Le Sud global contribue à un ordre financier international plus équitable et plus inclusif
A l'heure où la montée de l'unilatéralisme et du protectionnisme se conjugue pour perturber la gouvernance économique mondiale, des liens toujours plus étroits entre la communauté financière du Sud global devraient donner un nouvel élan à l'élaboration d'un nouvel ordre financier international.
C'est le dernier consensus auquel sont parvenus les représentants de la communauté financière du Sud global lors du Forum des financiers du Sud global 2025 à Beijing, organisé par l'Agence de presse Xinhua du 19 au 21 mars.
Parmi les participants au forum figuraient des représentants de ministères, d'institutions financières, d'organisations internationales et des universitaires de plus de 30 pays et régions.
Ils ont appelé la communauté financière du Sud global à déployer des efforts conjoints pour combler le fossé financier entre le Nord et le Sud et favoriser un nouvel ordre financier plus juste, plus équitable et plus inclusif.
S'ÉLEVER CONTRE LES VENTS CONTRAIRES
En tant que bloc de pays en développement, d'économies émergentes et de nations les moins développées, le Sud global, dans son ensemble, est confronté à des tâches et des missions de développement communes puisqu'il abrite environ 85% de la population mondiale, d'après Jiao Jie, doyen de la PBC School of Finance de l'Université Tsinghua.
Au cours des dernières décennies, les pays du Sud global ont enregistré une croissance économique remarquable, injectant stabilité et vitalité dans l'économie mondiale, a déclaré M. Jiao, qui a estimé que la part du Sud global dans le PIB réel mondial avait bondi de 26% en 2006 à 42% en 2024, sous l'impulsion notamment des économies émergentes, dont la Chine et l'Inde.
Cependant, les participants au forum ont averti que l'environnement extérieur est devenu plus complexe pour les pays du Sud global, alors que l'économie mondiale est aux prises avec un ralentissement de la croissance, des tensions géopolitiques et une résurgence du protectionnisme.
Rien qu'en 2023, près de 3.000 nouvelles mesures de distorsion des échanges ont étouffé les flux transfrontaliers de technologies, de capitaux et de main-d'œuvre, a indiqué M. Jiao à Xinhua, soulignant que le dernier cycle de protectionnisme, représenté par de nouvelles hausses tarifaires, pose encore plus de défis.
Yamile Berra Cires, première vice-présidente de la Banque centrale de Cuba, a déclaré qu'un blocus technologique et économique de la part de certains pays développés, associé à des tensions géopolitiques, au changement climatique et à l'accélération de la transformation numérique dans le secteur financier, a mis en évidence de plus grandes vulnérabilités dans les économies du Sud global, comme celle de Cuba.
Bien qu'elles représentent plus de 40% de l'économie mondiale et contribuent à 80% de la croissance économique mondiale, les nations du Sud global sont toujours confrontées à une disparité entre leur contribution économique et leur influence dans le système financier international actuel, selon Gu Shu, président de la Banque agricole de Chine, l'un des principaux bailleurs de fonds du pays.
VISION D'UN NOUVEL ORDRE FINANCIER
En publiant le document du Consensus de Beijing, les représentants des financiers du Sud global appellent les pays du Sud global à s'unir pour relever des défis communs, notamment les importants déficits de financement, la mauvaise répartition des ressources et l'aggravation des fractures technologiques.
"Alors que nous naviguons dans un paysage économique mondial en pleine mutation, les nations du Sud global se trouvent à un moment charnière, dotées d'opportunités sans précédent et confrontées à des défis considérables", a indiqué Andre du Plessis, PDG de Standard Advisory (China) Ltd, qui a salué le consensus comme une étape importante.
Pour l'Afrique, en tant que membre majeur du Sud global, une approche multilatérale et inclusive est essentielle au développement économique, a déclaré M. Du Plessis, tout en appelant à une plus grande collaboration en termes de coopération financière inclusive.
"Lorsque le Sud global agit, ses perspectives de développement sont encore plus prometteuses", a-t-il ajouté.
Notamment, de nombreux pays du Sud global sont aux prises avec des niveaux d'endettement insoutenables, qui limitent considérablement leur capacité à investir dans des domaines clés tels que la santé, l'éducation, l'équité sociale et d'autres priorités nationales, a déclaré Shyam Prasad Bhandari, co-secrétaire du ministère népalais des Finances.
M. Bhandari a suggéré que les pays du Sud global renforcent leur coordination en matière de finance verte, car il s'agit d'une stratégie qui façonne la résilience, stimule l'innovation et garantit la prospérité future.
"Les besoins d'investissement des pays du Sud global sont encore plus importants si l'on tient compte de défis tels que le réchauffement climatique, qui obligerait les pays à investir dans de nouvelles infrastructures, les énergies renouvelables et les technologies agricoles pour améliorer leur état de préparation", a déclaré David Sumual, économiste en chef de la Bank Central Asia d'Indonésie, qui a appelé à un renforcement de la coopération Sud-Sud.
"Si le chemin à parcourir est sans aucun doute semé d'embûches, il est également plein d'opportunités", a souligné Jonathan Titus-Williams, vice-ministre de la Planification et du Développement économique de la Sierra Leone.
Grâce à des options de financement diverses et créatives, les pays du Sud global peuvent créer un ordre de gouvernance financière plus équitable, plus durable et plus résilient, a ajouté M. Titus-Williams.