Le yuan résiste à la vague de dépréciation par rapport au dollar en Asie

Alors que plusieurs monnaies asiatiques, dont le yen japonais, le won sud-coréen et la roupie indienne, continuent de se déprécier par rapport au dollar américain - principalement en raison de la politique de la Réserve fédérale américaine (Fed) -, le yuan chinois a maintenu sa résilience sur le marché des changes.

Des experts ont déclaré que cette stabilité était principalement due aux fondamentaux économiques solides de la Chine ainsi qu'à une réglementation politique efficace, et ont exhorté les États-Unis « à assumer la responsabilité du maintien de la stabilité économique et financière mondiale ».

La Banque du Japon a décidé vendredi de maintenir sa politique monétaire inchangée. Après cette annonce, le yen a continué de plonger, le taux de change chutant au-delà de 158 yens pour un dollar sur le marché des changes de Tokyo, qui est revenu à son niveau le plus bas depuis mai 1990.

Le yen n’est pas la seule monnaie asiatique en difficulté. Le won sud-coréen a fortement chuté par rapport au dollar américain le 16 avril, le taux de change won-dollar dépassant la barre des 1400 wons pour la première fois depuis 17 mois.

Plusieurs autres monnaies asiatiques ont affiché des tendances similaires. La roupie indienne, la roupie indonésienne, le ringgit malaisien et le dong vietnamien ont tous poursuivi sur leur courbe descendante.

Mais le yuan a fait preuve d’une forte résilience sur le marché des changes. Zhu Hexin, gouverneur adjoint de la Banque populaire de Chine (BPC, banque centrale) et chef de l'Administration d'État de contrôle des changes (SAFE), a déclaré lors d'une conférence de presse que le yuan avait augmenté de manière constante par rapport à un panier de devises, ajoutant qu'il avait enregistré de bonnes performances parmi les devises mondiales. Pour la Chine, les flux de capitaux transfrontaliers sont globalement équilibrés, avec des réserves de change globalement stables.

« Les fortes baisses des monnaies multinationales par rapport au dollar ont été principalement influencées par les politiques de la Réserve fédérale », a affirmé dimanche Wang Peng, chercheur associé à l'Académie des sciences sociales de Beijing.

Lors d'une table ronde tenue le 16 avril, le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué que les décideurs attendraient plus longtemps que prévu pour réduire les taux d'intérêt, après une série de chiffres d'inflation étonnamment élevés.

Depuis l’année dernière, le marché s’attendait de manière générale à ce que la Fed réduise ses taux d’intérêt cette année. Le changement de position de la Fed a conduit plusieurs devises asiatiques à faire face à une vague de ventes, ont indiqué des experts.

« L'indépendance de la politique monétaire de la Chine est relativement forte », a souligné dimanche l'économiste Pan Helin.

Wang Peng a fait écho à ces propos, notant que « la banque centrale chinoise a efficacement maintenu la stabilité du taux de change du yuan en régulant l'offre et la demande sur le marché des changes et en gérant les flux de capitaux transfrontaliers ».

La croissance régulière de l'économie du pays a également fourni une base solide pour la stabilité du taux de change, a-t-il ajouté.

M. Wang a déclaré que la dépréciation d'une monnaie locale impliquait une augmentation des prix des biens et services importés, ce qui, pour les pays dépendants des importations, augmenterait les coûts pour les entreprises et les consommateurs et pourrait conduire à une hausse de l'inflation.

De plus, pour les pays dont la dette est largement libellée en dollars, la dépréciation de la monnaie augmenterait le coût du service de leur dette et pourrait exacerber les pressions budgétaires, a prévenu M. Wang.

« En tant que premier émetteur de devises au monde, les États-Unis, tout en poursuivant leurs propres intérêts, devraient également assumer la responsabilité du maintien de la stabilité économique et financière mondiale », a soutenu M. Wang, qui a ajouté que davantage de pays allaient chercher des stratégies de diversification monétaire afin de réduire leur dépendance à l'égard du dollar et d’atténuer les risques associés.