share
Envoyer [A A]

La Chine condamne la décision de l’UE d’imposer des droits de douanes compensateurs sur les véhicules électriques chinois

French.china.org.cn | Mis à jour le 13. 06. 2024 | Mots clés : UE,véhicules électriques,droits de douanes
french.china.org.cn | 13. 06. 2024


« Le protectionnisme n’est pas la voie à suivre »

La Commission européenne a annoncé mercredi que les véhicules électriques à batterie (BEV) fabriqués en Chine seraient bientôt soumis à des droits de douane compensateurs punitifs à la suite de son enquête antisubventions lancée en octobre.

La commission a déclaré avoir provisoirement conclu que « la chaîne de valeur des BEV en Chine bénéficie de subventions injustes, ce qui constitue une menace de préjudice économique pour les producteurs européens de BEV ».

La commission a précisé que les droits compensateurs varieraient en fonction de la marque, avec des droits de douane de 38,1% pour SAIC, de 20% pour Geely et de 17,4% pour BYD, soulignant que ces nouveaux droits de douane s'ajouteraient aux droits d'importation existants de 10%.

La Chine a exprimé « sa profonde inquiétude et son fort mécontentement suite à la décision de la Commission européenne », a déclaré mercredi le ministère chinois du Commerce.

Le ministère a également appelé l'Union européenne (UE) « à rectifier immédiatement ses actions arbitraires et à chercher le dialogue et les négociations afin de résoudre efficacement les frictions commerciales en cours entre les deux parties », a indiqué un porte-parole dans un communiqué publié sur le site Internet du ministère.

« La décision, qui ne tient pas compte des preuves factuelles et des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a été prise malgré les fortes objections répétées de la Chine, et elle ignore les appels et les avertissements des gouvernements et des secteurs industriels de plusieurs États membres de l'UE », selon le porte-parole.

« La décision ne reconnaît pas non plus que l'avantage concurrentiel de la Chine dans l'industrie des voitures électriques est le résultat d'une concurrence juste et ouverte, et cette décision constitue une violation des règles de l'OMC et un manque de reconnaissance de la coopération globale des entreprises chinoises au cours de l'enquête », a affirmé le porte-parole.

« En outre, il s'agit d'un acte protectionniste flagrant qui intensifiera les frictions commerciales et sapera une concurrence loyale sous couvert du “maintien d'une concurrence loyale”, ce qui non seulement mettra en péril les droits et intérêts légitimes de l'industrie automobile électrique chinoise, mais perturbera également la chaîne d’approvisionnement automobile mondiale », a poursuivi le porte-parole.

« Les mesures prises par la Commission européenne non seulement nuisent aux intérêts des consommateurs européens, mais compromettent également les propres objectifs de l'UE en matière de transition verte et de collaboration dans la lutte contre le changement climatique à l'échelle mondiale », toujours selon le porte-parole.

« La Chine se tiendra au fait des développements du côté de l'UE et est prête à prendre les mesures nécessaires pour protéger fermement les droits des entreprises chinoises impliquées », a-t-il ajouté.

Mercredi également, le ministère chinois des Affaires étrangères a exhorté l'UE à honorer son engagement de soutenir le libre-échange et de rejeter le protectionnisme.

Lin Jian, porte-parole du ministère, a affirmé lors d'un point de presse quotidien que « cette enquête anti-subventions est un acte typique de protectionnisme ».

Selon lui, « en utilisant l'enquête comme prétexte, l'UE prévoit d'imposer des droits de douane sur les véhicules électriques importés de Chine, ce qui viole les principes de l'économie de marché et les règles du commerce international ».

« Cette décision nuira également à la coopération économique et commerciale entre la Chine et l'UE ainsi qu'à la stabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales de l'automobile, nuisant en fin de compte aux propres intérêts de l'Europe », a-t-il poursuivi.

Une approche malavisée

Le porte-parole a noté que des personnalités politiques de plusieurs pays européens et des représentants de l'industrie automobile européenne avaient récemment exprimé leur opposition à l'enquête anti-subventions, ces derniers indiquant estimer qu'imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois pour protéger l'industrie européenne serait une approche peu judicieuse.

