Les Etats-Unis critiqués pour leurs subventions élevées au secteur photovoltaïque

L’Association chinoise de l’industrie photovoltaïque (ACIP) a exprimé ses vives inquiétudes et sa forte opposition à la distorsion du marché mondial de l’énergie solaire par les Etats-Unis, qui accordent des subventions excessives aux entreprises américaines et imposent des droits de douane élevés sur les produits solaires importés. Elle a affirmé que les mesures prises par les Etats-Unis entravaient la coopération internationale dans la lutte contre les changements climatiques.

Dans une déclaration récente, l’ACIP a estimé que les Etats-Unis avaient « érigé de hauts murs protectionnistes, en imposant de multiples restrictions commerciales et en augmentant continuellement les barrières tarifaires sur les produits photovoltaïques importés ». En mai dernier, les Etats-Unis ont par exemple décidé que la taxe à l’importation sur les cellules solaires chinoises passerait de 25 à 50 %.

L’ACIP a souligné que les Etats-Unis avaient mis en œuvre des politiques industrielles exclusives et discriminatoires par le biais de lois, telles que la Loi sur la réduction de l’inflation ou encore la Loi sur l’investissement dans les infrastructures et l’emploi, mais aussi subventionné à grande échelle leur propre industrie photovoltaïque.

« La Loi sur la réduction de l’inflation, adoptée en 2022, offre des subventions d’un montant sans précédent de 369 milliards de dollars (330 milliards d’euros) pour soutenir les investissements et la production dans le secteur de l’énergie propre, y compris les produits photovoltaïques nationaux, dans le but de reconstruire leur chaîne industrielle photovoltaïque », indique-t-elle dans son communiqué.

Le 16 mai, le Département de l’Energie des Etats-Unis a annoncé un investissement de 71 millions de dollars pour financer le Programme d’incubation pour la fabrication de produits solaires au silicium et de produits photovoltaïques à double usage (à hauteur de 27 millions de dollars) et le Programme de financement de l’énergie solaire photovoltaïque à couche mince des Etats-Unis (à hauteur de 44 millions de dollars), dans le but de combler les lacunes dans les capacités de fabrication de la chaîne d’approvisionnement photovoltaïque, rappelle l’ACIP.

« Ces mesures ont enfreint les règles commerciales multilatérales et faussé gravement les opérations de marché de la chaîne d’approvisionnement mondiale de l’industrie photovoltaïque », déplore-t-elle.

Selon plusieurs experts et chefs d’entreprise, si les subventions sont monnaie courante dans le secteur des nouvelles énergies, la stratégie américaine consistant à augmenter les droits de douane sous des prétextes antisubventions et à soutenir financièrement les entreprises nationales constitue une politique de « deux poids et deux mesures », dont l’objectif est d’empêcher les entreprises solaires chinoises de s’emparer de parts de marché au niveau mondial. Or, les équipements solaires et éoliens fabriqués en Chine ont facilité l’adoption généralisée d’énergies renouvelables abordables à travers le monde entier, contribuant ainsi à un changement mondial vers un développement vert, et la collaboration entre les économies mondiales est essentielle pour des gains mutuels dans le secteur.

Cui Fan, un professeur de Commerce international à l’Université de commerce international et d’économie de Beijing, reconnaît que les interventions politiques sont nécessaires au niveau mondial pour remédier aux failles du marché dans la promotion des nouvelles énergies.

« Le fait de s’en remettre uniquement aux forces du marché pourrait retarder de 20 à 30 ans les progrès de la décarbonisation au niveau mondial, ce qui serait en décalage avec le rythme des initiatives vertes mondiales. […] Toutefois, dans le cadre de l’OMC, les subventions doivent respecter des conditions spécifiques, notamment éviter les discriminations injustes. La Loi américaine sur la réduction de l’inflation enfreint ce principe en favorisant les produits américains par rapport aux importations chinoises », explique-t-il.

Song Hao, le vice-président adjoint de GCL Technology Holdings, affirme que les actions contradictoires des Etats-Unis, qui restreignent les importations sous des prétextes antisubventions tout en soutenant fortement leur industrie solaire nationale, sapent l’équité.

Lin Boqiang, le directeur de l’Institut chinois d’études sur la politique énergétique de l’université de Xiamen, estime lui aussi que les subventions élevées accordées par les Etats-Unis à leur industrie des nouvelles énergies, ainsi que l’augmentation constante des droits de douane sur les produits chinois sous des prétextes anti-subventions, témoignent d’une politique américaine de « deux poids et deux mesures ».

« Bien que les Etats-Unis n’aient cessé d’élever des barrières commerciales, l’impact sur l’industrie solaire chinoise est limité, car les exportations directes de la Chine vers les Etats-Unis sont relativement faibles. Les entreprises chinoises ont diversifié leurs investissements à l’échelle mondiale, nouant des liens plus étroits avec l’Europe, le Moyen-Orient et d’autres régions, afin d’explorer de nouvelles opportunités », nuance-t-il.

Au cours du 1er semestre de cette année, les Etats-Unis ne figuraient pas parmi les dix premiers marchés pour les exportations chinoises de modules solaires, alors que l’Europe et l’Asie représentaient collectivement plus de 80 % de ces exportations, indique l’ACIP, qui précise que les modules solaires représentent 87 % des exportations totales de produits photovoltaïques de la Chine en valeur.