétaire dans les grandes économies comme les États-Unis et l'Union européenne (UE) – et les tensions géopolitiques, la plupart des marchés boursiers asiatiques devraient maintenir une tendance haussière cette année.

Dans ce contexte de croissance, la Chine demeure la destination la plus attractive de la région pour les investisseurs étrangers. Le dynamisme de l'innovation chinoise dans des domaines tels que l'intelligence artificielle (IA), illustré par DeepSeek, a renforcé son statut de lieu sûr pour l'entrepreneuriat dans un monde où les sanctions américaines représentent des risques croissants.

Zhou Xiaochuan, ancien gouverneur de la Banque populaire de Chine (BPC, banque centrale), a indiqué lors de la conférence que « la Chine répond aux exigences mondiales avec responsabilité et courage, continuant d'apporter stabilité et sécurité au monde. Alors que l'année 2025 marque la fin de son 14e Plan quinquennal (2021-2025), la Chine approfondira ses réformes globales et renforcera son ouverture de haut niveau ».

« La Chine va adopter une politique budgétaire plus proactive et une politique monétaire modérément accommodante, stimuler la consommation, améliorer l'efficacité des investissements et développer la demande intérieure dans tous les secteurs », a-t-il affirmé.

Le rapport souligne notamment que la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis en 2018 n'a pas amélioré la position des États-Unis dans les chaînes de valeur manufacturières mondiales. Au contraire, l'écart entre la Chine et les États-Unis dans ce secteur s'est creusé.

Le commerce mondial de biens intermédiaires est devenu plus dépendant de la Chine que de l'Amérique du Nord. En 2023, la dépendance à l'égard de la Chine s'élevait à 16%, contre 15% pour l'Amérique du Nord, selon le rapport.

Lin Guijun, ancien vice-président de l'Université de commerce international et d'économie de Beijing, a noté que « les derniers droits de douane américains ont un impact sur tous leurs principaux partenaires commerciaux, et pas seulement sur la Chine. Mais les autres pays réagissent de manière fragmentée et faible, sans réponses coordonnées ».

L'économiste Zhang Yuyan a souligné : « Alors que la coopération internationale visait autrefois le bénéfice mutuel, de nombreux pays se sont tournés vers un jeu à somme nulle. Avec les nouvelles mesures commerciales américaines, la situation s'est aggravée et est devenue un jeu à somme négative, où les pays acceptent leurs propres pertes tandis que leurs rivaux subissent encore plus de pertes ».

« Mais le monde a besoin d'une économie plus ouverte, fondée sur la coopération et une prospérité partagée. La véritable réussite ne vient pas seulement du profit personnel, mais aussi de l'épanouissement des autres », a-t-il ajouté.

Le Forum de Boao, organisé sur le thème « L'Asie dans un monde en mutation : vers un avenir commun » et qui se tiendra sur quatre jours, a attiré près de 2000 participants venus de plus de 60 pays et régions du monde, selon le comité d'organisation.

Claus Rettig, président pour la région Asie-Pacifique du géant allemand des produits chimiques de spécialité Evonik, a déclaré lors du forum : « Nous avons une confiance inébranlable dans la croissance de la Chine. La région Asie-Pacifique est l'un des marchés à la croissance la plus rapide pour Evonik, et la Chine en est le cœur, détenant la plus grande part de marché ».

« La Chine est le premier marché mondial de la chimie, s'appuyant sur une infrastructure robuste et une chaîne d'approvisionnement profondément intégrée », a-t-il noté. « Nous considérons la puissance économique de la Chine comme un socle solide pour notre croissance et restons déterminés à y accroître nos investissements. »