« Le protectionnisme n'est pas la voie à suivre, tandis que l'ouverture et la coopération sont la bonne voie », a déclaré M. Lin.

Il a exhorté l'UE à travailler de concert avec la Chine pour maintenir la situation globale de la coopération économique et commerciale entre la Chine et l'UE. « La Chine prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre fermement ses droits et intérêts légitimes », a-t-il ajouté.

La Commission européenne a indiqué avoir contacté les autorités chinoises pour discuter des conclusions de l’enquête et explorer les moyens possibles de résoudre les problèmes d'une manière compatible avec l'OMC.

« Si les discussions avec les autorités chinoises n'aboutissent pas à une solution efficace, ces droits compensateurs provisoires seront introduits à partir du 4 juillet », a annoncé la commission.

Dans un communiqué publié mercredi, la Chambre de commerce chinoise auprès de l'UE (CCCEU) a exprimé « son choc, sa grave déception et son profond mécontentement face aux mesures commerciales protectionnistes » prises par la Commission européenne.

« La CCCEU estime que ces mesures porteront gravement atteinte aux droits et intérêts légitimes des sociétés de BEV et auront des impacts négatifs sur le commerce et la coopération entre la Chine et l'UE dans le secteur automobile », a-t-elle déclaré.

Selon une récente enquête de la CCCEU auprès de l'industrie chinoise des BEV, l'imposition d'une taxe supplémentaire de 10% aurait déjà des implications significatives pour la plupart des constructeurs automobiles chinois, ce qui aurait un impact négatif substantiel sur leurs exportations vers l'Europe.

« Les taux allant de 17,4% à 38,1% constitueront un sérieux obstacle au marché », a souligné la CCCEU.

Malgré la puissance de la Chine sur le marché mondial de la production et de la vente de BEV, ses exportations de BEV vers l'UE ne représentaient qu'environ 5% de la production chinoise de BEV en 2023. La part de marché des marques chinoises de BEV sur le marché européen est toujours restée inférieure à celle des entreprises européennes locales, selon la CCCEU.

La CCCEU a également avancé que « l'enquête menée par l'UE sur les BEV chinois était politiquement motivée, poussée par le protectionnisme, et manquait de plaintes substantielles de la part de sa propre industrie ».

« En revanche, de nombreux représentants de l'industrie européenne ont exprimé leurs inquiétudes concernant l'enquête, citant des impacts négatifs potentiels sur les chaînes d'approvisionnement chinoises et européennes des BEV, l'innovation et la coopération sur le marché », a déclaré la CCCEU, ajoutant que la chambre et l'industrie automobile chinoise partageaient également ces inquiétudes.

Carl Bildt, coprésident du Conseil européen des relations étrangères et ancien Premier ministre suédois, a posté mercredi sur les réseaux sociaux qu'il n'était « pas trop inquiet de ce qui a été qualifié de subventions chinoises aux véhicules électriques. S'ils veulent subventionner la transition verte de l'UE, qui doit vraiment accélérer, alors ça me convient ».

David Henig, directeur du projet de politique commerciale du Royaume-Uni au Centre européen d'économie politique internationale, basé à Bruxelles, a écrit sur les réseaux sociaux : « Essentiellement, le véritable objectif des tarifs douaniers de l’UE est de donner à l’industrie nationale quelques années pour devenir plus compétitive que l’industrie chinoise ou pour recevoir des investissements de sa part. Oui, il y a des subventions, mais il y en a partout. La Chine a juste commencé à produire des véhicules électriques bien plus tôt ».

Lors d'un récent voyage en Europe, le ministre chinois du Commerce Wang Wentao a rejeté les accusations de « concurrence déloyale » formulées par l'UE et les États-Unis, les qualifiant d'infondées. Il a affirmé à cette occasion que « certains pays appliquent des droits de douane élevés, des subventions discriminatoires, des restrictions sur les investissements et des sanctions unilatérales qui contreviennent aux règles de l'OMC, et ce dans le but d'exclure les entreprises chinoises de leurs marchés ».

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source:french.china.org.cn