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Des experts appellent à une amélioration du système de régulation financière
L'optimisation du système de régulation sera l'une des priorités de la réforme financière actuellement en cours en Chine, et visera à garantir que le secteur financier remplisse efficacement sa mission fondamentale de servir l'économie réelle, ont déclaré des experts financiers chinois.
Parvenir à un développement de haute qualité du secteur financier est d'une importance capitale pour la poursuite de la modernisation de la Chine, alors qu’un soutien financier est crucial pour favoriser de nouvelles forces productives de qualité et renforcer l'avantage du pays dans la concurrence internationale, ont-ils souligné.
Pour atteindre cet objectif, une supervision renforcée sera nécessaire pour garantir que le secteur financier se concentre sur servir l'économie réelle, plutôt que sur ses propres intérêts en laissant par exemple les fonds circuler au hasard au sein du secteur ou en rémunérant les professionnels du secteur de manière disproportionnée par rapport à leurs contributions économiques, ont poursuivi ces experts.
En ce qui concerne la réforme du marché boursier, l'accent immédiat devrait être mis sur l'amélioration des règles les plus fondamentales tout en rétablissant un niveau raisonnable de valorisation, avec des mesures justifiées comme l'intensification des radiations boursières et l'attraction de capitaux à long terme tels que les fonds locaux de sécurité sociale, ont-ils ajouté.
Ces propos interviennent après que Wang Jiang, directeur adjoint exécutif du bureau de la Commission financière centrale, a déclaré que l'approfondissement de la réforme financière nécessitait de renforcer la prévention des risques, d'intensifier la supervision et de promouvoir un développement de haute qualité. La commission est responsable de la conception de haut niveau de la stabilité financière ainsi que des efforts de développement de la Chine.
Dans une interview accordée vendredi au Quotidien du Peuple, M. Wang a appelé à la mise en place des « barrières » et des « pare-feux » nécessaires pour perfectionner le système de régulation financière.
Liu Qiao, doyen de l'École de gestion Guanghua de l'Université de Pékin, a déclaré : « L'objectif principal du renforcement de la régulation est de ramener la finance à son essence, qui est de mieux servir l'économie réelle. En d'autres termes, de promouvoir de nouvelles forces productives de qualité et de mieux faciliter la modernisation de la Chine ».
M. Liu, qui est également professeur de finance, a noté qu'il était « presque inimaginable » que la deuxième économie mondiale puisse prendre l'avantage dans le nouveau cycle de révolution technologique sans un développement de haute qualité de la finance. « Seul le secteur financier peut allouer d'énormes quantités de capitaux à l'innovation technologique et favoriser l'entrepreneuriat. »
Par conséquent, le récent examen réglementaire du secteur ne doit pas être interprété comme un signe que l'importance de la finance sera minimisée, mais plutôt comme un appel au secteur pour mieux promouvoir le développement de haute qualité de la Chine, a affirmé M. Liu.
Tian Xuan, vice-doyen de l’École de finance de la BPC de l'Université Tsinghua et directeur de l'Institut national de recherche financière de l'université, a déclaré : « Nous devons profondément reconnaître que la nature fondamentale de la finance est qu'elle est une industrie de services. Servir l'économie réelle est son devoir primordial ».
Il n'est pas acceptable que les activités financières se détachent de l'économie réelle, avec des institutions financières qui utilisent des entreprises de distribution afin de gagner une commission en faisant simplement passer des fonds par leur intermédiaire sans contribuer à l'économie réelle, a souligné M. Tian.
« Dans le contexte plus large de la reconnaissance de la nature politique et axée sur les personnes du secteur financier, nous devons nous attaquer à ces phénomènes », a-t-il ajouté.
L'une des tâches clés de l'approfondissement de la réforme du système financier est la résolution adoptée en juillet lors de la troisième session plénière du 20e Comité central du Parti communiste chinois (PCC), qui appelle à affiner le rôle et la gouvernance des institutions financières ainsi qu’à améliorer les mécanismes d'incitation et de contrainte pour garantir que ces institutions servent l'économie réelle.
Plus précisément, la résolution stipule que la Chine doit améliorer les fonctions du marché des capitaux, équilibrer l'investissement et le financement, et établir des mécanismes à long terme pour renforcer la stabilité sous-jacente du marché des capitaux.
Le marché des capitaux étant considéré comme davantage capable de soutenir l'activité d'innovation que le secteur bancaire, la Chine a accéléré la réforme du marché des capitaux, le Conseil des affaires d'État - le cabinet chinois - ayant publié en avril une directive qui met en place neuf mesures visant à promouvoir un développement de haute qualité du marché des capitaux.
Des experts ont toutefois indiqué estimer qu'il restait encore beaucoup à faire. Les entreprises non financières n'ont levé que 144,5 milliards de yuans (20,2 milliards de dollars) via les marchés boursiers nationaux au cours des sept premiers mois de l'année, contre 18 870 milliards de yuans au total pour le financement de l'économie réelle au cours de la même période, selon les données de la Banque populaire de Chine (BPC, banque centrale) publiées mardi.
Le marché chinois des actions A dispose également d’une grande marge de manœuvre pour améliorer les perspectives de rendement des investisseurs, en particulier dans un contexte de marché financier mondial plus volatil alors que les actions américaines ont chuté, ont affirmé ces experts. L'Indice composite de référence de Shanghai a perdu 3,6% depuis le début de l'année, clôturant à 2867,95 points mardi.
Zhang Ming, directeur adjoint de l'Institut des finances et des banques de l'Académie chinoise des sciences sociales, a déclaré que la réforme du marché des capitaux du pays devrait donner la priorité à l'amélioration des règles et réglementations les plus élémentaires, notamment la lutte contre la fraude financière, le renforcement de la protection des investisseurs et la promotion de radiations régulières de la bourse.
La prochaine étape devrait consister à introduire davantage de capitaux à long terme, notamment en augmentant progressivement la proportion que les fonds de sécurité sociale de niveau provincial sont autorisés à investir sur le marché des actions A, a avancé M. Zhang, qui est également directeur adjoint de l'Institution nationale pour la finance et le développement.
Les fonds de sécurité sociale locaux, qui investissent actuellement principalement dans les obligations, peuvent tirer parti de la faible valorisation actuelle des actions chinoises et effectuer des investissements en actions à bas prix dans les leaders du secteur afin d’établir des portefeuilles d'investissement à long terme, a-t-il affirmé.
Une fois le marché des actions A stabilisé, d'autres mesures de réforme, telles que l'autorisation de davantage de ventes à découvert et de transactions sur produits dérivés, pourront alors être introduites, a indiqué M. Zhang, ajoutant : « Ne vous précipitez pas et concentrez-vous d'abord sur les bases ».
Liu Qiao, de l'Université de Pékin, a déclaré qu'il était important de soutenir les investisseurs institutionnels qualifiés et même d'envisager de canaliser davantage de fonds gouvernementaux - par l'intermédiaire des autorités fiscales ou de la banque centrale - vers le marché des actions A afin de corriger la sous-évaluation.
« La priorité la plus urgente est de restaurer la fonction de découverte des prix du marché », a indiqué M. Liu, faisant référence au rétablissement d'un niveau de valorisation raisonnable.
Source:french.china.org.cn |