Une économiste de la BAD salue les efforts de la Chine visant à soutenir la croissance

La Chine devrait maintenir une croissance stable cette année, assurant sa transition vers un développement de haute qualité caractérisé par des technologies vertes et un modèle de croissance plus équilibré, a déclaré mardi une économiste de la Banque asiatique de développement (BAD).

Akiko Terada-Hagiwara, cheffe de l'unité d'économie et de stratégie de la mission résidente de la BAD en Chine, a indiqué dans une interview exclusive avec China Daily que « les politiques fiscales et monétaires favorables et accommodantes du pays stimuleront les investissements pour maintenir la dynamique de croissance cette année ». En outre, le pays dispose encore d'une marge politique pour renforcer son soutien à la croissance économique si nécessaire, a-t-elle ajouté.

« Le gouvernement a annoncé des mesures de relance supplémentaires sur le plan budgétaire qui stimuleront à coup sûr les investissements, en particulier les investissements publics », a affirmé Mme Terada-Hagiwara, ajoutant que la politique monétaire devrait également être adaptée davantage à la politique budgétaire, stimulant ainsi la reprise économique du pays.

« Parallèlement, la croissance du pays cette année sera davantage soutenue par la consommation, à mesure que le marché du travail et les perspectives de revenus de la population s'améliorent », a-t-elle prédit.

L'économiste a toutefois souligné que la faiblesse du marché immobilier restait un problème et que si la reprise du secteur était plus lente que prévu, cela pourrait ébranler le sentiment et la confiance du marché, voire même provoquer des problèmes financiers.

En outre, les incertitudes liées à l'environnement extérieur, avec notamment une croissance économique plus lente que prévu dans les économies développées et dans les pays voisins de la Chine, pourraient également exercer une pression sur les perspectives économiques de la Chine cette année, a-t-elle ajouté.

Ses remarques interviennent sur fond de nouveaux signes d’une reprise économique régulière en Chine.

Les données du Bureau national des statistiques (BNS) ont montré que l'indice des directeurs d'achats (PMI) officiel du secteur manufacturier chinois avait augmenté à 50,8 en mars, contre 49,1 en février, entrant ainsi en territoire expansionniste pour la première fois depuis six mois.

La production industrielle du pays a augmenté de 7% sur un an au cours des deux premiers mois de l’année, contre une hausse de 6,8% en décembre. Les investissements en actifs fixes ont eux augmenté de 4,2% sur un an au cours de la même période, contre une croissance annuelle de 3% en 2023.

« Les données (économiques) récentes sont plutôt encourageantes. Nous constatons que la dynamique de croissance s'accélère », a noté Mme Terada-Hagiwara.

Concernant l'avenir, l’économiste a affirmé que la Chine était en passe de devenir un pays à revenu élevé et qu'elle ne tomberait probablement pas dans le piège du revenu intermédiaire si elle continue à poursuivre des réformes axées sur un développement de haute qualité comme c'est le cas actuellement.

« Je pense qu'il ne s'agit pas tant d'atteindre une croissance d'environ 5%. Il s'agit plutôt de résoudre des problèmes fondamentaux », a-t-elle souligné.

« Le marché immobilier est une chose. Mais il y a aussi des politiques pour faire face au vieillissement de la société et pour promouvoir la transition verte. Je suis vraiment convaincue que le pays pourra avancer avec tous ces programmes. »

Par exemple, le pays pourra passer du modèle de croissance axé sur l’investissement observé au cours des dernières décennies à un modèle axé sur l’innovation, et ce en stimulant les investissements dans les secteurs axés sur l’innovation et en allouant davantage de ressources à ces secteurs, notamment en canalisant davantage de crédit vers les entreprises les plus productives. Cela finira par accroître la productivité totale des facteurs - un indice important pour mesurer les avantages économiques - et soutiendra la croissance à long terme, a avancé l'économiste.

Avec une société vieillissante, le pays peut encourager la participation au marché du travail parmi les femmes ou les personnes qui ne font actuellement pas partie de la population active, ou encore relever l'âge de la retraite pour accroître la population active, a-t-elle ajouté.

Mme Terada-Hagiwara a noté que face à un contexte de sentiment d'investissement mondial morose, la Chine restait l'un des plus grands bénéficiaires d'investissements directs étrangers (IDE) au monde, avec une amélioration continue de la structure et de la qualité des flux d'IDE.

Dans le passé, les IDE se dirigeaient davantage vers des domaines tels que les industries légères et le textile, les entreprises multinationales recherchant une grande efficacité. Aujourd'hui, elles viennent s'approvisionner sur l'immense marché chinois, et les investissements étrangers affluent de plus en plus vers les produits de consommation et les nouvelles technologies, a-t-elle indiqué, ajoutant que le pays pourrait envisager d'élargir son ouverture aux secteurs des services afin de mieux utiliser les IDE.

En outre, elle a souligné que le rôle de la Chine dans les flux d'investissements à l'étranger devenait de plus en plus important, générant ainsi davantage de rendements pour le pays.