Intensification de la répression technologique américaine, la Chine promet des « mesures nécessaires »

La répression américaine contre la Chine dans le secteur des hautes technologies s’est intensifiée, avec la dernière décision en date de mettre sur liste noire de nouvelles entreprises chinoises en raison de leur implication présumée dans des affaires militaires.

Les observateurs chinois ont déclaré jeudi que l’hégémonie technologique des Etats-Unis n’écraserait pas la Chine, mais ne ferait qu’entraver leur propre avancée technologique, appelant Washington à traduire ses paroles en actions concrètes pour maintenir la dynamique de stabilisation des relations sino-américaines.

Jeudi, le ministère chinois des Affaires étrangères (MAE) a promis que le pays ferait le nécessaire pour protéger fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises, tout en exhortant les Etats-Unis à cesser de politiser les questions commerciales et technologiques et de « transformer celles-ci en armes ».

Les Etats-Unis ont ajouté quatre entreprises chinoises à une liste noire concernant les exportations, car celles-ci sont accusées d’être « impliquées dans la fourniture de puces d’intelligence artificielle (IA) aux programmes de modernisation militaire de la Chine » et « aux utilisateurs du renseignement militaire », a rapporté mercredi l’agence d’information Reuters, citant Kevin Kurland, un responsable en charge du contrôle des exportations au Département américain du Commerce.

« Considérant la Chine comme son concurrent stratégique le plus important ces dernières années, les Etats-Unis ont fait de la répression et du découplage de la Chine une politique fondamentale dans le but de contenir son développement », explique Yuan Zheng, le directeur adjoint et chercheur principal à l’Institut d’études américaines de l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC).

Selon lui, l’hégémonie technologique et le monopole des Etats-Unis ne feront que nuire à leur propre image et entraver leurs progrès technologiques. Alors que cette guerre technologique qui dure depuis des années entre la Chine et les Etats-Unis s’éternise, les Etats-Unis ont reconnu que la Chine ne pouvait pas être écrasée du jour au lendemain.

« La Chine ne se fait pas d’illusions sur la volonté des Etats-Unis de mettre un jour fin à l’endiguement technologique. Elle concentre donc ses efforts sur les percées technologiques et l’autosuffisance », fait remarquer Yuan Zheng, ajoutant qu’il était peu probable que les relations sino-américaines s’améliorent de manière substantielle à court terme, malgré les échanges récents entre les hauts responsables des deux parties.

« Depuis quelque temps, les Etats-Unis ont placé des entreprises chinoises sur leur liste noire de contrôles à l’exportation en raison de l’implication présumée de ces dernières dans des affaires ou des objectifs militaires russes. Les Etats-Unis ont abusé du concept de sécurité nationale et des mesures de contrôle des exportations, imposé au hasard des sanctions unilatérales et poursuivi une juridiction au bras long. Il s’agit d’une coercition économique typique et d’une volonté d’intimidation unilatérale », a critiqué jeudi He Yadong, un porte-parole du ministère chinois du Commerce (MOFCOM).

« La Chine et la Russie ont le droit de mener une coopération économique et commerciale normale, une telle coopération ne devrait pas faire l’objet d’ingérences ou de contraintes extérieures. Nous nous opposons fermement aux sanctions unilatérales illégales des Etats-Unis », a déclaré le même jour Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères (MAE), lors d’une conférence de presse régulière.

Rong Ying, un chercheur principal de l’Institut chinois d’études internationales, souligne que le comportement unilatéral et protectionniste des Etats-Unis a gravement nui à la stabilité et à la sécurité des chaînes industrielle et d’approvisionnement mondiales, affecté négativement la transition verte des pays en développement et enfreint l’économie de marché ainsi que les règles d’équité qu’ils ont toujours préconisées.

Selon lui, d’autres discussions sont nécessaires pour clarifier les « lignes rouges » et les limites de certains concepts. « Parmi elles, la question de Taiwan est la première ligne rouge à ne pas franchir dans les relations sino-américaines », rappelle-t-il.

« Alors que les relations sino-américaines ont montré des signes de stabilisation à la suite de la récente visite en Chine de Janet Yellen, la secrétaire au Trésor des Etats-Unis, il est à espérer que l’administration Biden s’abstiendra de prendre d’autres mesures unilatérales qui pourraient conduire à un renversement de cette tendance saine », explique Rong Ying.